Une guerre ?
Résolument morale, Ika Rosira, la pétroleuse verbale de Gabonreview, part cette fois en guerre – comme dirait P.C. Akendengue – contre les «marchands de déserts», les «marchands de cauchemars» et contre les «rêves démoniaques, rêves d’Alouette, rêves de Jaguar, rêves de Phantom qui enfantent les brasiers», bref contre les rêves de ceux qui pensent qu’une guerre serait l’ultime solution.
Selon certains, le pays se dirige vers une guerre. Pour d’autres, la guerre semble inévitable : seules les armes, la force et la violence auront raison du système Bongo-PDG et de sa gangrène.
Devant notre incapacité notoire, en tant que peuple, à exiger plus de justice, plus de dignité humaine, plus de services publics, plus d’équité, plus de sécurité, certains ont décidé de prendre un raccourci, de conclure que pour lutter contre un système barbare, il faut l’être ou le devenir. Ce qui revient à dire que pour lutter contre la bêtise, il faut être ou devenir stupide au degré.
C’est en l’absence d’espoir, c’est après avoir retourné la question mille et une fois sans succès ; c’est après avoir trop subi, trop pris conscience de la misère et de la mainmise du système Bongo-PDG ; c’est après avoir épuisé toutes les solutions possibles et imaginables que certains en arrivent à avoir des réflexions extrémistes, à se sentir prêts à sacrifier leurs vies et celles de bien d’autres innocents ou pas, au nom de leur lutte contre le régime totalitaire et sournois qui méprise le peuple gabonais.
Mais en réalité, toutes les guerres sont absurdes, les plus grands génocides comme les plus petits, ceux dont on parle encore aujourd’hui, ceux qu’on tait ou qu’on ignore délibérément, sont tous nés de l’absurdité. La guerre est un non-sens, la guerre est une ineptie. Tous ces maudits conflits qui poussent des gens à croire qu’ils peuvent, doivent, sont dans l’obligation de disposer de la vie des gens, d’ôter la vie à autrui, de se prendre pour des dieux-tout-puissants, sont des aberrations.
Certains contre-argumenteront en citant tous ceux qui sont morts de la main de la police, tous ceux qui ont été violés par ceux qui portent l’uniforme (l’uniforme qui est censé protéger le peuple, assurer sa sécurité), tous ceux qui ont été privés de leur liberté de manière arbitraire, pour vous dire que face à tant d’injustices, la seule issue est la dissidence totale. Si encore le mot dissidence n’était pas synonyme de violence dans leurs têtes !
La guerre ne profite à personne ! Si ce n’est qu’elle enrichit l’industrie des armes, abrège la vie des innocents et donne naissance au pire de l’être humain, à sa cruauté, à sa monstruosité, à sa barbarie… La violence n’engendre ni la paix, ni la tranquillité, ni une meilleure économie, ni une meilleure gestion des ressources. Les pro guérillas parleront de toutes les guerres de libération, de toutes les guerres qui ont mené à la démocratisation. Ils vous persuaderont même que leur idée de la violence est l’unique réponse envisageable quand on a affaire à un régime qui gruge le peuple et l’appauvrit en toute hypocrisie.
Aucune cause ne mérite qu’on se suicide pour elle, qu’on tue pour elle, qu’on abîme pour elle, qu’on s’abîme pour elle. Au contraire, les causes ont besoin de personnes capables d’agir pour le bien de TOUS, capables de donner le meilleur d’eux-mêmes et nul ne peut donner le meilleur de lui-même, en se donnant la mort ou en se jetant en pâture aux lions.
Tous les Gabonais, même ceux qui ont pactisé avec le système assassin et menteur qui a confisqué notre pays ; tous les Gabonais, même ceux qui portent des œillères et des cache-oreilles, même ceux qui choisissent d’être neutres ; même ceux qui assourdissent leur humanité… méritent de vivre, d’assister au fait que quelque soit la durée de la nuit, le jour finit toujours par se lever, au fait que lorsqu’on a affaire à un système perfide. Il nous faut éparpiller la lucidité autour de nous, essaimer l’idée que lorsqu’on a affaire à un régime sournois et barbare, il nous faut dénoncer sans cesse ses malversations ; que lorsqu’on a affaire à des gens insensibles, machiavéliques et narcissiques, la seule option est d’informer, d’éduquer et de constituer une armée de libres penseurs, de philanthropes et de modèles de réussite.
On doit lutter contre la misère. On doit lutter contre l’infamie. On doit lutter contre les violences. On doit lutter contre l’absence de justice. On doit lutter pour ceux qui viennent, pour ceux qui subissent, pour ceux qui risquent de naître encore et de vivre encore et de mourir encore sous le joug du système Bongo-PDG. Il faut pour que Tous les gabonais, se rendent à l’évidence : Nous allons récupérer notre pays sans avoir de sang sur nos mains car nos armes sont subtilement aiguisées pour éveiller les consciences évanouies.
16 Commentaires
Bonjour à tous. Cette jeune femme sait écrire et a un indéniable sens de la formule, mais ses réflexions sont d’une affligeante naïveté. Personne, spontanément, n’aime la guerre, c’est une évidence. Personne, spontanément, ne voudrait perdre sa vie, c’est aussi une banalité. Cela dit, lorsque la vie des hommes est réduite au cauchemar par d’autres censés en améliorer les conditionss, la désobéissance s’impose. Pouvant conduire jusqu’à la guerre, elle s’est révélée le sacrifice de ceux qui revaient de libérer leur pays pour que la postérité ne subissent pas les mêmes injustices et bénéficient d’un meilleur destin. Ika Rosira me fait penser au prophétisme dont parlait Raymond Aron, et qui consiste à une double option. Ou bien on écoute la parole rassurante du prophète qui promet que demain sera mieux qu’aujourd’hui, même si l’attente du sauveur dure une éternité. C’est la vision absurde du communisme qui n’a toujours pas renversé le capitalisme responsable de tous les maux de l’humanité. Ou bien, on prône la révolution violente, quelqu’aléatoires qu’en soient les bénéfices. Ceux qui, sous prétexte d’humanisme et du caractère sacré de la vie, choisissent le prophétisme de type religieux, font le jeu des dictateurs. C’est le cas de Ika Rosira, trop attachée à la pseudo vie que le régime gabonais offre aux populations, et nullement disposée pour rien au monde à la perdre. Sans aller jusqu’à recommander la guerre au Gabon, il me semble que le changement réclamé à cors et à cris par les rhéteurs et habiles discoureurs de ce pays n’adviendra que si le peuple (et lui seul détient entre ses mains les clefs de sa libération, et non pas un hypothétique messie,ni la communauté internationale) décide de reprendre le pouvoir confisqué par le régime. Vu la détermination de celui-ci à se maintenir à tous prix, cela impliquera, nécessitera un minimum de violence. Les belles envolées rousseauistes parfumées au santal n’y changeront rien. Arrêtez de croire et de faire croire qu’on renverse une dictature brutale par la diplomatie ou l’usage de la raison. Fortuné NKONENE-BENHA
@ Nkonéné-Benha Fortuné
je partage parfaitement ton analyse , Ika Rosira ne vit pas le quotidien des gabonais(es) !
Merci pour cet article qui nous rappelle tous que la guerre est le moyen le plus absurde pour arriver au changement.
Le combat d’idées est la seule voie à suivre afin d’y parvenir et ceux qui prennent la violence devront être combattus avec la plus haute énergie.
Il y a quelque j étais en Centrafrique et je pense que vous n’aimeriez pas voir ce qui s’y passe. Au nom du changement par les armes, ce pays est devenu un repaire de bandits ou chacun veut contrôler une partie du territoire et racketter à tout ça.
faisons attention à nous, à l avenir de nos enfants, a l avenir de notre pays.
Le changement, nous le voulons mais si c est par la voie des armes de guerre alors je dis NON NON NON!
On ne part pas en conflit pour débarrasser un pays d’un régime autoritaire qui détruit tout sur son passage en négligeant des options.
La guerre fait parti de la nature humaine. Elle fait sont apparition lorsque certaines conditions sont réunies. Très peu de personnes aiment la guerre, mais parfois c’est le moyen ultime qui reste si on veut se défaire d’une oppression qui chaque jour s’endurcit. Parler de débat d’idées quand on vous écrase arbitrairement par la force est absurde. Ou on accepete la soumission des longues années durant en espérant une intervention divine pour être libéré, ou on se bat pour espérer changer le destin que l’oppresseur a tracé pour vous. Dans les deux cas on assistera à l’horreur!
Suivant une logique bâtarde selon laquelle « la vie n’est rien mais rien ne vaut la vie », aux antipodes de la supériorité de l’idéal sur l’empirique et de la leçon du christianisme. Bien sûr qu’il ne faut guère souhaiter la guerre, et c’est une évidence comme le rappelle Fortuné Nkonene Benha. Nul ne va trouver la guerre, elle vient à nous au moment où la compression a atteint ses limites. La question est parfois de savoir à quelles conditions la vie mérite-t-elle d’être vécue? Nous avons une manière à nous de sacraliser la vie – et elle est sans doute sacrée – mais elle l’est d’autant plus qu’elle sert à mettre en oeuvre des idéaux. Les valeurs sont supérieures à la vie et, d’une certaine manière, c’est ce que nous enseignent les tragédies (en littérature). On peut reprendre nos lectures de jeunesse, Racine et le code d’honneur dans toutes ses tragédies (Phèdre, Andromaque…). Mais on peut aussi reprendre à notre compte les combats d’illustres disparus comme Mbombe, Emane Ntole, Nyonda Mackita, Wongo qui ont fait le choix de se battre pour des valeurs , notamment de la souveraineté territoriale et gouvernementale, au point d’y perdre leur vie. Dans le christianisme, les choses sont encore plus claires. « Qui veut sauver sa vie la perdra », c’est pourquoi il ne faut pas s’attacher aux biens de la terre, aux sentiers de misères alors qu’il y a auprès de Dieu un palais de bonheur, selon la raison chrétienne. D’où que Jésus devint le premier révolutionnaire de notre ère. Dans cette affaire, il ne faut pas avoir des positions dogmatiques. On pourra verser des lignes pour attester ou contester telle ou telle logique, mais même après ce Régime, il faudra toujours se situer moralement, intellectuellement et spirituellement par rapport à la dichotomie « valeur » versus « vie » et pouvoir établir l’égalité entre la valeur et la vie. Si la vie n’est rien, c’est parce que c’est la valeur qui fonde la vie. Ainsi « le grain qui meurt apporte le fruit » selon la logique chrétienne et « pour parvenir au droit il faut un moment de non droit », selon Kant validant l’expérience de la Révolution Française. Bref, merci Rosira, merci Fortuné… Tout est bien qui est engendré par l’Idéal, vit pour l’Idéal et meurt pour l’Idéal. Notre société se meurt parce qu’elle a perdu le sens de l’Idéal…
@ Noël B BOUNDZANGA,
Merci pour ta perspicacité , ta plume est le violon de Mozart !
J’attends ton analyse sur « les grandes dates du GABON » ,merci encore pour ce recadrage!
Mlle Ika, votre vision du moment est respectable, voire pleine d’humanisme… ce serait, comment dire « un monde parfait » ou « angélique ». Mais, j’ai une question à vous poser: Dites-moi, depuis que vous ouvert vos yeux sur l’histoire de notre Humanité, avez-vous vu l’oppresseur s’en aller sans faire couler le sang des innocents?
Par contre je voudrai que vous réfléchissez sur cette phrase: « Du chao né l’ordre ». Peut-être qu’après vous aurez une autre perspective sur la situation dans laquelle le Gabon se trouve.
J’ai dit.
Mourir pour sa patrie, intérêt supérieur du pays, sacrifice pour l’amélioration des conditions de vies des générations futures; tout cela te dépasse? Dis simplement « oui », au lieu de s’enfoncer dans l’hypocrisie pacifiste. Pour ensuite aller quémander des miettes de pain chez le prince, après des danses obscènes pour le parti au pouvoir.
Il y a une chique qui me mange la chair depuis des décennies, j’ai beau prier Dieu pour m’en débarrasser, Il est resté sourd. J’ai beau mettre de la pommade pour la chasser, au contraire cela la ravit. Aucun voisin ne veut m’aider, car ce sont mes propres affaires. Alors s’il faille que je prenne une lame une épingle ou n’importe quoi d’autre, je vais le faire, mais je dois prendre mes responsabilités et accepter de déchirer ma propre chaire, et extirper la vermine. Je sais qu’ après je dormirai mieux.
Qui veut la paix prépare la guerre.
Donc si je comprends bien, on devrait s’asseoir et continuer à parler. Depuis que nous demandons le départ de la famille bongo-pdg par rapport à la précarité dans laquelle elle nous fait vivre, assimilant la vie des gabonais à celle d’un chien( même la vie du chien à plus de valeur que la notre) par les crimes rituels et autre, on attend? Quand on va débuter la désobéissance civile, le système va t il applaudir? s’en aller? Si même pour le critiquer cela vous vaut des privations de libertés assortis d’humiliation (bastonnade, sodomie….), vous pensez sérieusement qu’ils vont s’en aller? en 2009, l’élection du roi à été contesté surtout à POG, résultat que des brimades et des morts au sein de la population par l’armée aux ordres. Que pensez-vous que le roi fera quand les résultats seront à nouveau contesté? je vais vous le dire: il va encore tuer.
Eh ben, ne nous battons pas pour notre liberté, restons à en discuter et attendre que ce soi les voisins qui viennent nous délivrer. De ce que vous dites, moi je n’aurais donc qu’une chose à vous dire: Fermez tous vos gueules dès à présent, ne vous plaignez plus de la dégradation à grande vitesse des conditions de vies, de la banalisation de la vie (crimes rituels….) des brimades orchestrées à tout vents.
Edgar MOUELE
Chère Ika,
Si Ali Bongo vous lisait ce matin il serait bienheureux de vous féliciter. Pour faire la guerre il faut au moins être deux. En ce sens ne vous faites pas d’illusions le camp d’en face s’y prépare depuis fort longtemps car il veut préserver ses avantages. Insidieusement il menace à chaque tentative de rassemblement de l’opposition en faisant planer la menace de mort sur les participants. Pourquoi ? Qui a les armes? Et puis qui parle de guerre? Que je sache le peuple Burkinabé n’a fait la guerre à personne. Il est juste question de refuser l’insupportable que nous subissons. Pour la discussion il faut encore être au moins deux. Le camp d’en face y est réfractaire toujours pour les mêmes raisons (la préservation des intérêts). La guerre a beau être absurde que fait-on si on nous l’impose? Et puis la guerre est multiforme. Le pouvoir actuelle nous a déclaré la guerre depuis longtemps et les victimes se comptent par millier. Elles se trouvent dans chacune des familles gabonaises même si ce n’est pas de façon directe. Imaginons que les fédérés n’aient pas fait la guerre aux sudistes. Imaginons les Américains ne pas rentrer en guerre contre les Allemands. Imaginons le Peuple français ne pas faire la révolution de 1789. Imaginons l’Algérie ne pas faire la guerre pour son indépendance. Imaginons, imaginons, imaginons. Tout le monde nous parle de La Déclaration des Droits de l’Homme. Combien de morts pour arriver à çà? Ne soyons pas un peuple qui ne profite que des avancés ou des souffrances des autres. Personne ne cherche la guerre à tout prix. Parfois il faut se défendre, se libérer. S’il faut pour cela passer par la perte de vies humaines alors nous sommes prêts. C’est le prix à payer pour une vie meilleure demain.
Bonne journée.
A lire les commentaires je me rends compte que beaucoup voire la majorité est prête mourir pour des lendemain meilleurs, et en découdre enfin avec le système actuel pour plus d’équité, de justice, etc. J’ai hâte de voir la suite…
A tous ces qui aiment la guerre. Partez vite d’ici faire la guerre. Il y a des guerres partout dans le monde: Centrafrique, Nord Cameroun, Mali, Lybie, Soudan, Irak, Syrie…vous aurez l’embarras du choix. La guerre c’est l’enfer sur la terre. Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
Ika ,
Nous ne sommes pas en guerre …car pour cela il faut etre deux …
Au Gabon nous assitons A une extermination lente des valeurs et des reperes .
Jusqu’a present celui qui tire sur l’autre au Gabon c’est qui ?
Jusqu’a present celui qui utilise des de bombes lacrimo c’est qui?
Jusqu’a present celui qui torture , sodomise et qui emploi toutes sortes de pratiques offensives c’est qui ?
nous finiront par franchir la ligne rouge …car lorsque un HOMME est dans ces dernieres tranchees …la reaction pour sauver sa vie et celle de ses enfants est imprevisible….
Ojuku et les sbires jouent avec le feux …
Que nous reste-t-il?
Nous avons voté par cinq fois et au moins quatre fois nous en sommes tous certain que la loi n’a pas été dite…
Que nous-reste-t-il? que nous reste-t-il à par le désespoir qui peut nous conduire au suicide?
Quand à se suicider ne vaut-il pas mieux essayer une dernière fois de faire changer les choses afin que notre suicide ait un sens?