Dans une déclaration lundi à Libreville, Daniel Mengara, candidat déclaré à la présidentielle de 2025, a dénoncé le fait que la transition politique au Gabon, qui devait se focaliser sur des réformes institutionnelles et la préparation d’élections démocratiques, semble s’être détournée de ses objectifs initiaux. L’ex-opposant en exil émet des doutes quant à la légitimité et à l’orientation de cette période transitoire. 

Daniel Mengara (debout) lors de sa déclaration, le 26 août 2024 à Libreville. © D.R.

 

La transition au Gabon avait pour but principal la réforme des institutions et l’organisation d’élections libres et transparentes. Cependant, ces priorités semblent avoir été éclipsées par des projets d’infrastructure controversés, tels que la construction de « Libreville 2 » et d’un nouvel aéroport. Bien que ces projets puissent offrir des bénéfices à long terme, ils apparaissent déplacés dans le contexte d’une transition censée préparer le terrain pour une gouvernance démocratique stable.

Dans sa déclaration de candidature à la présidentielle de 2025, Daniel Mengara critique sévèrement cette dérive des objectifs. Il la qualifie de manœuvre visant à prolonger le pouvoir des dirigeants actuels. Mengara estime que la focalisation sur des projets d’infrastructure non essentiels détourne les ressources et l’attention des réformes institutionnelles nécessaires, fragilisant ainsi le processus démocratique et consolidant le pouvoir des actuels dirigeants.

Les implications de cette déviation sont préoccupantes. La crédibilité des réformes institutionnelles est affaiblie, et la préparation des élections, censée être le point culminant de la transition, risque d’être compromise. Les critiques suggèrent que ces projets d’infrastructure pourraient servir de prétexte pour prolonger la période transitoire, retardant ainsi le retour à un régime démocratique légitime.

La gestion des partis politiques : vers une uniformisation ?

Un autre aspect alarmant est la gestion des partis politiques durant cette transition. Des déclarations récentes laissent entendre que les partis pourraient être contraints de se retirer au profit d’une vision unique imposée par les autorités de transition. Mengara avertit que cette orientation, si elle se concrétise, pourrait étouffer le débat politique et réduire la diversité des opinions, essentielle pour une démocratie saine. De plus, les restrictions imposées aux manifestations et grèves fragilisent davantage la liberté d’expression.

Le candidat post transition dénonce également les violations de la Charte de la Transition, notamment l’absence d’élection pour désigner le président de la transition, comme prévu par l’article 35. Il critique également l’ignorance de l’article 38, qui permet aux civils et aux militaires de briguer la présidence. Selon lui, ces manquements révèlent une volonté de monopoliser le pouvoir au détriment des procédures démocratiques, établissant un précédent dangereux pour l’avenir politique du Gabon.

La quête de pouvoir : un obstacle à la gouvernance démocratique

L’ajout du titre de «président de la République» au chef de la transition, sans l’approbation d’un Parlement inexistant, est également un signe préoccupant. Mengara compare cette situation à celle de régimes autoritaires où la quête de titres et de pouvoir a souvent pris le pas sur la transparence et l’équité. Cette dérive pourrait indiquer une tendance vers le renforcement du pouvoir personnel plutôt que vers une véritable gouvernance démocratique.

Mengara critique également le Dialogue national inclusif, qui aurait pu être une occasion de traiter les défis du Gabon. Il estime que ce dialogue a été détourné pour exclure certains candidats en modifiant les critères d’éligibilité, plutôt que de se concentrer sur la répartition des pouvoirs et la réforme institutionnelle. Au lieu de renforcer la démocratie, ce dialogue pourrait consolider un autoritarisme naissant.

Selon Daniel Mengara, la transition gabonaise semble s’enliser dans des pratiques autoritaires et des projets non prioritaires, loin d’atteindre ses objectifs de réforme démocratique. «Les prochaines étapes seront cruciales pour déterminer si cette transition aboutira à des réformes durables ou si elle marquera un retour aux pratiques autocratiques du passé. Le peuple gabonais doit rester vigilant et exiger le respect des principes démocratiques pour éviter une consolidation du pouvoir au détriment des libertés et de la justice sociale», conclut-il.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Prince dit :

    Après une année de pouvoir le ctri n’a toujours pas mis en place les réformes des institutions promises, cher Docteur, vous avez raison à cet niveau il suffit de regarder ce qui est fait pour constater aisément que le ctri n’est pas venu pour les réformes mais plutôt pour maintenir la continuité du système Bongo PDG France Afrique ne pas le comprendre c’est faire preuve de naïveté

  2. Jean Jacques dit :

    Quelle restauration ?olingui et sa bande sont lá pour leurs intérêts et familles, sur le plan social olingui a fait quoi ?Le chômage il dit vous êtes nbreux,malgré ceux qui ont les diplômes. Comme 99% des chômeurs diplômés sont les enfants des pauvres, dans le groupe des chômeurs il n’ya pas des enfants des ministres, députés, sénateurs et présidents des institutions.

  3. Gayo dit :

    Vous déconnez. Vous vous êtes entendus avec Bilié Bi Nzé ou quoi? Vous êtes tous les deux contre les gabonais qui en ont marre de souffrir. C’est quoi la finalité de la démocratie? N’est-ce pas le développement. En vérité les gabonais veulent le développement avant la démocratie. Et je peux vous assurer que si on leur donne ce développement maintenant, la democratie et son dogme, malgré toutes ses vertues ne sera plus une priorité pour le peuple. On n’a même pas encore une véritable culture démocratique où le peuple voté objectivement. Après 56 ans à ne faire que la politique, vous voulez dire aux gabonais qu’ils doivent encore attendre 2 ans avant qu’on pense enfin infrastructures. Oligui c’est sa chance d’être l’auteur de ce coup d’état et de diriger cette transition. Il n’est pas obligé de continuer à laisser les gabonais dans la boue deux ans encore parce que cela vous désavantage en tant qu’adversaire. Le bien être des gabonais ne passent pas avant vos ambitions politiques. Vous êtes juste jaloux de Oligui. C’est lui qui an mis fin à ce régime, il n’a pas à laisser les infrastructures de côté pour vous faire d’abord que la politique. Libreville 2, ne commencera pas avant la fin de la transition. Nous avons compris que comme les Bongo vous voulez venir mettre la politique politicienne au premier plan et sacrifier les infrastructures.

    • Do dit :

      Merci! Je n’aurais pas mieux dit!

    • Yann Lévy Boussougou-Bouassa dit :

      Les propos de Daniel Mengara sont intelligibles. Mais, je suis davantage convaincu par les vôtres. Surtout qu’à notre époque, la légitimité d’un gouvernement tient également à ses succès sur le plan économique et social. Et quoique j’aie quelques réserves sur cette transition, le travail que les autorités réalisent (c’est grosso modo du bon travail, à mon avis) est tel que je suis curieux de savoir ce qu’il adviendra du pays si on donnait plus de temps au président de la transition. S’il est vrai que cela participe aussi de sa campagne avant l’heure, je ne lui en tiens pas rigueur. Le pays en avait besoin.

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