Surveillance des maladies virales : Les retombées du projet Symav selon le Pr Ayola Akim Adegnika
A quelques jours de la fin du Projet d’établissement d’un système de surveillance en laboratoire des maladies virales représentant un problème de santé publique (Symav), logé au Centre de recherches médicales de Lambaréné (Cermel) et financé par le Japon, le directeur du Cermel, le Pr Ayola Akim Adegnika, revient dans cette interview sur les bénéfices tirés de ce projet par la partie gabonaise.
Quelle est la vocation du projet Symav ?
Le projet Symav que le Cermel a la lourde responsabilité de conduire avec les partenaires japonais, c’est-à-dire la Jica, avec le concours du ministère de l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique de notre pays, est un projet qui a pour objectif principal de mettre en place un système de surveillance des infections virales. Il y a beaucoup des maladies dans notre circonscription dont on n’a pas souvent connaissance et dont on commence à se plaindre lorsqu’il y a émergence. Le projet Symav nous permet de mettre en évidence ces virus, les surveiller de manière appropriée et de mettre les données à disposition du ministère de la Santé afin de prévenir les épidémies.
Quel est le bilan global de ce projet ?
C’est une collaboration attendue qui a contribué énormément à répondre aux attentes de notre système de santé. Le dernier exemple que nous pouvons prendre est celui sur le Covid-19. Au-début de la pandémie, ce laboratoire a permis de suppléer aux activités de diagnostic du Sars-CoV-2, pas seulement dans le Moyen-Ogooué, mais au niveau national. A la suite de cela, avec le séquençage, l’expertise de nos collègues japonais a permis de pouvoir mettre en évidence les différents variants de Sars-CoV-2 qui circulent dans notre pays.
En tant que responsable de la structure, je ne peux que me réjouir qu’elle ait pu servir de pilier pour la lutte contre les maladies virales comme le Covid-19. Pour l’instant c’est notre grande victoire mais il y a d’autres maladies sur lesquelles nous travaillons aussi. Notamment la Dingue, le Chikungunya et la fièvre jaune. Désormais on pourra facilement alerter les autorités sanitaires de notre pays en cas d’un problème épidémique, grâce à cette expertise.
Combien des chercheurs gabonais ont été formés pour reprendre la main ?
Je n’ai pas le nombre exact en tête mais il y a beaucoup qui sont partis au Japon se former et sont revenus. D’une certaine manière, un transfert de technologies est effectif. La preuve c’est que les activités de diagnostic de Sars-CoV-2 ont été menées de bout en bout par les Gabonais formés par les Japonais. Et pour le séquençage, ce sont eux qui travaillent dessus. C’est une capacité qui n’a pas de prix. D’autre part, il y a certains qui sont en train de préparer leurs thèses actuellement dans le cadre de ce programme de formation au Japon. Nous souhaitons que ce projet puisse se poursuivre afin que le nombre d’étudiants formés augmente et que ces étudiants à terme, fassent valoir leurs compétences même dans d’autres structures au niveau national. Une façon d’étendre le Cermel au-delà du Moyen-Ogooué.
Quels sont les éléments tangibles de ce transfert de technologies ?
Le transfert de technologies en général, c’est la capacité dont vous n’avez pas et que vous allez solliciter chez les autres. En général quand vous envoyez des gens en formation, beaucoup restent. Ça devient victorieux lorsque les gens qui vont se faire former à l’extérieur, reviennent mettre en œuvre cette formation localement et transmettent cette expertise à ceux qui n’ont pas voyagé. C’est ce mécanisme que nous avons mis en place ici au Cermel. Ceux qui sont partis au Japon ont appris des technologies, ils sont revenus avec les japonais et ont continué de travailler localement. Ils transmettent leurs connaissances aux autres qui n’ont pas effectué le déplacement. Aujourd’hui, notre capacité en termes d’expertise dans ce domaine est énorme. De 3 personnes capables de travailler avec les virus, nous sommes aujourd’hui à environ une vingtaine capable de faire des diagnostics sans se contaminer, dans les normes requises sur le plan international.
Le Japon restera-t-il aux côtés du Gabon pour assurer un bel avenir à ce laboratoire ?
Le projet s’achève en ce mois de février mais vu son succès, nous travaillons déjà ensemble pour mobiliser d’autres financements japonais. Mais nous aussi, en tant que chercheurs, nous cherchons d’autres financements pour pouvoir entretenir cette structure pour garantir sa survie et son fonctionnement optimal. Nous avons l’obligation de tenir ce pari, un bel engagement au profit de la population et de la santé publique.
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