Dans une lettre à la présidente du Conseil des ministres du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) le 27 mai, les enseignants-chercheurs et chercheurs du Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, Niger, Togo et Tchad, annoncent leur rejet de l’avant-projet du Guide d’évaluation 2022-2027. Initiée par le secrétaire général du Cames, la réforme vise, selon ces universitaires, plus à tuer la recherche au sein de cet espace qu’à en susciter l’émulation. Bien que n’ayant pas signé la lettre, des enseignants-chercheurs et chercheurs gabonais approuvent la démarche de leurs collègues.

Pour Bertrand Mbatchi, SG du Cames, la réforme mettra l’institution au diapason des pratiques actuelles d’évaluation. © D.R.

 

Pour évaluer les enseignants-chercheurs et chercheurs de son espace, le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) a initié un avant-projet d’un Guide d’évaluation. Le secrétaire général du Cames, Bertrand Mbatchi, indiquait qu’il renforce des paramètres d’analyse et facteurs d’appréciation, pour mettre l’institution au diapason des pratiques actuelles d’évaluation des enseignants-chercheurs et chercheurs à l’international et répondre efficacement aux attentes de la société dans les pays membres et au-delà. Elle intègrerait en ce sens, des pratiques en matière d’évaluation des carrières des enseignants et chercheurs au Canada, France, Nigeria, Ghana, Belgique, Tunisie, Maroc, en prenant en compte les critiques formulées sur le Guide actuellement en vigueur et qui douteraient du potentiel de certains des promus sur le terrain de l’action.

Une démarche que rejettent les enseignants-chercheurs et chercheurs. «Les mesures préconisées sont, de manière générale, plus de nature à tuer la recherche au sein de l’espace CAMES, qu’à en susciter l’émulation», ont-ils estimé dans une lettre adressée le 27 mai, à la présidente du Conseil des ministres du Cames. Alors que la réforme implique la suppression de certains diplômes (doctorat unique, doctorat d’ingénieur et doctorat de 3e cycle), ils dénoncent une injustice remettant en cause les droits d’accès au grade de MA ou CC que conféraient ces diplômes délivrés aussi bien par des pays du Cames que par la France. S’agissant de l’Habilitation à diriger des recherches (HDR), les enseignants-chercheurs et chercheurs signalent une incongruité et une méconnaissance notoire par le Cames des textes qui le régissent. Entre autres évoquent-ils, le rehaussement du nombre de publications et fiches techniques exigé pour l’inscription sur les différentes listes d’aptitude, le durcissement des critères tenant aux revues scientifiques, l’augmentation du nombre de mémoires et de thèses encadrés, avec à la clé, des moyens à la recherche limités.

Pour eux, il est certes louable d’exiger et de rendre service à la communauté universitaire «mais il est excessif d’en faire une condition pour l’accès à tous les grades». Les signataires de la lettre d’objection exigent que la réforme engagée soit suspendue jusqu’à ce que qu’une évaluation inclusive et objective intervienne pour déterminer son opportunité et mettent en garde leurs gouvernements et le Cames contre l’adoption prématurée de cet avant-projet. «Ce projet est ridicule, il connote une intelligence marginale tendant à freiner et saboter des carrières», a commenté un enseignant-chercheur gabonais. Inscrit sur la liste d’aptitude, il devrait encore postuler pour sa titularisation. «Le Cames demande 5 articles pour devenir maître de conférence, au Gabon on nous exigeait 12 articles. J’avais mis 8 articles et 6 livres. Un livre comptant pour 2 articles. Combien des gabonais ont été retardés et recalés pour cette fausse exigence», a-t-il commenté. La réforme devrait prendre effet en 2022 après validation par le Conseil des ministres et s’appliquer jusqu’en 2027, le Plan stratégique de développement du Cames prévoyant une révision tous les 5 ans.

 
GR
 

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