Redevance ordures ménagères : 22 milliards de FCFA récoltés depuis 2019 pour peu de résultat
Alors même qu’aucune véritable amélioration n’est visible sur le terrain, au point que les militaires ont récemment été appelés à la rescousse pour débarrasser Libreville de ses immondices, l’on apprend que ces trois dernières années au moins 22 milliards de FCFA ont été récoltés dans le cadre de la Redevance sur les ordures ménagères. En 2022, cette taxe devrait rapporter 7,2 milliards au Trésor public.
La semaine dernière, le ministère de la Défense nationale a annoncé dans un communiqué la mise à contribution de l’armée pour le ramassage des ordures ménagères à Libreville et dans les communes environnantes. Il s’agit d’une «opération d’intérêt général et salutaire», a justifié le 17 février sur le plateau de Gabon 1ère le général de brigade aérienne Félicien Koyi, secrétaire général adjoint dudit ministère. Comment en est-on arrivé là, au regard de la quantité d’argent récoltée pour la cause ? Les collectivités locales à qui incombe désormais la mission de salubrité ne disposent-elles pas encore de fonds pour remédier au phénomène d’insalubrité auxquelles elles sont confrontées ? Pourtant, à en croire Willy Ontsia, expert financier, en vigueur depuis 2019, la Redevance sur les ordures ménagères qui permet de financer le maintien de la propreté des localités a généré pas moins de 22 milliards de FCFA ces trois dernières années.
En effet, annoncé un an plus tôt, cette taxe pour le financement du ramassage des ordures ménagères, le balayage des rues et le curage des caniveaux, est prélevée sur les factures d’électricité sur toute l’étendue du territoire national. Son taux a été fixé à 7%, pour «toutes les personnes physiques ou morales disposant d’un contrat d’abonnement d’électricité». Le recouvrement et le contrôle de cette contribution sont assurés par la direction générale des Impôts (DGI).
Si trois ans après on se demande où va cet argent alors qu’aucun résultat probant n’est visible sur le terrain, chez nos confrères du journal Échos du Nord, l’expert financier ne manque pas d’ajouter au doute, affirmant qu’«en 2022, l’État gabonais prévoit de collecter 7,2 milliards de FCFA au titre de la seule redevance sur les ordures ménagères». Il s’agit, précise-t-il, de 1,5 milliard de FCFA pour les dépenses de biens et services et 5,7 milliards pour les dépenses d’investissements.
Un fait de «mal gouvernance» ?
Voyant d’un mauvais œil la mise à contribution des militaires qui, selon lui, «revient à encourager l’enrichissement illégal des civils en charge de la gestion des ordures ménagères», Willy Ontsia semble assurer qu’il n’existe aucun problème de disponibilité des fonds. Pour l’expert, le problème vient des gestionnaires.
«Les budgets collectés et les fonds alloués au ramassage des ordures ménagères et à l’amélioration du cadre de vie sont gérés par les directions de l’administration centrale, notamment celles du ministère de l’Intérieur, du Haut-commissariat à l’environnement et au cadre de vie ainsi que par les collectivités locales qui interagissent tous avec les opérateurs économiques spécialisés de la place telles que les sociétés Averda, Clean Africa, Agli, Sanivit, etc. Les fonds relatifs à la gestion des ordures ménagères circulent entre les donneurs d’ordres (administrateurs de crédits) et les sociétés adjudicataires des marchés publics y relatifs. Comme dans tous les secteurs, cette branche d’activité est gangrenée par la mal gouvernance, le système de surfacturation et de rétrocommissions qui nuisent à l’efficacité de cette mission», tranche-t-il.
1 Commentaire
22 milliards récoltés de la taxe de redevance sur les factures SEEG payées par les gabonais, pour collecte et ramassage des ordures ménagères au Gabon. Et qu’en ont fait de tout ce magot là ? ééeh Dieu GABON.🤔🤔