À 10 mois de la prochaine élection présidentielle au Gabon, l’horizon semble s’obscurcir pour les promoteurs de l’alternance au sommet de l’État, de même que pour la population qui aspire à vivre un autre type de gestion politique du pays. Absence de réforme du système électoral, caducité du bureau du Conseil gabonais des élections (CGE), autant de manquements qui, selon le politologue gabonais Jean-Delors Biyogue, ne garantissent pas des conditions de transparence et de vérité des urnes.

Absence de réforme du système électoral gabonais, caducité du bureau du Conseil gabonais des élections (CGE), autant de manquements qui, selon le politologue gabonais Jean-Delors Biyogue, ne garantissent pas des conditions de transparence et de vérité des urnes. © Gabonreview

 

Invité de l’émission «Droits et Libertés» du service international de diffusion de l’Allemagne, la «Deutsche Welle», le politologue gabonais Jean-Delors Biyogue a donné son avis sur la problématique de l’absence d’alternance au Gabon, après plus de cinq décennies de gestion par le système Bongo-PDG, de même que ses craintes sur la capacité d’Ali Bongo Ondimba et son équipe du Parti démocratique gabonais (PDG) qui l’accompagne à sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis plus de sept ans, si le Président actuel venait à conserver son poste en 2023.

«Le monde entier a assisté, en 2016, à cette espèce de hold-up à ciel ouvert et aujourd’hui, personne n’a aucun élément qui permet de dire que les conditions d’organisation des élections au Gabon se sont améliorées, puis que d’élection en élection, on annonce des réformes, mais en général tout se joue le jour du vote. Le fait qu’il n’y ait pas eu jusqu’à présent de réforme en ce qui concerne la composition de la commission du Conseil gabonais des élections, cette réforme qui aurait donné plus de places à l’opposition et peut-être à la société civile pour garantir une certaine transparence ; on n’a pas vu la révision du code électoral qui nous permet de sécuriser davantage les conditions d’acheminement des résultats des urnes, qui sont souvent transformés et changés lors des transferts du lieu de vote à la centralisation. Ce qui ne permet pas de présager une amélioration du point de vue organisationnel et d’ailleurs la société civile est en train de monter au créneau pour exiger des réformes et conditions qui ouvrent la porte à une alternance», a-t-il confié aux micros de Sandrine Blanchard.

Selon le politologue gabonais, le visage que présente le pays à quelques mois de l’élection présidentielle dont la date exacte relève encore du mystère est inédit dans l’histoire politique du Gabon. Jean-Delors Biyogue en veut pour preuve, l’absence de date officielle, absence d’activité et d’action autour de l’organisation, absence d’affirmation des partis politiques et désintérêts des populations… «Aujourd’hui, nous sommes dans un flou politique, car aucun parti politique ne s’affirme pour qu’on puisse voir les tendances des rapports de forces. C’est une première au Gabon, où on vit une période préélectorale où tout est complètement mis à plat et tout est à reconstruire, aussi bien au niveau du parti au pouvoir, où règne une guerre intergénérationnelle que dans l’opposition qui se cherche une nouvelle façon d’exister», a-t-il souligné.

Changement ou continuité : l’immense défi du futur président !

Aujourd’hui plus que jamais, il y a un pays à reconstruire et un peuple à sortir du sous-développement chronique. Cette prise de conscience est manifeste chez les différents acteurs de la société civile qui, d’une certaine manière, initie des actions et des propositions pour pouvoir offrir aux politiques de tous bords, l’opportunité de sortir le Gabon des élections controversées (…) et surtout des crises post-électorales aux conséquences catastrophiques. Entre Ali Bongo Ondimba et le candidat de l’opposition, l’un d’entre eux devra faire face aux challenges sans s’enliser dans des crises interminables au cours de son mandat présidentiel. La politique de sauvetage s’avère urgente compte tenu du contexte politique, social et économique. Les défis sont multiples et l’élu devra s’attaquer aux plus urgents.

«Il y a là la nécessité de sortir du statu quo qui a rendu le pays improductif pendant pratiquement plus de sept ans. Là, c’est une obligation pour cette personne qui viendra, s’il veut sortir le pays de la crise. Ça s’impose ! La crainte maintenant, c’est la capacité d’Ali Bongo Ondimba et son équipe du PDG qui l’accompagne a, justement se remettre en cause, si en 2023, il venait à prendre le pouvoir, parce que ce qu’ils n’ont pas pu faire depuis plus de cinq décennies, ce n’est pas demain, qu’ils vont réussir», a indiqué Jean-Delors Biyogue.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. messowomekewo dit :

    Dans ce pays , ceux qui sont au pouvoir s’ y maintiennent par la force, nous le savons tous, alors à quoi bon d’organiser les élections si les résultats des urnes ne sont pas ceux qui sont proclamés?
    Comme l’indique bien le titre de votre analyse, en réalité les gabonais veulent l’alternance, ils y sont prêts et ce depuis …1990, mais le pouvoir est confisqué par ceux qui pensent que le pays est leur propriété. Ils sont bien conscients de leur incapacité à gérer correctement les choses mais ils s’accrochent à cause des privilèges

  2. Jean jacques dit :

    Alternance?qui mettre?les memes qui ont pille le Gabon?ce fou ABC il etait au gvnm il a fait quoi? Nzouba paulette?ping?NON ET NON.QUI METTRE?

  3. NGUEMA ELLA Justin dit :

    La société civile gabonaise, dynamique, consciente et soucieuse de l’intérêt du pays,doit encore plus s’impliquer et prendre ses responsabilités. La classe politique actuelle a totalement montré son indigence,son irresponsabilité et son incapacité à diriger notre pays. Elle doit dégager ou être dégagée. Il faut un homme neuf à la tête de notre pays, un homme qui ne s’est point corrompu ou compromis dans la gestion calamiteuse de notre beau pays que le système Bongo-PDG a détruit.Il faut reconstruire notre pays !

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