Pr Bruno Eto : «Le Dr Pyebi a découvert la Fagaricine parce que je l’ai créée»
D’abord connue comme traitement contre le Sida, la Fagaricine serait aujourd’hui également efficace contre la Covid-19 puisqu’étant un immuno-reconstituant. Récemment remis sous les projecteurs de l’actualité à Libreville par le Dr Pierre Pyebi-Oyoubi, le produit souffre cependant d’un problème de paternité. Si, à ce sujet, Gabonreview notait récemment qu’«il n’y a pas d’arnaque à la camerounaise», dans cet entretien, le Pr Bruno Eto qui se positionne comme le créateur du produit, revient sur quelques zones d’ombre, accablant quelque peu son homologue gabonais, qui selon lui, n’a pas le droit d’exploiter les labels Fagaricine, F 532 ni les formules chimiques protégées par l’OAPI en France.
Gabonreview : On a connu la Fagaracine dans le traitement du Sida. A-t-elle fait toutes ses preuves en ce domaine ? Pourquoi la réorienter aujourd’hui vers la Covid-19 ?
Bruno Eto : La Fagaricine est un immuno-reconstituant. Les opérations que nous avons dans le monde entier, montrent que c’est le seul produit au monde, vendu en pharmacie, qui renforce l’immunité défaillante que ça soit pour le VIH, la grippe et autres maladie cancéreuses. C’est un produit très efficace pour le traitement de toutes les maladies qui entraînent une diminution des défenses immunitaires. La Fagaricine a montré ses preuves sur les gens qui ont le VIH. On a montré qu’en renforçant l’immunité avec la Fagaricine, on n’avait pas les gens qui meurent. Donc on demande aux gens qui ont une immunité faible, qui prennent des antirétroviraux de prendre la Fagaricine parce qu’elle augmente l’immunité. On a eu des cas très efficaces avec le VIH, tout comme avec les cancéreux soumis à des chimio. Donc, quelques soit la maladie, si elle diminue l’immunité, on peut l’utiliser en tant que complément thérapeutique. C’est-à-dire en complémentarité du traitement. Sur le Covid-19, il a été prouvé que l’immunité diminue chez les personnes ayant plus de 50 ans. Mais lorsqu’on réveille les défenses immunitaires, ces personnes résistent plus. La majorité des gens qui achètent la Fagaricine sont d’ailleurs des personnes d’un certain âge qui veulent renforcer leur immunité. On arrive à voir des personnes de 80/90ans qui se remettent sur pieds grâce à la Fagaricine. C’est vraiment le médicament du futur car il booste l’immunité. L’immunité c’est l’essence même de l’être humain.
Avec le Covid-Organics des malgaches, nous savons que l’Artémésia est la plante de base. Quelle est la plante essentielle de la Fagaricine ?
C’est la Fagara Hertzii, une plante qu’on trouve dans toute l’Afrique équatoriale : au Gabon, au Cameroun, en Guinée, au Congo et en RDC. Dans chaque pays, il y a un nom populaire qui lui est attribué mais c’est une seule variété qu’on utilise : le Hertzii. Il y a d’autres Fagara qui n’ont pas les mêmes propriétés et les plantes qu’on utilise ne poussent pas dans toutes les régions. Celles qui poussent au bord des rivières, par exemple, ne sont pas assez efficaces. Le principe actif est très diminué par rapport à ce qui pousse sur les montagnes, sur les collines, là où il y a beaucoup de soleil. Les compositions changent en fonction des endroits où ça pousse et la concentration des principes actifs varie selon les saisons.
Le mot Fagaricine au Gabon est associé à deux autres personnes. Les Dr Alphonse Louma et Pierre Pyebi-Oyoubi. Les connaissez-vous ?
Je les connais. Ils ont travaillé avec moi car je travaille avec beaucoup d’équipes. Dr Louma et Dr Pyebi étaient chargés de faire des tests cliniques au Gabon, financés. Avant de les mettre sur le brevet, ils ont suivi une cession d’antériorité. Une exigence du cabinet juridique. Le principe est que des personnes travaillent ensemble, mais la reconnaissance juridique appartient à une personne. J’ai 24 brevets et toutes les personnes qui travaillent avec moi suivent d’abord cette cession d’antériorité. Ça été institué pour éviter tout ce qu’il y a comme guerre. Quand quelqu’un présente une demande PCT, ce n’est pas un brevet. C’est plutôt un accord pour permettre à quelqu’un qui dépose un brevet dans un pays, d’avoir pendant 3 ans par exemple, l’antériorité dans tous les pays qui ont signé.
Autrement dit…
En 2003, Dr Pyebi a déposé une demande PCT qui n’est pas un brevet. Et comme le brevet PCT n’existe pas, on ne peut pas se réclamer de la paternité d’un brevet de PCT. Aussi, il existe une différence entre une invention et une découverte. La découverte on ne peut pas la breveter parce que ça appartient à l’humanité. Si vous prenez une feuille de Fagara et vous faites un médicament, vous ne pouvez pas avoir un brevet dessus. Pour qu’on vous donne un brevet, il faut monter une activité inventive. Quand vous voyez le brevet il n’y a ni Fagaracine ni Fagara. Le dépôt de brevet est à part et les marques déposées sont à part. La Fagaricine 532 n’existe pas. Il y a un nom de Fagaricine qui a été déposé à part et la F 532, déposée à part. Pour la F 532, on avait montré qu’il y avait 32 pics dont 5 pics majeurs. Pour qu’on ne se trompe pas au laboratoire, on a donné le nom F 532. C’est-à-dire, Fagara 5 grands pics et 32 petits pics. Et le nom de Fagaricine a été donné par une de mes étudiantes (Martine), qui soutenait son mémoire en Génie biologique. Comme le produit avait des propriétés antibiotiques, elle l’a appelé Fagaricine et on a gardé ce nom. Donc il y a deux noms différents. La Fagaricine 532 n’existe pas. Soit c’est la Fagaricine, soit c’est la F 532. La Fagaricine c’est le nom international et le F 532 c’est le nom commercial. Les choses sont légales. Il ne faut pas qu’il y ait confusion.
Vous auriez le brevet, mais le Dr Pyebi qui se déclare découvreur de la Fagaricine, vous aurait mandaté, en 2003 en France, pour déposer le brevet devant protéger sa découverte.
Il a raison. Il a découvert la Fagaricine parce que je l’ai créée. S’il se réclame de la paternité je ne peux pas dire non. Mais l’invention précède la reconnaissance. Les gens parlent de la Fagaricine, ça n’existait pas avant. Le Dr Pyebi a découvert la Fagaricine parce que je l’ai créée. Quand vous regardez sur le brevet, le mandataire ce n’est pas moi mais un cabinet juridique. On ne peut pas me confier quelque chose alors que dans le brevet c’est le cabinet. On ne m’a rien confié, c’est faux. Ils ont signé des cessions d’antériorité, les choses sont claires là-dessus.
En juillet 2008 il porte plainte contre vous pour détournement de propriété, escroquerie, menaces de mort …
Je sais que ça été dit mais c’est une diffamation. Je ne l’ai pas poursuivi parce que c’est bien quand on parle de vous. Si vous portez plainte, vous avez quand même des documents. Je n’ai jamais été condamné nulle part dans le monde. Que ce soit en faveur de Pyebi ou en ma faveur, peut-on quand même vous montrer le jugement ?
Et pour la petite histoire, je suis Gabonais de mère et Camerounais de père. Je défends le Gabon en matière de science au niveau international et ma grande famille est en Guinée-Equatoriale où j’ai également des racines. Je suis de l’Afrique centrale et je ne vois pas pourquoi on devrait mener une guerre entre nous.
Le Dr Pyebi assure que vous avez le droit d’exploiter le brevet tout comme lui…
Non. Il n’a pas le droit d’exploiter le brevet. Il a le droit de faire tout ce qu’il veut mais les noms et tout m’appartiennent. Il y a des avocats qui s’en occupent. S’il me demande l’autorisation, je la lui donne. A travers le monde, il y a des personnes qui vendent le produit en mon nom et ils mettent leurs étiquettes j’accepte. Il y a une loi internationale, ce n’est pas lui qui la fait. Il n’a pas le droit de prendre le nom Fagaricine ou F 532. A la limite, il peut modifier le brevet et faire ce qu’il veut. Mais il prend mes autorisations, il prend ce qui est dans mon site, ma propriété intellectuelle, sans mon autorisation. Mes avocats sont en train de rassembler les preuves. Il peut quand-même me demander, qu’il fasse une demande écrite. Ce qu’il fait est un préjudice énorme pour la société. Les gens me demandent des licences je les leur donne. Si on me demande des licences au Gabon, si l’État gabonais me les demande, je leur donnerai même gratuitement. Pourquoi aller faire du faux alors qu’on peut faire les choses d’une façon claire. Il n’a aucun droit d’utiliser ni le nom Fagaricine ni le nom F 532 parce que c’est protégé à l’OAPI en France. Il a le droit de mettre le nom qu’il veut, mais pas d’utiliser des choses qui sont protégées au niveau international.
Faut-il s’attendre à un procès contre le Dr Pyebi ?
Non. C’est un petit-frère. La seule chose que je vais faire c’est de saisir la justice pour qu’il n’utilise pas mes noms. La Fagaricine est une marque protégée tout comme le F 532. Qu’il n’utilise pas mes formules qui sont protégées et pour lesquelles je paie des indemnités chaque année. Je ne vais pas l’envoyer en prison. Un homme doit être discipliné. Il en va de l’honneur de l’Afrique. S’il veut la licence au Gabon où ce n’est pas exploité, je peux la lui donner gratuitement. Je n’ai aucun problème avec Pyebi. Ce qui importe maintenant, c’est soigner les gens. Il n’y a pas de bagarres personnelles mais des droits à respecter.
Interview réalisée au téléphone par Alix-Ida Mussavu
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4 Commentaires
Pour l’équilibre de l’information, nous attendons la réaction du Pr Pyebi sur le même site. Nous savons qu’il ne saurait en être autrement.
Un précédent article sur le sujet a pourtant été rédigé sur la base des différentes versions du Dr Pyebi depuis 2008. l’article en question indique bien qu’il a été joint au téléphone. Son échange avec Gabonreview confortait les thèses dudit article sur lequel Bruno Eto entendait apporter les réponses et précisions ci-dessus. En tout cas, la rédaction est ouverte à toute éventualité. Merci de continuer à nous suivre. Voici l’article antécédent dont il est question :
https://www.gabonreview.com/fagaricine-il-ny-a-pas-darnaque-a-la-camerounaise/
Oui effectivement. MEA CULPA
Cet article a des failless
1. Où est la version d’antérorité?
2. Essais cliniques au Gabon ? Quand et où ?
3. 32 pics dont 5 majeurs…et plus loin 32 petits pics et 5 grands, ce qui fait 37 pics.
4.Il faut refaire l’interview par un spécialiste des essais cliniques et un spécialiste du droit de la propriété intellectuelle.
5. Trop de zones d’ombre.
6. Où sont les publications scientifiques?
7. Il faut rechercher les informations complémentaires à la direction Direction du Médicament et de la Pharmacie.
8. Pas claire cette affaire