En décrétant le confinement du Grand Libreville, les autorités gabonaises ont autorisé l’ouverture des marchés aux jours habituels. La décision qui a été bien accueillie par les commerçants et consommateurs, a montré ses limites au deuxième jour du confinement. Les transports en commun étant interdits, pour s’y rendre c’est la croix et la bannière.

Populations en attente vaine d’un moyen de transport à la Gare-routière de Libreville. © Gabonreview

 

«La circulation est arrêtée. Comment faire pour se rendre au marché. Doit-on s’envoler et se transformer en oiseau pour se retrouver au marché ?», s’est exclamé Orthense. Habitante de Bizango, elle a eu du mal à gagner le Pk12 pour se procurer quelques vivres. Comme elle, plusieurs habitants du Grand Libreville ayant voulu se rendre au marché pour acheter quelques vivres, se sont heurtés au problème des transports.

Pour ainsi dire, en décrétant le confinement du Grand Libreville, le gouvernement a indiqué, entre autres mesures d’accompagnement, que «les marchés seront ouverts tous les jours. Les populations pourront s’y rendre pour s’approvisionner en vivres». Nombreux sont ceux qui se sont montrés satisfaits de cette nouvelle. Les commerçants de la filaire alimentation ont loué le fait qu’ils devaient continuer leurs activités, et les consommateurs ont pensé qu’ils pouvaient se ravitailler en vivres au moment nécessaire. Seulement, pour contraindre les gens à rester chez eux, le gouvernement a dans le même temps interdit le transport interurbain. Résultat : aucun véhicule dédié au transport en commun en dehors des véhicules réquisitionnés pour cette période ne circule. Bien souvent, les bus de Trans’Urb ne transportent que ceux qui peuvent disposer d’une autorisation de circuler ? Or, le citoyen lambda ne peut présenter ce document. Conséquence, pour se rendre au marché, commerçants et clients tirent le diable par la queue.

«Beaucoup de commerçantes n’habitent là où ils vendent. J’habite à Owendo, mais je vends le poisson au marché d’Oloumi. On n’a pas de laissez-passer et on n’a pas de voitures pour se rendre au marché. Alors on demande vraiment à la mairie de Libreville de penser à nous. Qu’on n’oublie personne», clame une commerçante racontant au passage son périlleux parcours. Commerçants et consommateurs se disent paralysés par les transports et à en croire leurs propos, «les conducteurs de Trans’Urb refusent d’embarquer les mamans qui ont leurs marchandises au motif que le bus ne peut transporter que les personnes».

Les bus de Trans’Urb (ici dans Nzeng-Ayong à Libreville) refusent d’embarquer les mamans ayant des marchandises. © Gabonreview

Ouverture des marchés sans transports : le paradoxe

Les transporteurs publics déployés sur le terrain en cette période de confinement ont-ils donc interdiction de transporter cette frange de la population qui pointe son nez dehors pour des motifs reconnus essentiels ? La question demeure et la situation actuelle met en exergue les limites de cette décision gouvernementale. «On se retrouve dans une situation où l’effet escompté est contraire car on a finalement des problèmes», commente Anatole, un clandoman sorti pour observer la situation le 3 avril. «Les gens s’accumulent et les mesures de distanciation ne sont plus respectées tout simplement parce qu’on a pensé que les gens pouvaient sortir pour leur marché, mais on n’a pas pensé que les transports devaient être présents pour les évacuer», traduit-il.

Pour lui, comme pour d’autres, le gouvernement devrait choisir les jours de marchés et mettre les transports durant ces journées, sinon fermer les marchés et tenir ses promesses vis-à-vis des populations afin qu’elles restent chez elles dans le strict respect du principe du confinement. «Il faut que le gouvernement corrige cette histoire parce que marché ouvert veut dire transport», commente pour sa part Donald qui a dû marcher du Pk6 au marché Banane.

 
GR
 

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