Diffusée sur Gabon 1ère à l’adresse des élèves des classes d’examen, l’émission « Apprendre à la maison » ne fait pas intervenir de traducteur en langue des signes pour les apprenants sourds et malentendants. L’Association nationale des devenus sourds du Gabon (Andes-Gabon) y voit une forme de discrimination, dont elle rend responsable le ministère de l’Éducation nationale.

Ne faisant pas intervenir un traducteur en langue des signes, l’émission « Apprendre à la maison » diffusée sur Gabon 1ère est jugée «discriminatoire» par l’ANDES-Gabon. © Capture d’écran/Gabon 1ère

 

Lancée quelque temps après la mesure de fermeture des établissements scolaires pour limiter la propagation du Covid-19, l’émission « Apprendre à la maison » diffusée sur Gabon 1ère et adressée particulièrement aux classes d’examen ne fait pas l’unanimité. Tout en la jugeant «louable», l’Association nationale des devenus sourds du Gabon (Andes-Gabon) y voit néanmoins une forme de discrimination dont elle rend responsable le ministère de l’Éducation nationale. La raison évoquée par Aristide Nze Essone : ce programme télévisuel ne fait pas intervenir un traducteur en langue des signes.

«De nombreux élèves n’ont pas accès à ces enseignements, parmi lesquels les déficients auditifs qui, depuis deux mois, sont laissés pour compte», regrette le président de l’Andes-Gabon, évoquant le cas de Luxia, élève en classe de troisième au lycée privé bilingue de l’Unité à Libreville. La jeune apprenante, malentendante, dit regarder ces cours à la télévision sans vraiment comprendre grand-chose, à cause de l’absence d’un interprète en langue des signes.

Or, informe l’Andes-Gabon, cette année, pour la première fois au Gabon, 7 élèves sourds sont inscrits à l’examen du Brevet d’études du premier cycle (BEPC). «Dans quelles conditions vont-ils préparer leur examen, et pour quels résultats ?» s’interroge le président de l’association qui dit avoir discuté récemment avec la mère d’un élève sourd inscrit à Libreville, dont il rapporte les propos : «Nos enfants sont marginalisés par les affaires sociales et le ministère de l’Éducation nationale. Pour eux, nos enfants ne valent rien et ne méritent pas d’être scolarisés au même titre que les élèves dits « valides ».»

Du côté de la Fédération nationale des pour les personnes handicapées du Gabon (FNAPHG), on regrette aussi cet «oubli» de la part des autorités gabonaises. Régis Mihindou, président de ladite fédération estime en effet que «la question de l’éducation des enfants, aujourd’hui, ne devrait plus être abordée sans tenir compte de l’inclusion de toutes les catégories de la population». «Depuis qu’on parle de l’éducation à distance, ni le ministère de l’Éducation nationale ni les partenaires au développement du Gabon ne nous suggèrent une orientation inclusive. Faut-il penser à une omission de plus ou à un désintérêt des principes que promeuvent les Nations unies en ce moment ?» s’interroge-t-il.

«C’est l’occasion d’interpeller une fois de plus les autorités afin qu’elles se penchent véritablement sur la sempiternelle problématique de l’éducation des sourds dans notre pays. Car, comme le disait l’écrivain gabonais Paul Anicet Mounziegou : « favoriser l’éducation des sourds et vous trouverez des « sourdoués »», rappelle le porte-voix de l’Andes-Gabon.

 
GR
 

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