Exploitation de l’or : Et si la diversification de l’économie passait aussi par là ?
L’exploitation rationnelle et réglementée de l’or peut aussi contribuer à diversifier l’économie. C’est du moins l’avis de Wesberg Moussounda, directeur des opérations au Comptoir gabonais de collecte de l’or (CGCO), une filiale de la Société équatoriale des mines (Sem).
Quelle peut-être la valeur de l’or aujourd’hui?
Wesberg Moussounda : En Afrique de l’ouest l’or a des valeurs culturelles, tandis qu’en Afrique centrale ses valeurs ne sont pas nécessairement culturelles. L’or en Afrique centrale devrait participer à l’épanouissement ou à l’étendue de notre économie. Le Comptoir gabonais de collecte de l’or répond à la diversification de l’économie. Le Comptoir a été créé par la Société équatoriale des mines, qui est une société de l’Etat, en vue de pouvoir organiser ou participer à la réorganisation de la filière artisanale de l’or. En matière de chiffres, le CGCO représente aujourd’hui, en termes de collecte dans toute l’étendue du territoire national, environ soixante kilos depuis sa création en 2013.
Quel message pour inciter les orpailleurs à vendre leur production ?
L’activité de collecte de l’or ou d’orpaillage au Gabon est essentiellement une activité axée sur le social. Vous constaterez que ces artisans se situent dans des zones rurales très reculées. Aller vers ces populations, c’est déjà partager leur milieu de vie et participer à l’amélioration de leur cadre de vie, à travers leur organisation en coopératives, en petites mutuelles, en vue d’identifier les besoins et de participer à l’épanouissement de cette activité en milieu rural. L’un des obstacles majeurs que nous rencontrons est le phénomène de contrebande. Sans nul doute par ignorance des lois qui régissent l’activité en République gabonaise, beaucoup se livrent à l’achat et à la vente illicite de l’or. Nous sensibilisons ces populations, en portant à leur connaissance le cadre juridique de l’orpaillage au Gabon, et appelons tous les acteurs qui opèrent dans la filière à se mettre en règle.
En termes de chiffres, le Comptoir gabonais de collecte de l’or compte aujourd’hui cinq représentations à travers le pays. Nous en avons une dans la province du Woleu-Ntem, dans le Haut-Ogooué, dans l’Ogooué-Ivindo, dans le Moyen-Ogooué et une autre dans la province de l’Ogooué-Lolo. Nous avons construit un réseau assez solide de collecte à travers le pays. Aujourd’hui nous constituons l’un des plus grands réseaux de collecte au Gabon.
Le Comptoir gabonais de collecte de l’or a-t-il des moyens logistiques appropriés pour contrer le phénomène de contrebande ?
Les moyens ne reposent peut-être pas essentiellement sur le Comptoir gabonais de collecte de l’or, mais nous participons à la mise en place d’un système solide, qui va lutter contre la contrebande, en faisant participer toutes les parties prenantes de la chaîne de l’orpaillage au Gabon. En parlant des parties prenantes, je parle de l’Etat, des institutions de sécurité du pays, du ministère de tutelle et également des orpailleurs eux-mêmes, qui participent à la construction de ce réseau de sécurité. Nous avons construit une stratégie autour d’un principal client qui est la Caisse de dépôt et consignation, qui a mandat de constituer les réserves d’or de l’Etat.
Nous sommes en train de développer deux autres segments de marché : la consommation locale de l’or et la consommation internationale. Les plus hautes instances ont mis en place ce cadre de travail afin de créer de la valeur dans notre économie. Et quand je parle de valeur, je parle de la création d’une activité qui n’était pas très répandue dans le pays, qui va désormais pouvoir générer des revenus, sortir les populations du chômage, lutter contre la précarité et la pauvreté. Se lancer dans l’activité d’exploitation artisanale de l’or serait participer massivement à la croissance et la diversification de notre économie.
Interview réalisée par Romuald Koumba pour Radio Gabon
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