Long de moins de 19 minutes, « Makika contre l’humanité » est un court-métrage de Marco Tchicot. Réalisée en 2018, cette comédie satirique gabonaise raconte l’histoire de Makika. Le film traite d’un fait qui mine la société gabonaise : la corruption.

Bidzo (à gauche) et Victor (à droite) lors de leur discussion. © Capture d’écran

 

Makika dans une scène du court métrage. © Capture d’écran

« Makika contre l’humanité« , c’est l’histoire d’un homme égocentrique qui se démène par tous les moyens pour réussir. Corrompu, sa fin est tragique. Cette histoire est remise au goût du jour par Bidzo. Un vieux sage apprécié des enfants pour ses histoires et de certains comme Victor, pour ses conseils. Face à un dilemme, Victor va à sa rencontre pour une exhortation. «On m’a proposé 500 cents mille si j’accepte de voter contre toi et un autre 500 cents mille si leur candidat gagne. J’ai demandé à réfléchir, c’est tout» dit-il à Bidzo, tiraillé par cette tentative de corruption. En guise de réponse, Bidzo lui servira l’histoire de Didier Makika Diboko, le « bantoucrate ».

À travers des scènes sarcastiques, Makika est présenté comme un fainéant, suffisant et envahissant. Le vaniteux qui parlait beaucoup trop pour ne rien dire. Journaliste, Makika était en fait un bon à rien qui avait choisi la vie facile pour gagner sa vie. Pour sortir de la misère, il va s’ériger en défenseur des intérêts des plus faibles. Il rejoindra alors le rang des «façons-façons», ceux qui disent des choses sans être écoutés. Soit, un radical engagé contre le pouvoir, contre les «Powê», ces corrompus et corrupteurs qui gèrent le pays. «Mon regard psychopathique est que l’homme bantou aujourd’hui est foutu avec ces powê-là», va dire Makika au cours d’une émission sur la situation du pays.

Après plusieurs passages télévisés, il sera approché par ces Powê. «Écoute, va raconter tes conneries à tes téléspectateurs (…) Toi et moi, on se connaît bien ici avec ces histoires d’argent non ? Tu sais, tu as faim comme nous tous», lui dira sans biaiser, l’un d’eux. «Tu as raison mon grand, tu as raison», lui répondra Makika qui, après cette conversation, redeviendra «un homme qui compte». Il s’arrangera d’ailleurs à le faire savoir. «Mon commentaire est qu’il faut savoir reconnaître quand on s’est trompé. Et je reconnais avoir mal jugé le travail considérable des Powê qui œuvrent invraisemblablement et inlassablement pour le bien-être des populations. N’est-ce pas formidable ?», dira-t-il sur un plateau de télévision. Cependant, il finira comme un moins que rien.

Selon Marco Tchicot, Makika est inspiré d’un fait réel que lui relatait le scénariste Olivier Messa. «Le fou rire provoqué par cette anecdote a créé l’urgence de raconter cette histoire», a-t-il avoué. Soit, la nécessité de dénoncer la mal gouvernance et la corruption qui minent les sociétés africaines. «Les Makika prolifèrent, mais leur parcours est fait de hauts et des bas. Et c’est cet aspect qu’il était intéressant de montrer avec humour, car ce sont avant tout les victimes d’un système qui les broie», dit-il. C’est donc à juste titre que Bidzo conseillera à Victor de penser aux conséquences avant d’agir. «Fais ce que ta raison te dictera. Pense juste aux conséquences de tes actes sur toi et sur les autres», lui recommandera-t-il.

Diplômé du Conservatoire libre du cinéma français en 2005 et de la New York film academy en 2006, Marco Tchicot est directeur de Onome nwa film, qui réalise des spots publicitaires, clips et courts-métrages. Ses réalisations ont souvent été sélectionnées et primées sur le plan international. « Makika contre l’humanité » en fait partie.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Massanga Julie dit :

    Bravo à Marco Tchicot pour ce film que J’ai regardé avec beaucoup de plaisir. C’est ce cinéma Gabonais de qualité que nous voulons tous. Et pas les élucubrations cinématographiques des Melchy Obiang. « MAKIKA CONTRE L’HUMANITÉ » c’est du haut niveau. J’invite les gens à suivre ce film qui décrit et dénonce la corruption.

  2. Gabon dit :

    Félicitations. Heureuse de constater le grand succès que rencontre cette réalisation. Il faut poursuivre l’effort, poursuivre dans cet esprit.

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