Si la prison centrale de Libreville compte de nombreux criminels dont la durée de détention, plus ou moins longue, a été prononcée par une cour, il s’en trouve qui croupissent dans les geôles «arbitrairement» et dans de mauvaises conditions. C’est, en tout cas, le constat dressé par le Centre pour la promotion de la démocratie et la défense des droits de l’homme au Gabon.

Vue de la cuisine à ciel ouvert des prisonniers de «Sans famille». © yannarthusbertrand2.org
Vue de la cuisine à ciel ouvert des prisonniers de «Sans famille». © yannarthusbertrand2.org

 

Les résultats de l’étude menée d’avril à octobre dernier par le Centre pour la promotion de la démocratie et la défense des droits de l’homme au Gabon (CDDH Gabon) donnent froid dans le dos et disent tout de la difficile situation vécue, aussi bien par les détenus que par l’administration, dans le milieu carcéral gabonais. S’il est entendu que le pays éprouve d’énormes difficultés à gérer ses prisons en raison des effectifs pléthoriques, l’ONG que préside l’avocate Paulette Oyane Ondo révèle qu’une soixantaine de détenus le sont «arbitrairement». En clair, de nombreux prisonniers sont en attente de jugement, et leur situation s’empirerait au fur et à mesure que leur détention se poursuit.

Me Paulette Oyane Ondo. © africanaute.com
Me Paulette Oyane Ondo. © africanaute.com

En effet, si «près de 43,3% de la population carcérale à travers toute l’Afrique est composée des personnes en détention préventive et dont la durée légale de détention a largement été dépassée», au Gabon, estime le CDDH, le constat est plus alarmant : «Il n’existe (…) aucune politique en matière carcérale, tant sur les conditions de détention que sur la gestion des peines des détenus». Pourtant, indique-t-on, le Gabon a ratifié plusieurs textes en rapport avec le respect des droits humains, à l’instar de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du Protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Sur le terrain, rien ne semble couler de source. Et ces différents textes ne sont que peu mis en pratique. Dans certains cas, ils n’ont jamais fait l’objet d’une transcription en droit national. Une préoccupation que l’ONG tente d’imposer au gouvernement, en publiant une liste de 67 personnes dont la détention se poursuit «arbitrairement», souvent dans les conditions les plus blâmables. Que font les autorités ? «Rien !», de l’avis du CDDH Gabon selon lequel «le milieu carcéral au Gabon est sujet à de nombreuses critiques», avec «à l’intérieur, l’exigüité, la saleté, la rouille, la décrépitude des murs et les odeurs nauséabondes sont les témoins des infrastructures carcérales en pleine décadence et ne respectant pas les minima internationaux».

Un problème d’infrastructures ? «Sans aucun doute», semble répondre l’ONG, qui fait remarquer que «construite en 1956 pour abriter 300 prisonniers, la prison centrale de Libreville compte actuellement 2800 détenus environ». Annoncée depuis belle lurette, la construction d’une nouvelle prison dans la banlieue de Libreville serait-elle encore véritablement au goût du jour ? Des doutes subsistent, y compris sur le nombre de décès et la transmission des maladies dans les geôles. A cet effet, si devant la situation «les autorités politiques, administratives et judiciaires pourtant informées (…) restent aphones et immobiles», le CDDH Gabon propose de mener des actions dans «le but d’obtenir la libération effective des personnes détenues arbitrairement». Ainsi, annonce-t-on, «au niveau national, des recherches seront effectuées au greffe correctionnel du tribunal de première instance ainsi que celui de la Maison d’arrêt de Libreville afin de collecter et de regrouper toutes les informations nécessaires à cette situation». De même, une saisine des autorités politiques et judiciaires sera mise en branle pour «qu’elles prennent des mesures tendant à la libération de ces personnes détenues arbitrairement».

Si Paulette Oyane Ondo sait que la tâche est loin d’être facile, l’avocate dit savoir aussi qu’«il n’est pas facile de faire admettre à toute une chaine d’autorités qui failli qu’elles ont failli». Et dans cet exercice qui s’annonce rude voire périlleux, il est connu, dit-elle, que «les autorités gabonaises n’acceptent (…) jamais leurs responsabilités lorsqu’elles ont commis une faute». Tout reste à voir. Ce n’est ni plus ni moins que la vie d’individus qui en dépend.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. #akébé vite !!!! dit :

    Et c’est dans un ce sordide endroit que ces idiots ont décidé de déposer tant d’enfants d’autrui ?Pendant que les vrais malfrats narguent les paisibles citoyens…Heureusement que nous n’avons aucun doute sur leur capacité à résister.

  2. hulo dit :

    je me rappelle des beaux discours d’ALI BONGO sur l’établissement d’une meilleure justice pour tous. finalement , il dit ce qu’il va faire et il fait pas ce qu’il dit

  3. Le Villageois dit :

    On m’a souvent dit qu’une prison c’est pour aller purger une peine à la suite d’un jugement. Elle contribue aussi à réhabiliter un individu, afin qu’il devienne une meilleure personne lorsqu’il recouvrera sa pleine liberté. Dans les conditions de détention décrites ici, j’ai l’impression que ces gens vont en ressortir amochés psychologiquement et certains seront même plus dangereux, voire difficile à réintégrer dans la société. Finalement, on les tue en les envoyant en prison. J’en déduis donc que la peine de mort n’est pas « totalement » abolie au Gabon !

  4. jean-jacques dit :

    ils méritent ses lieux ce sont les hors la loi.ils sont dangereux pour la société.

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