Carpes mortes sur l’Ogooué : Un virus jugé responsable
Après des semaines d’analyses en laboratoire, des chercheurs gabonais et norvégiens sont parvenus à la conclusion que c’est le «TiLV», pour Tilapi Lake Virus, qui est responsable des décès massifs des carpes de l’Ogooué.
Des carpes mortes (illustration). © D.R.
Les chercheurs gabonais du Centre national de la recherche scientifique (Cenarest) et leurs homologues norvégiens du Norwegian University Of Life Sciences ont découvert dernièrement que le virus Tilapi Lake Virus (TiLV) est responsable des décès massifs des carpes de l’Ogooué. Cette nouvelle découverte s’ajoute à celle du Cirmf qui avait identifié, il y a deux semaines, des causes bactériennes de ce phénomène.
Relativement nouveau et encore peu étudié, le virus TiLV a été responsable de morts de carpes à travers plusieurs pays du monde, dont la Colombie, l’Équateur, l’Égypte, Israël et la Thaïlande. En mai 2017, le Système mondial d’information et d’alerte rapide (Smiar) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait déjà alerté contre la propagation d’«une maladie hautement contagieuse» qui se propageait chez les tilapias sauvages et ceux d’élevage.
Au Gabon, les résultats de la recherche après la campagne d’échantillonnage du 2 au 5 août 2019 dans le Bas-Ogooué ont été compilés dans un rapport daté du 30 août et consulté par Gabonreview.
Début juillet, des milliers de poissons avaient été retrouvés massivement morts sur l’Ogooué, touchant la zone jusqu’à Lambaréné. L’épidémie se déplace aujourd’hui en direction de l’embouchure du fleuve à Port-Gentil.
Seule l’“Oreochromis schwebischi” – une espèce de carpe parmi d’autres – est touchée, précise-t-on au ministère de la Pêche.
La pêche avait été interdite pendant un mois et vient de reprendre il y a deux semaines – sauf pour les carpes.
Les bactéries identifiées par le Cirmf agissent-elles en coinfection ?
Il y a deux semaines, le gouvernement avait annoncé la reprise de la pêche suite à l’identification de deux bactéries – Aearomonas veronii et Plesiomonas shigelloides – identifiées par le Centre international de recherches médicales de Franceville (Cirmf) comme étant à l’origine de la mort des carpes.
«On peut donc se demander, si les bactéries que le Cirfm dit avoir identifiées agissent en coinfection ou en surinfection des deux souches du virus TiLV qui ont été identifiés par les chercheurs du Cenarest et leurs homologues norvégiens, de manière incontestable et irréfutable au Gabon», s’interroge Dr Daniel Franck Idiata, le Commissaire général du Cenarest.
Le TiLV : un nouveau virus déjà présent dans plusieurs pays
Identifié pour la première fois en 2014 en Israël, le virus «a été par la suite la cause d’épisodes successifs de morts massives de Tilapias en Asie (Israël, Thaïlande), en Afrique (Lac Victoria : Tanzanie, Ouganda) et en Amérique latine (Colombie, Équateur). L’Organisation de la santé animale (OIE) a depuis notifié le TiLV comme le protagoniste d’une maladie émergente déjà apparu dans au moins quatorze pays», indique le rapport du Cenarest, qui précise que les poissons d’élevage et sauvages peuvent être touchés.
«Bien que des risques en santé publique n’aient pas été évoqués à ce jour, le TiLV entraînerait chez les populations de poissons, des taux de mortalité variables et pouvant parfois atteindre jusqu’à 100 % en cas de surinfection ou de coinfection bactérienne ou parasitaire», ajoute le document.
Reste à savoir comment le virus est arrivé au Gabon et quelles sont les meilleures dispositions à prendre pour tenter d’endiguer le phénomène.
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