Base militaire française au Gabon : réduire ou augmenter les effectifs ?

À la suite de l’annonce faite par Emmanuel Macron de réduire les effectifs dans les bases militaires françaises en Afrique, certains analystes, à l’instar de Dr Jonathan Ndoutoume Ngome et Dr Jean Delors Biyoghe bi Ntoughe exhortent plutôt les autorités françaises à songer à «renforcer les effectifs de la base militaire du Camp de Gaulle et non à les diminuer». Ils évoquent des facteurs géostratégique, géopolitique, économique et symbolique.

Le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, inspectant les troupes au Camp de Gaulle, le 2 mars 2023. © D.R.

Contrairement à une partie de l’opinion dans certains pays de l’Afrique francophone, pour ce qui est du Gabon, Dr Jonathan Ndoutoume Ngome et Dr Jean Delors Biyoghe bi Ntoughe, respectivement Spécialiste des questions géopolitiques et géostratégiques et Spécialiste des questions sécuritaires, exhortent Ali Bongo et Alain-Claude Bilie-By-Nze à «solliciter le renforcement des effectifs du Camp de Gaulle, tout en admettant d’autres réformes militaires du gouvernement français».

En effet, si le Emmanuel Macron avait annoncé, le 27 février dernier, la réorientation de la politique sécuritaire de la France en Afrique à travers, entre autres, la réduction des effectifs dans les bases militaires françaises sur le continent, dans une tribune commune diffusée sur les réseaux sociaux, les deux enseignants invitent la France à «tenir compte d’un certain nombre de facteurs» spécifiques à notre pays. Ils estiment qu’«il y a nécessité de renforcer les effectifs de la base militaire du Camp de Gaulle et non les diminuer».

Pour justifier leur approche, les deux auteurs évoquent des facteurs géostratégique, géopolitique, économique et symbolique : «Sur le plan géopolitique, la France qui est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies tient son influence aussi par le nombre de voix que lui apportent les pays d’Afrique francophone. Or, il ne serait nullement opportun que la France abandonne ses anciennes colonies dans l’instabilité sécuritaire à cause des décisions populistes de certains États africains qui pensent que sans la France, ils se porteraient mieux militairement et surtout économiquement. Au plan économique justement, les intérêts occidentaux sont colossaux en Afrique centrale. Ils méritent une meilleure sécurisation que les armées africaines ne peuvent assurer. Par exemple, la production pétrolière et gazière est essentiellement offshore dans le golfe de Guinée. Les plateformes pétrolières maritimes qui étaient autrefois à l’abri des instabilités continentales constituent depuis plusieurs années la cible des pirates. Il y a donc nécessité de maintenir une force militaire de dissuasion capable d’intervenir à partir du Gabon, en cas d’attaque des structures économiques dans le golfe de Guinée. Enfin au niveau symbolique, au moment où certains régimes politiques africains au relent populiste placent tous leurs maux, à tort ou à raison,sur le dos de la France, le Gabon ne doit pas suivre cette orientation. Notre pays peut repenser et refonder autrement ses relations avec l’État français.»