À la petite Marie Catherine, engongole, kokolo, pardon…
Après une petite éclipse de méditation, Ika Rosira, la muse pamphlétaire de Gabonreview, sort du bois pour s’indigner de l’éventrement à vif de Marie-Catherine Euphrasie Ntsame Ovono, petite fille de 3 ans miraculée d’une tentative de crime rituel. Résolument retournée, elle hurle son exaspération du buzz qui a suivi cette ignominie et du comportement des Gabonais qui s’en est suivi. La rage brute d’une petite gabonaise du XXIe siècle.
Le problème avec l’information quand elle fuse de partout c’est que pour différencier le vrai du faux, l’ironie de la logique, l’émotif du réalisme, «on se waze net»3. Un moment on te dit que la petite Marie-Catherine Euphrasie Ntsame Ovono (3 ans) a été agressée par des Béninois et ensuite on te dit qu’il s’agit d’un couple de Béninois, après c’est un Béninois multirécidiviste et un couple de Gabonais et, au finish, tu fini par apprendre que le gars Béninois en question n’est Béninois que de père ou que de mère mais que c’est un vrai Gabonais, né au Gabon, élevé au Gabon, devenu délinquant au contact même de la misère du Gabon… encore une énième spéculation, mais bon ! On te dira que les visites ont été interdites par le procureur pour les besoins de l’enquête et deux heures plus tard une ou deux autres personnes se vanteront d’avoir réussi à voir la petite. L’information n’est faite que de ça au Gabon : «c’est tel, j’ai vu, j’étais là, je sais tout, je suis témoin» et ça, sincèrement, ça ne nous intéresse pas. L’origine des assaillants de la petite n’importe pas, ce qu’on sait c’est que de jeunes humains, de moins de 30 ans, ont été réduits à commettre une telle atrocité pour une ridicule somme d’argent. Notre douleur vient du fait qu’on en est rendus là, à ce degré de misérabilisme, de cruauté, d’ignominie, à prélever du sang, des cheveux et des organes sur des enfants nés récemment, pour satisfaire la mégalomanie et la folie de grandeur des gens qui pensent que la puissance, le pouvoir et l’argent résident dans des pratiques occultes. En 2015 ? On en est encore là en Afrique ? On en est encore là au Gabon !!!
Récapitulons. Une fille de 3 ans a été kidnappée, séquestrée, éventrée vivante, retrouvée de justesse, transportée à la clinique du docteur Ndelia : SOS Médecins. Et comme son nom l’indique, en urgence, elle a été sauvée par «les chirurgiens de l’espoir»5. Des héros nationaux, des mecs qui méritent une médaille du ministre de la Santé, de celui de l’Intérieur, de celui des Droits de l’Homme et de celui même qui nous sert de président actuellement. Mais ça c’est notre opinion personnelle. Pour les autorités précitées, la priorité c’est l’Arrivée du meilleur ami du ndoss5, le Roi Mohammed VI ; pour eux c’est l’organisation de festivités, de rencontres, et puis ce n’est pas l’enfant d’un grand quelqu’un6, comme on le dit si bien chez nous, c’est une petite Makaya7 et même là, parler de Makaya c’est rien, c’est encore pire : c’est le Makaya du Makaya. Parce qu’il y a des Makaya qui voient, qui entendent, qui marchent, qui parlent, mais quand on est sourd et muet ou qu’on souffre d’un autre quelconque handicap physique au Gabon, on perçoit 75 000 francs CFA (150$) par ANNÉE, pour vivre. C’est l’aide de l’État et encore là, il faut attendre toute la journée sous le soleil de la conjoncture, traités en moins que rien, pour espérer l’obtenir. Faut dire que la petite, fille d’un couple de sourds et de muets, est un miracle en soi, puisqu’elle n’est ni sourde, ni muette. Faut aussi préciser qu’elle est vivante grâce à ceux qui l’ont sortie de là, grâce aux gens qui l’ont cherché et par l’instinct, l’esprit saint, la grâce whatever, qui les a animés, elle est vivante parce qu’ils l’ont transporté en vitesse, dans une clinique et certainement pas aux urgences de l’Hôpital général.
Maintenant quoi ? Maintenant que la petite a été sauvée, une enquête est ouverte. La pseudo police scientifique va certainement réussir à conclure que tout ceci relève d’un crime de sang, terme que nous suggère d’employer celui qui nous sert de président de la République, va-t-on prendre conscience de la gravité de ce fléau ? va-t-on reléguer les crimes rituels aux simples faits divers, en faire le buzz du moment et attendre qu’on retrouve un nouveau corps pour scander son horreur, sa peine, sa douleur et sa rage en proposant des solutions absurdes, comme rétablir la peine de mort, faire de l’œil pour œil, dent pour dent ou pire encore proposer qu’on s’en prenne aux enfants des Libanais ou qu’on fasse subir cette abomination à un gosse de Blaise Pascal, comme si c’était les Français et les Libanais qui étaient responsables de ce drame ?
Il ne s’agit pas d’un simple drame familial. Il s’agit d’un drame sociopolitique, à la fois social et politique. Quels programmes ont été mis en place pour prévenir ces horreurs ? Y a-t-il des spots de sensibilisation diffusés à la télévision et à la radio comme ils le font pour promouvoir la Can 2017, la paix des Bongo Ondimba et de leurs acolytes ? On nous parlera de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), proche du Monseigneur Basile Mve, et donc de l’église catholique. Combien de quêtes dans les paroisses catholiques ont été destinés à constituer un fonds d’urgence pour venir en aide aux victimes et à leurs familles ? Qui dans ce pays a mobilisé les troupes pour recueillir des fonds pour l’organisation des obsèques. On a cru que Sylvia Bongo Ondimba, en organisant la fameuse marche contre les crimes rituels au Gabon, avait pris conscience de la tragédie que vivent ces pauvres familles, mais bien au contraire, c’était encore là une production de la série : Nous les Bongo, jouée en exclusivité nationale et internationale depuis plus de 50 ans. Vont-ils reloger la famille qui a vécu cette horreur ? Vont-ils les aider financièrement ? Y aura-t-il un processus de prise en charge psychosociale pour les membres de cette famille et la petite victime, ou simplement vont-ils rembourser les frais d’opération et d’hospitalisation de la jeune miraculée nationale ? Ou bien le fait qu’elle leur vole la vedette depuis quelques jours va se résorber pour leur permettre de reprendre le pas sur la conscience collective des gaboma ?
En 2013 pendant qu’on pensait que SACRI s’occuperait de collecter des fonds, de sensibiliser l’opinion internationale, d’organiser des conférences à l’étranger à travers son réseau de membres, que l’ALCR s’occuperait de faire la même chose au niveau national et que les deux associations de gabonais pourraient se concerter et travailler ensemble, leurs ego personnels ont pris le pas sur la cause et ont rendu une bataille qui devraient être livrée contre la mal, en petites guerres intestines. Ils ne nous rappellent leur existence que lorsqu’un drame est publié et crée le buzz sur la toile grâce à des images d’horreur. Sinon il y a Jonas Moulenda, qui devient de plus en plus célèbre et incontournable pour les amateurs de faits divers et de scandales à la Lanlaire vibe8 mais en moins impoli. Il alterne allègrement entre les accidents, les meurtres, les agressions sexuelles et les rumeurs qui circulent au Gabon. Lorsqu’il n’y a pas de crimes rituels à souligner avec des photos macabres, on a quand même droit à des vidéos ciblées. Il a le mérite d’avoir une constance, une méthodologie et de la matière. Il est bien plus admirable que les associations dont on n’entend parler que lorsqu’il y a une nouvelle victime d’un crime rituel et quasiment jamais en dehors. On aura pourtant beau leur expliquer que le poids d’un organisme, d’une association ou d’un parti politique réside dans sa capacité à avoir des membres qui participent continuellement à la cause et que la lutte doit continuer chaque jour et non s’arrêter pour reprendre en cas de crimes flagrants.
Pareil pour l’affaire des dons, et le voyeurisme des gabonais. Une enfant est hospitalisée, et elle devient un animal de foire ? On doit tous la voir, y en a même qui se précipitent pour dire qu’elles veulent tout faire pour avoir le statut de marraine de la petite comme si ces gens, bien qu’handicapés n’avaient pas dans leur entourage immédiat des personnes susceptibles d’être plus indiqués pour être les parrains et les marraines de leur enfant, juste parce que ce serait bien de pouvoir se présenter avec le «grade» de marraine ou de parrain de la petite qui a survécu. Même pas honte ! Ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent ni parler, ni entendre qu’ils n’ont plus de cerveaux, qu’ils ne sont pas intelligents, ces parents-là, ou qu’ils ne sauront pas gérer leur argent, il faut remettre l’argent à X, à Y, à Z… Comment on fait pour voir la petite ? C’est la question qui tue. Ça ne les intéresse même pas un peu de rencontrer les parents pour les épauler, aller manger ou boire un verre, ou simplement les encourager et leur montrer qu’il n’y a pas que des monstres au Gabon, non, c’est la petite qu’il faut voir. LAISSEZ GUÉRIR L’ENFANT D’AUTRUI ! Ce n’est pas un bébé éléphant ou un bébé singe ! C’est un bébé humain de surcroît, un peu, non, s’il vous plait, un peu de dignité.
Mais bon voilà quelques précisions, une jeune enfant a été agressée sauvagement par 3 jeunes adultes à des fins fétichistes. Elle a été secourue. Elle a survécu. Ses parents sont sourds et muets. Ils perçoivent individuellement 75 000 francs du gouvernement chaque année grâce aux mesures prises par notre État pétrolier, forestier, minier dirigé par les Bongo Ondimba et Cie depuis plus de 50 ans. Ils vivent dans des conditions de misère extrême qui font d’eux des victimes idéales, puisque depuis que cette histoire de crimes rituels a commencé, c’est toujours aux enfants des pauvres qu’ils s’en prennent.
Now, maintenant, on le récupère quand notre pays ? Oui bien on continue d’enrichir l’entreprise Haãgen Dasz pour protester contre le pillage du Gabon ?
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1 Engongole : pardon en Fang
2 Kokolo : pardon en Myene
3 On se waze net: expression gaboma pour dire qu’on sera dépassés
4 Les chirurgiens de l’espoir : nom de la page facebook des docteurs qui ont sauvé la petite Marie Catherine
5 Ndoss : le grand patron en gaboma
6Un grand quelqu’un : quelqu’un d’important en gaboma
7 Makaya : quelqu’un de petite condition, de pauvre
8 Lanlaire vibe : expression pour désigner la série de vidéo de Landry Ada Obiang Sophie
10 Commentaires
A travers ce fait divers : « une jeune enfant a été agressée sauvagement par 3 jeunes adultes à des fins fétichistes ».
Cela m’amène à me poser la question suivante : Pourquoi les africains sont-ils tant attachés au mysticisme et au fétichisme ? Pourquoi ces pratiques occultes, sectes ésotériques prolifèrent-elles en Afrique ? Peurs et pratiques irrationnelles ! D’où viennent ces pratiques et croyances fétichistes fortement ancrées dans les cultures africaines : je pense à ces meurtres d’enfants albinos à des fins fétichistes !
Détrompe toi ça n’a rien de fétichisme mais l’Afrique aime tout les histoires qui s’explique de cette manière car il est encore, l’Africain, et vit encore dans le monde de caverne. Pour l’africain la science n’est autre chose que de la magie et ils sont encore nombre ceux la qui croit en la magie.
Il existe un vaste réseau de vente d’organe, cœur, poumon, rein…dans le monde qui est organisé par des hommes puissamment riches de l’occident. L’Afrique est une terre de matière première au meme titre que le petrole, or, diamant, minerais… les organes humains en font partis
Tout simplement l’occident fait des commandes d’organes humains frais afin de sauver des vie des hommes par des transplantations dont eux seul maitrise la technologie.
Pour faire passer la pilule chez les africains ont leur parle de crime à caractère fetichiste…mais il n’en est rien de cela.
OH vous aussi arrêtez ne faites pas ça à ceux qui vous lisent svp! maintenant les crimes rituels ce sont les occidentaux qui demandent des organes pour des transplantations?je n’ai jamais rien lu d’aussi ridicule sur ce site! vous insultez les victimes et parents des victimes de ces actes ignobles, vous êtes vraiment sans coeur. donc d’après vous les organes de cette petite fille devaient servir a être transplantés certainement sur un vieux blanc de 70 ans qui attend un jeune coeur agé d’à peine 3 ans!!!pfffffff allez à Melen c’est mieux
Très cher si vous pensez que les parents des victimes seront plus apaisé de savoir que les membres de leur famille sont mort pour cause de crime rituel alors là c’est à vous de voir. Pour ma part je pense que la disparition de la personne tout simplement est douloureuse à supporter.
Mais vous etes libre de me croire ou pas. Et surtout de grace je fais part d’une théorie et qui ne justifie en rien le comportement de ces gens, les dépeceurs, sans cœur. Merci!!!
Ika Rosira bonjour ! Maintenant que vous avez dit tout ceci que fait on ? puisque pour vous il y a des solutions barbares comme si ces crimes n’étaient pas barbares? il y a des moments il faut combattre le feu par le feu si un ennemi vous attaque avec des chars et autres f117 si vous opposez que des arbalètes et autres zéro la victoire est loin de vous être acquise le régime nous pousse à utiliser leurs méthodes, la justice ne penche que du côté des plus forts, les institutions ne disent rien,nous avons crié à DIEU notre désespoir DIEU ATTEND DE VOIR CE QUE NOUS POUVONS FAIRE POUR NOUS LIBERER AVANT DE NOUS AIDER alors je repose ma question: que faisons nous? car ces crimes n’ont pas commencé avec cette petite et hélas vont continuer parfois nous les gabonais devrions de temps en temps nous rappeler certains adages ou proverbes comme celui ci »LES PEUPLES N’ONT QUE LES DIRIGEANTS QU’ILS MERITENT »
Je valide! C’est triste, mais telle est la réalité.
@ Bonjour, Ika. Et merci d’avoir pris votre arsenal (temps, stylo, intelligence, etc.) pour nous rappeler ces quatre vérités et leurs anachronismes, autour d’un sujet sérieux dont la qualité, la profondeur malheureusement, se perdent depuis plus d’une quinzaine d’années, dans les méandres d’une construction politique et sociale du Gabon au caractère alambiqué. A ce sujet je requiert un peu de votre précieux temps, pour relever que, quelqu’un affirmait l’autre jour avoir cru à un canular lorsqu’on lui avait annoncé la fin du monde en décembre 2012. Je suis devenu comme lui : je pense que la fin du monde a été effective à cette date. Certes, il n’y eut pas d’écroulement de l’univers, car ce n’était pas cela la fin du monde. Mais cette fin concernait l’effondrement de toutes les valeurs auxquelles l’Homme croyait jusque-là, toutes ces valeurs admirables qui ont constitué pendant des siècles, le socle du merveilleux monde auquel nous croyions avant décembre 2012, entre autres : la crainte de Dieu, l’honnêteté, la justice, la fraternité, la légalité, la morale, etc. Toutes ces valeurs ne sont plus, observez-bien ce monde que nous avons en héritage, que des notions vides de sens. Sans aller loin, on constate bien dans notre société, par rapport à la lecture de notre histoire immédiate, que c’est celui qui se hasarde à défendre les dispositions constitutionnelles, qu’on tient pour anarchiste. Quand on assassine de pauvres hères, cela ne peut émouvoir le tissu social que si cela constitue une norme nouvelle, donc différente des émotions susceptibles de se référer à l’ordre ancien. Quelqu’un a demandé pourquoi cette culture de l’assassinat rituel. Je lui réponds en gros que c’est justement une norme nouvelle du nouveau monde : le refus de l’effort. Tout le monde et chaque individu veut s’enrichir aujourd’hui et tout de suite ; chacun choisit de prendre le raccourci du rite pour être quelqu’un, pour se retrouver devant tous les autres, avant tous les autres. Quel qu’en soit le prix. L’honnêteté ne paie plus, l’effort par les diplômes et la valeur individuelle ne sert plus à rien. Le monde, le Gabon avec, court à toutes jambes à sa propre perte. Ika, nous sommes trop insignifiants pour parvenir à la moindre correction : c’est tout l’univers qui est ainsi devenu. Faut-il pour autant baisser les bras ?
Depuis 2009 (date d’accession forcée d’Ali au pouvoir), les crimes ont eu une croissance exponentielle qui interpelle plus d’un. En façade ça joue aux hommes modernes, derrière le rideau c’est l’horreur: Ali et Acrombessi comptent sur le vaudou, les sacrifices humains pour se maintenir au pouvoir.
Depuis lors , le silence assourdissant de Sylvia BONGO « la botoxer » ,qui organisa une marche contre les criminels ,indique aux gabonais(es) que » la chasse est ouverte « !!!
Le président n’a aucun rapport avec cette affaire mais vous ,tout c’est le président c’est vraiment regrettable pour vous .