À la 6è année du mandat en cours: La viabilité de l’entreprise, un casse-tête gabonais
Malgré les concertations et autres fora dédiés au soutien des petites et moyennes entreprises (PME), le gouvernement peine à développer un entreprenariat national.
A la Zone économique de Nkok, un cluster dédié aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux artisans locaux est en construction depuis quelques mois. L’objectif est de permettre une industrialisation de la filière bois, notamment la troisième transformation. Sauf que, ce projet reste jusque-là théorique et pose la question des rapports entre l’Etat les PME locales. Une question à laquelle à été soumise la ministre du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des services, le 19 octobre courant sur la matinale de Radio Gabon, alors que depuis 2010, «le nombre de PME est évalué à 12 000 entités, avec un taux de croissance moyen de 5%». Si d’entrée de jeu, Madeleine Berre a indiqué que la mission du département dont elle a désormais la charge est de «donner toute sa dimension à l’entreprise», elle n’en a pas moins avoué, à demi-mots, l’échec du gouvernement dans ce secteur. L’on note d’ailleurs que les fora dédiés aux PME en avril 2010 à Port-Gentil et en janvier 2014 à Libreville, la multiplication des rencontres avec le patronat, les différentes stratégies mises en œuvre n’ont porté aucun fruit ou presque.
Pourtant, la ministre du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des services semble y croire. «Le passé nous permet aujourd’hui de bien comprendre quelles sont les problématiques des entreprises, et la mission que nous allons avoir sera de remettre l’entreprise au cœur du développement du pays», a-t-elle claironné. Comme quoi, depuis six ans, le gouvernement naviguait à vue. «Cette identification est nécessaire pour nous afin de savoir qui est la PME gabonaise, qui est l’artisan gabonais et qui est la toute petite entreprise. Cette opération nous permettra d’avoir un regard et des données fiables sur cette cartographie. Nous identifierons par secteur, par taille, par poids et nous essayerons à la fois d’ouvrir cette cartographie pour savoir dans quels secteurs ces entreprises évoluent. Une fois qu’on aura fait cette étape d’identification, nous les accompagnerons, nous les labelliserons, nous ferons en sorte qu’elles puissent avoir des capacités techniques et humaines pour pouvoir répondre à la commande publique et à la commande privée», a-t-elle avancé, alors même que les PME déjà connues et ayant soumissionné pour des marchés avec l’Etat n’ont pas cessé de multiplier appels et menaces en vue du paiement des sommes qui leurs sont dues. Comme sourd à ces interpellations, le gouvernement souhaite aujourd’hui «mutualiser» les PME locales de différents secteurs tels que le service traiteur et le BTP, pour leur permettre de répondre à leurs propres problèmes logistiques.
Définitivement fâché avec le monde de l’entreprise, le gouvernement aura du mal à construire un rapport de confiance avec les PME locales, même s’il semble y croire. Pour Madeleine Berre, cette mission passe nécessairement par «une politique d’accompagnement très vive». L’idée serait de mettre en œuvre des stratégies en vue de parvenir à «une chaîne de valeurs des entreprises très qualifiées et très compétentes», pour leur permettre d’accéder aux financements, quand on connaît la frilosité des banques vis-à-vis des entreprises locales. Une autre question subsiste au sujet de l’aide aux PME locales : la parafiscalité. Et la ministre du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des services l’a reconnu : le gouvernement souhaite retrouver la confiance des opérateurs économiques. Là encore, rien de concret. L’on en est toujours aux projets…six ans après.
Source : interview réalisée par Hass Nziengui et Kennie Kanga pour Radio Gabon
1 Commentaire
la cartographie des PME a déjà été faite, les statistiques existent déjà (3 prédecesseurs de Madame la Ministre Madeleine Berre ont déjà fait ce travail) : ce qui fait défaut c’est l’environnement : l’accès à la trésorerie, aux crédits bancaires, le manque de marchés, un Etat mauvais payeurs etc… En somme l’accompagnement. Posons-nous la question de savoir à quoi sert par exemple PROMOGABON !!!