Dialogue politique : Le scepticisme du vieux Igoho
Dans un pays sans autorité morale, sans vieux pouvant être écoutés, Jacques Igoho, octogénaire très respecté, ancien ministre de la Justice et Médecin-Général de la Santé militaire à la retraite, est sorti de son mutisme pour se prononcer quant à l’issue de l’imminent dialogue politique au Gabon.
Le Penseur, célèbre sculpture d’Auguste Rodin. © laparisienneetsesphotos.com
Il est sorti de la réserve qu’il s’était imposée depuis son départ de la Direction générale des Services de santé militaire, son dernier poste officiel avant d’aller jouir de ses droits à la retraite. Sa vie est toute en discrétion depuis son retrait de la vie publique, il y a 23 ans. Mais il reste attentif à la vie politique de son pays. Jacques Igoho, octogénaire, ancien ministre et Médecin-Général de la Santé militaire à la retraite, s’est exprimé la semaine dernière sur le sujet d’actualité de l’heure : le dialogue politique prévu dans les tout prochains jours. Il n’est pas très optimiste sur l’issue de ce conclave.
Il fait partie, comme ce sociologue enseignant à l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville, de ceux pour qui les assises politiques qui débuteront le 28 mars prochain ne changeront pas le cours des choses dans le pays, en dépit des nombreuses attentes qu’elles suscitent !
«Seuls les hommes politiques ont tiré de juteux avantages» après les Accords de Paris
Dans un libre propos publié la semaine dernière dans le quotidien L’Union, Jacques Igoho, ancien ministre de la Justice et brillant médecin militaire à la retraite, affirme qu’il se pose, au terme de ses analyses, et en tant qu’intellectuel gabonais, «tant de questions à propos du dialogue politique» qui va s’ouvrir dans les tout prochains jours, et il en exprime des inquiétudes. «Je crains, souligne-t-il, que ce dialogue ne soit, comme les Accords de Paris de 1994, qu’un arrangement entre hommes politiques peu préoccupés des intérêts des Makaya». «En effet, poursuit l’ancien Garde des Sceaux, les Accords de Paris ont accouché d’un gouvernement de large ouverture qui, hélas, n’a pas amélioré la gouvernance, et n’a apporté aucune avancée dans la vie quotidienne du Gabonais lambda». Pour lui, «seuls les hommes politiques en ont tiré de juteux avantages». On se rappelle que six responsables de l’opposition de l’époque, à savoir Max Rémondo (PGP), Pierre-Claver Maganga Moussavou (PSD), Sébastien Mamboundou Mouyama (UPG), Alexandre Sambat (RDP) et Gaston Mozogo Ovono (CDJ) étaient entrés dans le «gouvernement des accords de Paris» qui, sous la conduite du Dr. Paulin Obame Nguéma, dura d’octobre 1994 à janvier 1997. Les Accords de Paris avaient en effet scellé l’entente entre les acteurs politiques des deux bords après la crise politique née de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de décembre 1993.
Fustigeant le maldéveloppement et la mal-gouvernance au Gabon, Jacques Igoho s’interroge : «pourquoi un pays à revenus intermédiaires, en paix depuis son accession à l’indépendance, n’arrive-t-il pas à promouvoir un système éducatif satisfaisant, une couverture sanitaire fiable et à offrir à ses concitoyens une vie sociale en conformité avec son PIB ?» L’homme ne croit donc pas que les résolutions qui sortiront de ce conclave seront profitables à l’ensemble de la collectivité.
Quand tout est balisé, comme l’est le prochain conclave, le «sans tabou» perd tout son sens
Les doutes et inquiétudes du Médecin-Général Jacques Igoho semblent rejoindre celles d’un sociologue, enseignant à l’Université Omar-Bongo de Libreville, qui estime que «le fait d’avoir balisé les travaux en adoptant un ordre du jour (portant sur quatre points bien distincts : réformes des institutions, consolidation de l’État de droit, consolidation de la paix et de la cohésion sociale,…) et le fait d’avoir ouvert des listes d’inscription des participants remettent littéralement en cause le fameux caractère «sans tabou» de ce dialogue». «En fait, pourquoi avoir imposé les thèmes à aborder au cours du conclave ? Le fait d’avoir établi un ordre du jour est suspect. Le fait également qu’Ali Akbar Onanga Y’Obéghé, incarnation jusqu’à la caricature des dérives du septennat dernier, s’apprête à être désigné Rapporteur Général du Dialogue n’augure rien de bon», s’indigne l’enseignant de Sociologie. Pour cet universitaire, «si la crédibilité de ces assises n’est pas déjà mise en doute, elle s’est en tout cas largement effritée».
«Quand tout est balisé, jusqu’où peut encore aller le «sans tabou» ?», s’interroge l’universitaire. «Des participants pourraient-ils décider d’une période de transition de deux ans par exemple à l’issue de laquelle serait organisée une nouvelle élection sous supervision internationale ? Des participants pourraient-ils obtenir la révocation des responsables actuels des institutions électorales et leur mise à l’écart définitive de tout contrôle du processus électoral ?». Sera-t-il possible de parler des violences meurtrières, d’une froide efficacité, ayant eu lieu entre le 31 août et le 4 septembre, ces cinq jours de folie meurtrière, d’outrances et d’escalades de toutes sortes ? Sera-t-il possible de parler de Bertrand Zibi et de Landry Amieng Washington qui croupissent dans les geôles du pouvoir depuis six mois ? «Bien sûr que non !», estime-t-il.
Pour Jacques Igoho, comme pour le Sociologue, il faudra autre chose que ce qui semble se dessiner actuellement pour revenir à un climat social apaisé et pour amener les Gabonais à croire…
0 Commentaires
Vous avez tout à fait raison, mais qui tient compte, aujourd’hui de ce type d’intervention ou d’analyse. Ces hommes politiques ne voient que leurs interêts et non des Gabonais!
Je ne saia même pas s’ils lisent ce genre d’analyse pour faire avancer les choses du pays. Ils se contentent de satisfaire les interêts de leur Protecteur la France. Le but de ce Dialogue est de legitimer le coup d’etat electoral et les Entreprises Francaises auront la part du lion dans cet septenat.
C’est vraiment domage pour l’Afrique, apres plus de 50 ans de souveraineté ces pays n’ont pas decollés. La France revient comme dans les années 60….Domage de dire cela mais l’intervention divine est maintenant necessaire! C’est le désespoir qui parle!!! Mon pauvre pays ne peut plus respirer, tous les etrangers sont entain de l’étouffer (France, Senegal, Mali, Maroc, Benin et les Libanais du Liban…) La xenoph
[…] La véritable question est de savoir si durant ce « discutaillage » il sera possible d’évoquer la mise en examen récente en France de Marie Madeleine Mborantsouo qui est pourtant sensée incarner l’Etat de Droit? Sera t-il possible d’évoquer la justice à deux vitesse, notamment, le statut particulier de la grande sœur d’Ali Bongo qui échappe aux crocs du serpent justicier de l’opération MAMBA , or les faits sur son enrichissement illicite ne souffrent d’aucunes contestations sérieuses? «Des participants pourraient-ils décider d’une période de transition de deux ans par exemple à l’issue de laquelle serait organisée une nouvelle élection sous supervision internationale ? Des participants pourraient-ils obtenir la révocation des responsables actuels des institutions électorales et leur mise à l’écart définitive de tout contrôle du processus électoral ?». Sera-t-il possible de parler des violences meurtrières, d’une froide efficacité, ayant eu lieu entre le 31 août et le 4 septembre, ces cinq jours de folie meurtrière, d’outrances et d’escalades de toutes sortes ? Sera-t-il possible de parler de Bertrand Zibi et de Landry Amieng Washington qui croupissent dans les geôles du pouvoir depuis six mois ? s’interroge Jacques Igoho, ancien ministre de la Justice et Médecin-Général de la Santé militaire à la retraite. «Bien sûr que non !» conclut-il. (Sources: Gabon Review) […]
Belle analyse de la situation par le Ministre Jacques IGOHO. Bravo !
Je cherche à joindre le Médecin Général jacques IGOHO pour l’inviter à notre soixantenaire de promotion qui aura lieu à Bordeaux le jeudi 14 mai 2020 pour un diner. Cela s’intégrera dans le cadre du congrès annuel de l’ASNOM qui se déroulera du 14 au 17 mai 2020.
Nous serions heureux qu’il puisse être des nôtres s’il le peut.
D. HAUTEVILLE
Je cherche à joindre le Médecin Général jacques IGOHO pour l’inviter à notre soixantenaire de promotion qui aura lieu à Bordeaux le jeudi 14 mai 2020 pour un diner. Cela s’intégrera dans le cadre du congrès annuel de l’ASNOM qui se déroulera du 14 au 17 mai 2020.
Nous serions heureux qu’il puisse être des nôtres s’il le peut.
D. HAUTEVILLE
Mon message est évidemment indépendant des propos du ministre .