A la 6è année du mandat en cours : L’auto-satisfecit d’Etienne Ngoubou
S’il dit avoir bon espoir de voir la pente se redresser, le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures a vanté, sur la matinale de Radio Gabon, le 6 novembre courant, les initiatives du gouvernement.
Quels sont les acquis visibles enregistrés ces six dernières années dans le secteur ?
Les acquis visibles sont les résultats de l’action du chef de l’Etat qui, au lendemain de son accession à la magistrature suprême, a commandité un audit sur toutes les compagnies produisant de l’huile et du gaz en République gabonaise. Audit qui a permis de faire un état des lieux du secteur, d’observer les faiblesses et les avantages, pour pouvoir aller sur de nouvelles bases et permettre à la République gabonaise de tirer un meilleur profit du secteur pétrolier. Il faut dire qu’à la fin de cette série d’audits, nous avons pu nous rendre compte qu’il y avait plusieurs disparités entre les différents contrats signés avec les compagnies, et qu’il n’y avait pas réellement de cadre législatif et réglementaire pour pouvoir administrer ce secteur. Cela nous a conduits à la mise en place d’une loi sur les hydrocarbures, qui été promulguée en août 2013. Et à partir de cette loi, nous avons pu également faire la promotion du domaine minier et pétrolier gabonais. Ce qui nous a permis, en août 2014, de signer huit contrats avec cinq compagnies, permettant de repousser les frontières de l’exploration du pétrole gabonais en zone offshore, au-delà des 2000 mètres connus dans le passé.
Je voudrais aussi rappeler que l’action du gouvernement, et particulièrement celle du ministère du Pétrole et des Hydrocarbures, ces six dernières années, a été une action de promotion du domaine pétrolier, d’amélioration des recettes tirées par l’Etat mais également de soutien à l’industrie par une meilleure diversification de la sous-traitance, une implication des sociétés sous-traitantes dans le tissu économique gabonais, afin de soutenir la stratégie et la politique d’émergence du chef de l’Etat, contenues dans le Plan stratégique Gabon émergent.
Le secteur pétrolier, dites-vous, joue un rôle primordial dans la matérialisation de la stratégie de développement du pays. Sauf que la chute du prix du baril perdure jusqu’alors. Quelle stratégie a été mise en place pour y faire face ?
Le ministère dont j’ai la charge a pour mission de maintenir la production pétrolière, quel que soit l’environnement économique mondial. Vous noterez que depuis 2012, le Gabon produit un peu plus de 10 millions de tonnes de pétrole par an, et que depuis cette année nous sommes au même niveau. Je pense que pour l’année 2015, il y aura une légère amélioration. Notre objectif premier est de produire. Or, pour ce qui est de revenus, de manière cyclique, nous avons un effondrement du cours du baril presque tous les six ans, et ensuite une remontée. Notre objectif, en cette période de creux au niveau des prix du baril de pétrole, c’est l’optimisation de nos productions par une rationalisation des dépenses et des coûts. Cette période critique, sur le plan financier, est mise à contribution par les services du ministère et les compagnies pétrolières pour réduire les coûts de production et maintenir quelques marges bénéficiaires, qui permettent à nos Etats et à nos partenaires de maintenir leurs activités commerciales sur le territoire national.
Et sur la question du redressement fiscal de certaines compagnies. Qu’en est-il à ce jour ?
Les audits que nous avons menés n’étaient pas uniquement des audits fiscaux. Ils avaient également un volet technique et environnemental. Au cours de ces audits, une entreprise avait d’ailleurs été sérieusement sanctionnée par le ministère dont j’ai la charge, à cause du non-respect de certaines normes environnementales, de certaines sollicitations techniques. Pour le volet fiscal, il est suivi particulièrement par le ministre de l’Economie, et à chaque conclusion d’exception, il y a des rencontres tripartites entre le ministère de l’Economie, le cabinet d’audit et l’opérateur pétrolier, pour finaliser, certifier les exceptions d’audit et arriver à un compromis en ce qui concerne les pénalités à payer. Je pense que chaque entreprise a joué le jeu et que les audits se sont conclus de manière acceptable pour chacune des parties.
Face à la crise de l’industrie, l’on avait évoqué l’augmentation du prix du carburant. A quelle hauteur cela s’est-il fait ? Et quel en est l’objectif ?
Récemment, le ministre de l’Economie avait rappelé que la subvention aux produits pétroliers, donc au carburant, bénéficiait plus aux Gabonais nantis qu’aux Gabonais économiquement faibles. Cela est donc contraire à la politique du chef de l’Etat. Pour ce qui est du prix du carburant, nous avons, au ministère, la responsabilité de publier de manière régulière, sur une base mensuelle, le véritable prix du carburant et, je pense que le 31 juillet une publication a été faite, qui nous permis de connaître le véritable coût de l’essence, du gazole à la pompe, et de nous rendre compte de ce que l’Etat faisait comme effort pour pouvoir maintenir le prix au niveau actuel.
Pour ce qui est de l’augmentation des prix, je préfère laisser cet aspect à mon collègue du ministère de l’Economie, qui est chargé de mener la politique économique du gouvernement, et recommander au gouvernement les actions à mener pour maintenir l’équilibre économique sur le territoire national.
Pourquoi un nouveau code pour les hydrocarbures ?
Il était impérieux pour la République gabonaise d’uniformiser sa réglementation, appliquer la même loi à tous les opérateurs souhaitant exercer dans le pays, et surtout éviter qu’il y ait des contrats plus avantageux que d’autres, en fonction des opérateurs. C’est la raison pour laquelle nous avons regroupé, au sein de la loi pétrolière, toutes les mesures qui étaient prises dans les différents contrats pétroliers, avec pour objectif de les rendre plus attractives pour la République gabonaise, de mieux les encadrer en fonction des conditions d’opération. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons été obligés de mettre en réflexion une nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui a abouti à la promulgation de la loi 11/2013.
Aujourd’hui, on vante les mérites de nouvelles techniques dans le secteur. Le torchage est, par exemple, désormais interdit. Par quoi l’a-t-on remplacé, et pour quelle valeur ajoutée ?
Le président de la République a pour ambition première la protection de l’environnement, et de ce fait, nous sommes dans l’obligation de contrôler toutes les émanations de gaz à effets de serre dans l’atmosphère. C’est dans cet objectif qu’il a été instruit au ministère du Pétrole et des Hydrocarbures de bien vouloir réaliser une stratégie de réduction du gaz dans l’atmosphère, notamment celui issu du torchage. Et dans ce cadre nous comptons mettre en place un programme de monétisation du gaz, qui passera par sa transformation en carburant pour véhicule, gazole, essence, mais également à l’utilisation de ce gaz pour la production de l’électricité, sachant que la politique de l’émergence du président est basée sur le développement de l’industrie au Gabon. Et quand on parle d’industrie, on parle de consommation d’électricité.
Depuis Rabi-Kounga, le Gabon semble ne plus avoir enregistré une découverte d’importance. Est-ce à dire que le pétrole est fini, d’où la politique axée sur la diversification de l’économie ?
Dans les années 1980, il était dit qu’on ne pouvait plus découvrir de gisement important sur terre, ce qu’on nomme l’onshore. En 1989, par hasard, on a découvert un gisement qui a la taille de Libreville : le Rabi-Kounga, qui nous a permis, sur un seul réservoir, de produire jusqu’à 210 000 barils par jour. Ne disons donc pas qu’il n’y a pas d’avenir pour le pétrole au Gabon. Je dirai d’ailleurs que c’est faux, puisque le déclin que nous avons enregistré depuis quelques années est en train de stabiliser voire de repartir à la hausse. Il faut dire que la recherche pétrolière a quelques vices et difficultés, en ce sens que ce qui est sous nos pieds, ce qui est contenu dans la terre, n’est pas connu des hommes, qui font des extrapolations, de la philosophie, pour imaginer la création de réservoirs pétroliers dans certaines formations géologiques. Dans le passé, nous cherchions principalement de l’huile dans le réservoir Gamba. Aujourd’hui, on en cherche dans d’autres réservoirs. Et certaines compagnies pétrolières, les plus jeunes bien souvent, ont l’opportunité d’aller chercher des réservoirs de pétrole dans de nouvelles formations géologiques. Ce qui fait que nous découvrons de nouveaux gisements.
Au sujet de la Gabon Oil Company, l’unique opérateur national. Quelle compétence a-t-elle?
La Gabon Oil Company est une société d’Etat, qui en est l’unique actionnaire. C’est une société qui a été créée en 2011 et dont les activités ont réellement commencé en décembre 2012. Cette société est gérée comme toutes les sociétés commerciales, conformément aux prescriptions et réglementations de l’Ohada (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires, ndlr), et sur le plan stratégique, nous avons l’ambition de faire de cette société un des acteurs premiers dans la production, la transformation et de la distribution d’hydrocarbures en République gabonaise. Sur ce point, je dirais qu’après trois ans d’ancienneté, d’expérience et de compétence, nous avons diligenté un audit qui nous permettra de faire un état des lieux de cette société, et qui nous permettra également de redéfinir les objectifs que nous lui avons assignés, afin qu’elle puisse les atteindre et qu’elle se développe et prenne plus d’ampleur dans le secteur.
Source : interview réalisée par Hass Nziengui et Kennie Kanga pour Radio Gabon
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