«Comparaison n’est pas raison», aiment asséner les Gabonais dès qu’une analogie, un rapport d’identité partielle entre des réalités différentes leur est servi dans une discussion. Forte de ce que les approches comparatives ont fait évoluer bien de sciences, Ika Rosira compare quelques pays d’Afrique avec le sien pour démasquer le «système sorcier» à l’origine des déficiences économiques et sociales du Gabon.

Mapane à Libreville : plus de 60 ans qu'on exploite le pétrole au Gabon. © D.R.

Mapane à Libreville : plus de 60 ans qu’on exploite le pétrole au Gabon. © D.R.

 

Prenons des données démographiques, Gabon: 267 667 km2 pour 2 millions d’habitants, Côte d’Ivoire: 322 462 km2 pour plus de 25 millions d’habitants et pour finir le Sénégal: 196 722 km2 pour plus de 14 millions d’habitants. Pas besoin d’être un expert en démographie pour comprendre qu’il semble y avoir un problème de fertilité au Gabon, de mortalité infantile, d’espérance de vie, en tout cas, sans toucher le problème du doigt, on a un sérieux problème de démographie qui aurait pu être un avantage.

Explications : vu que nous ne sommes pas tellement nombreux au Gabon, ça ne devrait pas être difficile de fournir de l’eau potable et de l’électricité, des logements sociaux, des écoles, des universités dignes de ce nom et des infrastructures hospitalières compétentes et accessibles à tous ; mais bon ! L’idée n’est pas de se plaindre ad vitam aeternam ou de miser sur une hypothétique prise de conscience collective. L’idée, n’est pas d’orienter la réflexion de ceux qui ont renoncé à leurs yeux et à leur capacité de réflexion, à leur conscience et à leur libre-arbitre. L’idée, est de pointer du doigt la poudre qu’on nous lance aux yeux, les mensonges dont on nous abreuve et la misère dans laquelle la plupart des Gabonais pataugent, pendant qu’une minorité se prélasse dans le luxe, sans demi-mesure.

Maintenant, en sachant que les principales ressources du Gabon sont pétrolières, minières et forestières avec un PIB de 18,37 milliards de dollars en 2013, que les principales ressources de la Côte d’Ivoire sont le Cacao et le Café donc agricoles avec un PIB de 30,90 milliards de dollars en 2010 et que les principales ressources du Sénégal proviennent de la pêche, du tourisme et des services publics et privés avec un PIB de 23,88 milliards de dollars en 2013, pas besoin d’avoir un doctorat en Économie et en Finances, pas besoin d’un diplôme d’expert comptable pour comprendre qu’il y a quelque chose qui ne marche pas, au Gabon.

Avec notre pétrole, nos milliards de tonnes de fer, nos mégas tonnes de manganèse (minerai exploité depuis 1962 qui nous confère le statut de troisième exportateur mondial de manganèse, après l’Australie et l’Afrique du sud), notre uranium, notre or, notre diamant, notre niobium, notre molybdène et patati et patata, sans compter le fait que nous ne vivons pas dans un désert humain, comment se fait-il que la majorité de nos aliments soient importés ? Même la tomate et la banane proviennent généralement du Cameroun, nos productions de café, de cacao, d’hévéa, ne rivalisent pas avec celle de la Côte d’Ivoire pour quelle raison déjà ? Le manque d’eau ? Le manque de soleil ? L’absence de main-d’œuvre ? Notre terre au climat tropical humide est-elle aussi «infertile» que l’est notre population ? C’est quoi l’excuse du Gabon, pourquoi le PIB du Sénégal et celui de la Côte d’Ivoire est-il plus élevé que le nôtre au juste ?

Pour récapituler, ça fait plus de 60 ans qu’on exploite le pétrole, plus de 40 ans qu’on a exploité l’uranium, plus de 50 ans qu’on exploite le manganèse et plus de 60 ans que nous sommes le premier exportateur mondial d’un bois qui n’a pas son mot à dire sur la question : L’Okoumé. Eeeeeh! Engongole ! Ça fait plus de 50 ans que le Gabon est géré par la famille Bongo Ondimba et Cie, dieuredieuf, akiba, merci ! En apprenant ce matin que la Côte d’Ivoire va se doter de sa première voie de métro (le train urbain d’Abidjan), on peut se demander comment un pays qui a subi plus de 10 ans de conflits armés, de pertes humaines, de crises financières et économiques s’en sort aussi brillamment et que ce soit culturellement, économiquement et politiquement possible !

Aujourd’hui, il faut saluer le courage de tous ceux qui finissent par quitter le navire Bongo/PDG grâce auxquel on peut constater qu’une mafia brute, à l’état pur, un système «sorcier», assassin, menteur, corrompu, maudit et destine la grande majorité de notre peuple à la disette sous les yeux de l’opinion internationale qui attend certainement qu’un génocide soit commis au Gabon pour réagir, comme l’expliquait en toute humilité Gregory Ngbwa Mintsa, torturé, harcelé, privé de salaire pendant plus 5 ans avant de mourir pour avoir osé s’opposer à ce système qu’on peut qualifier de «sorcier», pas dans le sens mystique du terme, plus dans le sens «méchant» du terme, «malsain» du terme, «mesquin et néfaste» du terme, quoi que. La sorcellerie est d’usage destiné à faire du mal, à exploiter les forces du mal, et donc c’est certainement le mot qui convient le mieux pour résumer un système qui ne tolère ni la contradiction, ni l’ingéniosité des gens et qui n’envisage pas depuis plus de 50 ans de résoudre sincèrement les problèmes auxquels le peuple est confronté, les problèmes qui incombent totalement à la volonté de l’État et qui sont dans l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple gabonais.

Les paroles s’envolent mais les écrits restent. Il est temps de redonner à l’histoire sa véracité, de préciser à ceux qui ont choisi de se tenir du mauvais côté de la barrière pourquoi ils sont aussi «inhumains» que les gens qu’ils servent pas pur intérêt, par pur égoïsme ; de leur démontrer à quel point ils contribuent aux échecs de notre pays et que c’est leur égocentrisme justement qui rend possible le maintien des monstres d’apparence humaine qui ont confisqué le pouvoir au Gabon.

Il est important de le leur dire, même si pour la plupart c’est peine perdue, même si la plupart d’entre eux est volontairement aveuglée par ces voleurs pernicieux, et ce fameux standing de vie qu’il leur faut préserver par tous les moyens. Il reste encore des gens qui n’ont pas renoncé à leurs cerveaux. Il est temps de les ramener du bon côté de la barrière.

Cessons enfin de dire, pourquoi ce n’est que maintenant qu’un tel décide de quitter le navire, c’est vrai que Zacharie Myboto est un pionner en la matière, mais tous ceux qui lui emboîtent le pas, doivent sentir que c’est le bon choix, accueillons-les comme dans la célèbre histoire de ce père et de ce fils de la fameuse parabole du «Fils prodigue». Car, nous sommes plus nombreux que ces gens, plus nombreux à souffrir, plus nombreux à maudire cette souffrance, plus nombreux à être désabusés par la misère de notre peuple, plus nombreux à s’opposer à la corruption dans laquelle nous sommes tous nés, plus nombreux à vouloir reprendre notre pays. Reprenons-le dès maintenant avec tous ceux qui en manifesteront sincèrement le désir et en nous rappelant que si c’est en Côte d’Ivoire et au Sénégal qu’on envoie nos enfants poursuivre leurs études, c’est parce que chez nous on n’a même pas droit à un système éducatif. Si ces deux pays sont largement au-dessus du nôtre sur tous les plans, c’est parce que nous sommes incapables d’admettre que nous avons besoin d’exemples concrets, de comparaisons et d’inspiration et que seuls ceux qui ont appartenu à ce système peuvent répondre à nos questions sur son fonctionnement et ses tares. Pour pouvoir briser ce système, il faut pouvoir apprendre à le connaître. Informons-nous, formons-nous, soyons déterminés et surtout focalisons-nous sur le véritable ennemi et les arguments pour le combattre efficacement.

On le reprendra Notre pays, c’est certain !

 

 
GR
 

10 Commentaires

  1. MSHA dit :

    Ika Rosira… « Un systeme sorcier » analyse claire et pertinente qui se termine par plus qu’un espoir la certitude du chamgement de reparations plus que possible.

  2. Rodrigue Kaba dit :

    Je ne suis pas sûr que Sénégalais et Ivoiriens auront unanimement, sur la gestion qui est faite de leurs différents pays, ces mots extraits de ce « Cracking », propres à une sorte d’évangile de bonne gouvernance et d’économie favorable à rendre heureux le plus grand nombre de concitoyens. Un constat simple : Sénégalais et Ivoiriens sont nombreux au Gabon, dans un pays prétendument de loin inférieur au leur. Et puis, trouver comme solution à rompre avec ce système dit « sorcier », d’en démissionner, au bout d’en avoir copieusement profité, n’est pas très sérieux, à moins d’encourager les Gabonais à d’abord intégrer ce système dit « sorcier », s’en faire plein les poches, pour ensuite rejoindre ce « bon côté de la barrière », tant vanté ici. Tout ceci tient d’une rapidité d’analyses qui pèche par de la facilité ou de la mauvaise foi. Si je partage l’essentiel du constat que notre pays le Gabon n’a toujours pas investi à la hauteur des richesses nationales, je me méfie des solutions que ce « Cracking » croit pouvoir y apporter.

    • Don Corleone dit :

      Bon déjà je voudrais vous faire savoir que c’est qui écrit dans cette analyse n’a rien d’extraordinaire c’est clair comme de l’eau de roche.N’est-il pas vrai que nous Gabonais envoyions nos enfant dans les pays cités dans cette analyse, n’est-il pas vrai que la côte d’ivoire viens de sortir de 10 ans de crise post-électoral qui pratiquement ruiné son économie? Oui le système Pdg est « sorcier » ne vous en déplaise, trouvez-vous digne l’image qui accompagne cet article dans un pays aux multiples ressources et sous-peuplé, je vous prie cher monsieur Kaba de lire sans fanatisme cette analyse

  3. Fille dit :

    Je n’ai pas pu lire jusqu’au bout. Je pleure. Le Gabon est une imposture. Le Gabon est une insulte a l’intelligence humaine. La question qui tue est celle de savoir comment et pourquoi la France, pays des droits de l’Homme (?) et des libertés a-elle pu permettre et laisser ainsi les populations livres à eux-mêmes ? Car, qu’on nous nous raconte pas d’histoire, la France est impliquée au Gabon depuis sa création. Le Gabon n’est souverain en rien. Au nom de quels intérêts, au nom de quelles valeurs quand on sait que mêmes avec des miettes, les besoins élémentaires des populations auraient pu être comblés sans déranger les gros pilleurs agrippés sur le dos du Gabon comme des morpions. C’est vrai, le problème Gabon ne relève plus a ce point de l’entendement normal. Qui a décidé de ce que la population du Gabon devait coûte que coûte rester limitée ? La terre qui produit les denrées alimentaires venues du Cameroun est la meme qu on trouve dans le nord du Gabon. Non seulement l’agriculture n’a jamais été encouragée, mais il avait été interdit aux villageois de continuer à produire du café et du cacao, les palmiers à huile ont disparu, coupes exprès par les gardes fou du système. Je me souviens dans mon enfance de l’abattage sauvage des hévéas et des cactus allé Vera sous prétexte que c’était du poison. Le manioc a résisté à plusieurs tentatives de le substituer au pain, alors que le Gabon ne produit pas de ble ! Les populations qui se nourrissaient sainement avec leur produits agricoles en sont à se rendre malades à ingurgiter des surgelés venus de je ne sais ou, sans date de péremption, ni origine indiquées. La faible population gabonaise est en danger et les grands donneurs de leçons qui forment la soi disante communauté internationale laisse faire. Un jour si ça pete, il sera de bon ton de présenter les choses sous forme de conflit ethnique. Un droit de regard a été donné à la France sur son espace francophone, elle sait ce qui se trame au Gabon, qu’elle prenne ses responsabilités. Il est temps de changer de cap et de vision en Afrique francophone et en particulier au Gabon.

    • Cesar dit :

      Çà ne sert à rien de rejette la faute sur qui que ce soit. Nous avons les dirigeants que nous méritons et peu importe ce que la France fait ou manigance se plaindre ne résoudra rien si on ne se bat pas concrètement. Avec la maturité intellectuelle que l’on a acquis aujourd’hui, on peut maintenant comprendre que la France se bat pour ses intérêts économique quand elle nous pousse a planter le cacao et le café, à préféré les cornflakes au déjeuner plutôt que les atangas et le manioc. Nous avons intériorisé notre infériorité nous même alors à nous de briser nos chaînes. C’est puérile de demandé compassion et respect. La vue n’est pas un Film Porno, ici on c’est le monde réel dans lequel on doit se battre pour ce qu’on veut. Chaque gabonais, africain doit avoir pour but de briser ses chaines c’est-à-dire devenait sont propre patron. Si on ne vous ouvre pas la porte cela ne doit pas être une raison pour abandonné et faire de la politique comme opposant, mais plutôt une raison de redoubler d’effort AFI’ de défoncer cette porte

      • Fille dit :

        Très vrai. Pardonnez mon coup de colère car je pense exactement comme vous en temps normal. Ce qui ne m’empêche pas d’analyser le fond car pour enlever ses chaînes, le courage est essentiel, mais savoir par où on est enchaîné est primordial. Beaucoup d’entre nous ne poussent pas encore leur raisonnement au dela d’une certaine vision. Alors, il faut marteler le fond, afin que le bruit du tonneau vide ne prenne pas le dessus.

  4. Observateur dit :

    Excellente analyse, bravo ! Vu tout cela, en tant qu’observateur externe, je me demande comment les Gabonais puissent rester si calmes !!!???

  5. koumangoye dit :

    Chère Ika comprends toi aussi !,
    La vraie imposture du Gabon, c’est la création à dessein par la France dans l’ancienne AEF de la plus artificielle des républiques. Africaines. Un territoire gâteau-Gabon isolant les plus vastes ressources et le plus faible peuplement naturel de l’ensemble AEFien. Pour les mieux contrôler et accaparer. Le placement à la tête de cette république d’un Régent, qui sait de qui il tient le pouvoir et pour s’y maintenir. Apres l’épisodique Léon Mba, le père Bongo a été un si bon régent que son fils était le choix naturel pour lui succéder. D’où on voit les « opposants » aspirant à la Régence courir en France chercher l’adoubement de Paris. Peu de chance, pas confiance.
    Voici le contrat implicite du partage du gâteau-Gabon.
    • 50%(70 dans les années 60) sous toutes formes claires et obscures vont à la France.
    • 10% va au Régent à titre personnel et familial,
    • 25% à l’oligarchie institutionnelle –Généraux, Ministres et leurs cabinets, Assemblée, Senat Cours ceci-cela,
    • 10% au menu fretin des fonctionnaires toujours criant grève et famine et autres.
    • 5% fonds qui est-la quelque part personne ne sait
    Colon (la France), Régent (les Bongo) Oligarchie Institutionnelle, aucun des tenants du contrat de partage n’a intérêt au changement.
    Le peuple ? Mais quel peuple et who cares 🙂

  6. mbina dit :

    C’est trop facile de rejeter toujours la responsabilité sur la France. Le Gabon est une ex colonie de la France, et le Sénégal ou la Côte d’ivoire ne le sont elles pas aussi? Pour être trivial, même si la France exploite nos richesses à son avantage, ne laisse t’elle pas des miettes qui ont fait de nos dirigeants des milliardaires s’achetant des hôtels particuliers aux quatre coins du monde? Nos dirigeants sont ils pauvres? Non le Gabon est logé à la même enseigne que la cote d’ivoire. la différence est qu’au Gabon le système sorcier n’aime ni le Gabon ni les Gabonais. Il repose sur l’égoïsme des uns et la misère des autres. ET le nœud gordien reste la nébuleuse franc maçonnerie tropicalisée qui suce les intelligences en promouvant la médiocrité et le gout de la luxure sans effort. On refuse de construire notre propre pays pour être les seuls à jouir des richesses oh combien énormes pour une population à la taille liliputienne. Quant au compatriote qui parle des sénégalais et ivoiriens qu’on trouve en masse dans notre pays, cela ne veut rien expliquer. La Chine qui est devenue la première puissance économique du monde n’a t’elle pas une des diaspora les plus importantes au monde? est ce à dire que le pays coule? Le Sénégal et la Cote d’ivoire ont des avancées considérables sur le Gabon dans plein de domaine. Tenter de justifier l’injustifiable est tout simplement « Sorcier ». Reconnaissons qu’on a été incapable de loger une population digne d’une mairie . Dakar fait 8 millions d’habitants, mais allez voir comment la majorité de cette population est logée. Les rares mapanes qu’on trouve à Dakar sont des ateliers de cordonnerie ou de petits commerce. Sinon en général on est mieux logé à Abidjan et à Dakar. souffrons de reconnaitre qu’on a échoué sur plein de domaines. Oui la méchanceté du système repose sur ce postulat suivant. « Remplissons nous la panse et faisons proliférer la misère pour que plusieurs viennent nous rejoindre dans notre mystique nébuleuse, qui nous permettra de sucer davantage les énergies le sang et les richesses du pays ». Voila comment la bande des sorciers qui nous tuent et qui tuent le pays raisonnent .Ne nous étonnons pas de voir ce type d’images de maisons qu’on trouve dans une capitale . pardon il s’agit de campements

  7. J3FF dit :

    je propose qu’un collectif citoyen(du genre « y en a marre » au Sénégal ou balai citoyen au Burkina) se forme pour prendre à son compte le contenu de cet article, l’imprimer en affiches et flayers et les répandre aux 4 coins du Gabon:les coller sur tous les murs du pays,les distribuer sur les marchés,dans les carrefours,à la sortie des bureaux,des églises,des lycées et des facs,envoyer des personnes le lire et traduire dans les villages,afin qu’aux élections chaque gabonais qui donnera sa voix pour un t-shirt et un sac de riz(vendra son pays) ne dise plus qu’il ne savait pas !
    personnellement c’est depuis le lycée que j’entends ce discours et que je vois le gabonais s’accommoder de la fatalité du « on va encore faire comment ».SVP RELAYEZ CETTE PROPOSITION SUR LES RESEAUX SOCIAUX avec le lien qui renvoie à cet article(si possible).SOYEZ PATRIOTES !!!!!!et un jour vous pourrez dire à vos enfants  » J’y ai contribué! »

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