Projet plus utopique que réaliste pour les uns, matérialisation du «Gabon industriel» pour les autres, plus de trois ans après son lancement officiel, la Zone économique à régime privilégié (ZERP) de Nkok convainc peu. Armel Mensah de l’Autorité administrative (AAN) s’en défend.

Armel Mensah. © Gabonreview

Armel Mensah. © Gabonreview

 

Gabonreview : Près de quatre ans après son lancement, quel bilan tirez-vous de la zone économique spéciale de Nkok ?

Armel Mensah : La Zone économique à régime privilégié (ZERP) de Nkok s’inscrit dans le cadre de la loi 10/2011 qui porte règlementation des zones économiques à régime privilégié au Gabon. La ZERP de Nkok a été créée en 2012 par le décret 461. Passer d’une forêt secondaire d’une superficie de 500 hectares à un espace totalement viabilisé a nécessité quatre années. Ce qui est un exploit au regard du temps moyen d’aménagement d’un espace de cette superficie. D’autres zones, lancées dans le même temps en Afrique, n’ont pas connu le même rythme de développement.

Rond-point à l’intérieur de la ZERP de Nkok. © mines.gouv.ga

Rond-point à l’intérieur de la ZERP de Nkok. © mines.gouv.ga

Pour rendre le site opérationnel et accueillir les investisseurs, il nous fallait développer toutes les infrastructures. Aujourd’hui, l’autonomie en eau, la fourniture en électricité et le traitement des eaux usées sont assurés, de même que le réseau routier interne à la ZERP de Nkok qui est opérationnel et le quai d’évacuation par voie fluvial vers le port d’Owendo en cours d’achèvement.

Sur le plan administratif, il était impératif d’assurer la présence sur site de l’Autorité administrative (AAN) qui assure l’exclusivité de toutes les demandes des opérateurs qui y sont installés. A cet effet, depuis décembre 2014, l’AAN est effectivement sur site. Elle abrite en son sein un guichet unique, constitué de 16 administrations publiques, qui accompagne au quotidien les opérateurs dans leurs formalités. Au bout de quatre ans, c’est donc une zone totalement fonctionnelle qui a été développée et qui a nécessité un investissement de 347 milliards de francs. Notons cependant que nous avons, durant la mise en place de ces infrastructures, 76 investisseurs nous ont fait confiance en acquérant des parcelles, et certains d’entre eux se sont lancés dans la construction d’usines parallèlement au développement des infrastructures. Ce qui nous permet de compter à ce jour huit entreprises en phase de production qui génèrent 634 emplois directs composés à 83% de nationaux. Il y a également dix usines en construction et qui devraient entrer en production au cours de cette année.

L’Afrique compte de nombreuses autres zones économiques spéciales. Des ZES se développent dans la sous-région d’Afrique centrale (Congo et Guinée équatoriale). En quoi la ZES de Nkok se démarque-t-elle des autres ?

La ZERP de Nkok est la toute première ZES opérationnelle dans l’espace Cemac. En ce sens, nous avons une longueur d’avance sur nos voisins. Il est important de noter que les ZERP du Gabon ont un avantage comparatif certain au regard de la stabilité économique et politique du pays confirmé par les premières places qu’elle occupe dans la zone Cemac pour ce qui est de l’environnement des affaires (rapport Doing Business 2015 de la Banque Mondiale), de la liberté économique (indice mondial 2015 du Wall Street Journal), de la compétitivité de son économie (Rapport 2014-2015 sur la compétitivité mondiale du World Economic Forum) et de l’évaluation risque-pays (rapport Coface 2015).

Ceci étant, outre les avantages fiscalo-douaniers très attractifs qui sont offerts au sein de la ZERP de Nkok, nous sommes conscients que ces derniers pourraient être accordés par d’autres ZES africaines. Ce qui nous conduit à mettre l’accent sur la valeur humaine d’accompagnement du service public comme un atout considérable pour nous distinguer des autres ZES. Nous misons donc sur un accompagnement personnalisé aux investisseurs pour garantir l’efficacité de notre service et s’assurer que ces derniers se concentrent exclusivement sur leurs activités. L’Autorité administrative dispose d’un pool de chargés des relations aux investisseurs qui suivent chacun un portefeuille d’investisseurs en s’assurant que toutes leurs demandes auprès des différentes administrations publiques soient traitées dans des délais optimaux. Ainsi, l’opérateur n’a qu’un seul intermédiaire pour l’ensemble de ses formalités administratives.

Un bâtiment à l’intérieur de la ZERP de Nkok. © mines.gouv.ga

Un bâtiment à l’intérieur de la ZERP de Nkok. © mines.gouv.ga

De nombreuses observations font état des coûts élevés des parcelles et de l’électricité dans la ZES. Les investisseurs sont particulièrement regardants sur ces aspects. Estimez-vous que ces coûts sont de réels obstacles au développement de la zone ?

De prime à bord, le prix des parcelles peut paraître élevé et gruger dans le montant d’investissement des opérateurs que nous souhaitons avoir sur le site. Cependant, il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas de prix arbitraires et qu’ils sont déterminés sur la base de la valeur de l’investissement qui a été consenti pour rendre cette zone viable.

Ceci étant dit, un effort est fourni par les deux parties prenantes, le gouvernement gabonais et son partenaire privé (GSEZ). D’une part, le gouvernement subventionne le prix de l’électricité qui représente un poste de dépense essentiel dans la structure de coût de production des usines, et d’autre part, le partenaire responsable de la vente des parcelles offre des flexibilités sur la période de paiement des lots afin d’atténuer l’impact immédiat de cette charge sur leur trésorerie.

Les communications sur la ZES mettent en avant son caractère multisectoriel. A-t-elle vocation à accueillir toutes les industries ?

En effet, bien que l’industrie du bois soit un secteur privilégié pour remonter la chaîne de valeur de cette importante ressource naturelle dont dispose notre pays, il a été décidé que la ZERP de Nkok ait un caractère multisectoriel en concordance avec les secteurs prioritaires définis dans la Stratégie Nationale d’Industrialisation (SNI), déclinaison du pilier Gabon industriel du PSGE. Ainsi, outre l’industrie du bois, les industries agroalimentaire, métallurgique, chimique et des matériaux de construction sont celles qui sont privilégiées. A ce jour, les entreprises implantées ou en cours d’implantation ont essentiellement comme activité la transformation du bois (1er, 2ème et 3ème transformation), les fabrications du fer à béton et des lingots de métaux non ferreux (aluminium et cuivre), de batteries de véhicule, de médicaments et de bouteilles de gaz industriel liquéfié.

 

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Carlos dit :

    je pense pas que trois après soit assez nécessaire pour juger de la fiabilité d’un projet de ce type

  2. Fonctionnaire dit :

    Non « RUDIGER »,il faut 10 générations de BONGO pour mesurer des retombées de DELTA SYNERGIE …..tchippp….!!!!! ALI DÉGAGE !!!!!Nous voulons la paix …….ALI DÉGAGE !!!!

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