Grève à Addax Petroleum : L’Onep accuse la justice de partialité
Pour avoir initié une grève sur les sites de l’opérateur Addax Petroleum, l’Organisation nationale des employés du pétrole a fait l’objet de poursuites judiciaires. Sauf que l’Onep y voit l’acharnement d’une justice partiale.
Dans le bras-de-fer qui oppose, depuis quelques temps, l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) et Addax Petroleum, la justice a récemment été mise en cause par la première, en raison d’un trop grand empressement à juger les affaires de ses accusateurs quand ses plaintes connaissent une certaine lenteur dans le traitement. Pour Paul Aimé Bagafou, qui a adressé une correspondance au président du tribunal de première instance de Port-Gentil, le 27 avril dernier, il s’agit de dénoncer «la différence de traitement entre les employeurs et les travailleurs» par une justice qui semble plutôt partiale.
Alors que la négociation a abouti entre Addax Petroleum et l’Onep, qui s’est matérialisée par la suspension de la grève et la reprise des activités, le pétrolier chinois a transmis à l’organisation syndicale, le 24 avril 2015, une assignation en référé d’heure à heure aux fins de cessation de grève illicite. Une bien curieuse plainte transmise le jour même où les parties et les représentants de l’administration publique étaient en séance de rédaction du procès-verbal de conciliation partielle. Ce qui n’a pas permis à l’Onep de préparer sa défense pour l’audience du 27 avril dernier, et qui l’a contraint à solliciter un report, en raison de l’absence de son avocat. Demande rejetée. Motif : «Les règles d’un référé d’heure à heure demandent que l’affaire soit traitée dans les 24 heures», rapporte le secrétaire général de l’Onep, qui s’en offusque, et à qui il a été demandé de rédiger un argumentaire de défense à transmettre le jour d’après pour une nouvelle audience. Acharnement ? Partialité ? Pour Paul Aimé Bagafou, le fait est révélateur du parti pris de la justice.
Selon le leader syndical, «l’article premier, alinéa 4 de la Constitution de la République gabonaise stipule que ’’les droits de la défense, dans le cadre d’un procès son garantis à tous’’». Le rejet prononcé par le tribunal suite à sa demande de report du procès interroge à plus d’un titre. D’autant que la reprise du travail avait déjà été ordonnée par le syndicat. «Nous devons à la vérité faire observer que lorsque notre syndicat est poursuivi par les employeurs en cessation de grève illicite, l’ordonnancement des requêtes se fait sans délai par le tribunal. Mais lorsque notre organisation syndicale poursuit les employeurs en cessation d’entrave au droit de grève, nous constatons, hélas, en dépit de la même urgence, un défaut de diligence du tribunal pour ordonnancer ces requêtes en référé d’heure à heure. Ce qui nous est assimilable à un traitement discriminatoire», s’est emporté Paul Aimé Bagafou, avant de citer parmi les exemples de cette justice à deux vitesses, les requêtes en référé d’heure à heure des affaires mettant en cause Addax, Total Gabon, Caroil Gabon et SPIE OGS, qui n’auraient été traitées que plusieurs semaines plus tard, bien qu’introduites au cours de la grève générale illimitée de décembre 2014.
«Vous conviendrez avec nous qu’il s’agit là d’une violation répétée d’un droit protégé par la Constitution de la République gabonaise sur l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans aucune distinction», écrit-il au président du tribunal de première instance de Port-Gentil.
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