Consécutivement au scandale informatique qui la secoue actuellement, la Société d’énergie et d’eau du Gabon a déposé deux plaintes, le 9 août, pour vol et détournement, et même cybercriminalité. Plusieurs supposés coupables sont entendus à la Direction générale des recherches (DGR) et les bénéficiaires de cette fraude commenceraient à se manifester rendant l’affaire plus sensible. Seront-ils interpellés ? Comparaîtront-ils ? Les enquêteurs ont-ils les moyens de démanteler le réseau ? 

L’avocat et le comité directeur de la SEEG, le 14 août 2024, à Libreville. © Gabonreview

 

C’est une affaire qui cristallise les attentions depuis plusieurs jours mais qui durerait depuis quelques années. Entamée sous l’ère du président déchu, cette saga méconnue voit un nouveau chapitre s’ouvrir avec la découverte de la supercherie par les agents affectés à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). S’interrogeant sur l’augmentation anormale du nombre d’abonnés SEEG sans corrélation avec une hausse de revenus, ils ont découvert un vaste réseau de fraude. Si celle-ci ne concerne que les compteurs d’électricité Edan, elle est d’une telle ampleur qu’elle touche l’ensemble du réseau de la SEEG, sur l’ensemble du territoire national.

Chaque jour de nouveaux éléments

S’exprimant à ce propos le 14 août, l’avocat de la SEEG a annoncé le dépôt de «deux plaintes le 9 août pour vol et détournement». Selon Me Anges Kevin Nzigou, «les investigations en cours révèlent chaque jour de nouveaux éléments qui dévoilent l’ampleur de cette immense fraude». Les premières découvertes, a-t-il expliqué, «montrent que cette fraude comparable à une véritable pieuvre a entraîné un gouffre financier considérable». Certaines indiscrétions évoquaient un montant de 27 milliards de francs CFA mais des sources bien introduites assurent qu’il s’agit de bien plus.

Les suites de l’enquête devraient permettre d’y voir plus clair mais déjà, l’avocat affirme que «les bénéficiaires de cette fraude qui se dissimulaient dans l’ombre, commencent à se manifester rendant l’enquête plus sensible».

Qui sont-ils donc pour rendre l’affaire «plus sensible» ? D’aucuns estiment qu’à un tel niveau de fraude, ils sont forcément protégés par de gros bonnets de la République. Dans les salons feutrés, des noms sont cités ici et là. Ceux de certains «intouchables» sous le pouvoir déchu qui, en plus d’avoir réussi à préserver leurs privilèges, seraient encore dans les arcanes du pouvoir. «Des étrangers», assurent certaines indiscrétions sans relents xénophobes. Ceux-là mêmes, qui menaceraient de mort l’actuel directeur général de la SEEG.

Des menaces, des intrigues, de la compétence

Si, interrogé à ce propos le 14 août, le DG assure faire confiance aux militaires au pouvoir, une autre question légitime taraude bien d’esprits. Les officiers de police judiciaire (OPJ) mis sur cette affaire ont-ils les moyens les compétences et les moyens techniques pour débusquer un réseau agissant sur des plateformes virtuelles ? L’enquête de la SEEG aurait, en effet, révélé la permanence d’un serveur «Supprima 3», censé ne plus être en production et ayant été débranché, sans pour autant mettre fin à ce piratage. Un réseau parallèle aux allures d’une SEEG bis a ainsi été créé.

Son démantèlement relèverait en grande partie de la compétence des cyber-enquêteurs et des moyens qui seront déployés. Le gouvernement de la Transition mettra-t-il ces moyens pour que l’enquête aboutisse ? Selon Anges Kevin Nzigou, les auteurs de ces vols et détournements sont également coupables de cybercriminalité au sens de la loi portant réglementation de la cybersécurité et de la lutte contre la cybercriminalité en République gabonaise. Ils encourent des sanctions sévères pour avoir commis des infractions au moyen ou sur un réseau de communication électronique ou un système d’information. Un ensemble de faits qui souligne la gravité des actes commis et l’engagement de la SEEG à protéger ses infrastructures et ses clients contre de telles menaces.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Hermann O. dit :

    Si l’implication de certains « barons » est avérée, nous pouvons d’ores et déjà nous attendre à un non-lieu, abandon de charges ou une enquête qui ne connaitra jamais de dénouement. Ainsi va la justice dans notre pays. Peut-on un seul instant croire que les précédents DG qui se sont succédés ces dernières années à la tête de cette entreprise n’ont à aucun moment constaté le manque de corrélation entre le nombre d’abonnés et les revenus?

  2. Mezzah dit :

    Le peuple tout entier attend que la justice agisse avec la plus grande fermeté.
    Il faut imaginer le nombre de clients qui ont été impactés, les travaux d’extension qu’on n’a pas pu réaliser, les embauches d’agents qui n’ont pas pu se faire, les augmentations des salaires qui ont été gelées, bref la dégradation de l’outil de production de l’entreprise et donc le recul de l’indice de développement du pays.
    Pour ces raisons non exhaustives, la main Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA et celle de la justice ne doivent pas trembler. Le peuple vous observe. Vous avez démontré la fermeté à l’égard les activistes c’est une bonne chose, maintenant vous devriez poursuivre.

  3. ronimbaminko dit :

    Voila comment le patrimoine de L’Etat est massacré par des hommes sans foi ni loi et après on va crier aux manques de compétences des DG, ET surtout que par après on déclare les structures en faillites pour les brader a des étrangers a des sommes dérisoires, rendant le pays esclave des filiales étrangères. tout ceci causé par des gens véreux a l’esprit étriqués qui n ont même pas pitiés de leur propre patrie. le Re-ndama, le Radisson, les chaines hôtelières des provinces toutes sacrifiées a causes de ces habitudes gangreneuses… Allez y savoir.

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