SUCAF renaît de ses cendres et passe sous pavillon émirati avec MFB
Après de longues négociations, le gouvernement gabonais a cédé, après rachat, 90% du capital de Sucaf Gabon, la sucrerie du Gabon, au groupe émirati MFB International. Un nouveau départ pour cette entreprise stratégique. Sucaf Gabon prend une nouvelle dénomination: «Les Sucreries du Gabon S.A.»
A travers une opération visant à sauvegarder la principale sucrerie nationale, le gouvernement gabonais a racheté l’intégralité des actions de SUCAF Gabon au groupe français SOMDIA, avant de céder 90% du capital à MFB International, un conglomérat émirati.
La saga de la reprise de Sucaf, entreprise vieillissante mais stratégique pour l’approvisionnement en sucre du pays, a connu son dénouement le 26 avril 2024 avec la signature d’un contrat cadre entre les autorités et le repreneur turc. L’officialisation de cette opération s’est déroulée à la présidence de la République, en présence du Général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Fin du bras de fer avec Somdia
Confronté au désengagement de Somdia, actionnaire historique opérant via sa filiale mauricienne Makaron, l’État s’est rapidement positionné pour éviter la disparition de la sucrerie. Après négociations, le 9 avril 2024, le ministère de l’Économie et des Participations a acquis la totalité des actions de Sucaf Gabon pour un euro symbolique.
Somdia a donc accepté d’abandonner près de 30 milliards de francs CFA de créances sur Sucaf, tout en s’engageant à rembourser les dettes bancaires, approvisionner le marché local jusqu’à fin mai et verser 1,7 milliard d’indemnités aux salariés sans licenciement.
Le 16 avril, une Assemblée générale extraordinaire a entériné le changement d’actionnariat et la nouvelle dénomination en «Les Sucreries du Gabon S.A.».
MFB Gabon, repreneur aux ambitions plurielles
Désireux de trouver un repreneur solide, le ministère de l’Économie avait lancé un appel d’offres ayant débouché sur les négociations avec MFB International. Implanté dans plusieurs pays africains, ce groupe émirati présidé par Mehmet Faruk Basturk était prêt à s’engager sur le long terme.
Ainsi, pour 1 franc symbolique, MFB Gabon (filiale locale) reprend donc 90% du capital, le solde de 10% restant public. En contrepartie, l’investisseur s’est engagé à une série d’initiatives stratégiques : l’importation de 10 000 tonnes de sucre par trimestre pour pallier la déficience de la campagne sucrière de 2024, un investissement de 11 milliards FCFA pour la modernisation de l’usine. L’accord prévoit également le maintien des emplois actuels (250 postes), la stabilité des prix sur le marché intérieur et le développement d’activités agricoles complémentaires.
Outre deux sièges réservés à l’État au conseil d’administration, les postes clés de directeur général et DRH seront confiés à des Gabonais.
Un bol d’air neuf pour la filière
Pour le gouvernement, ce changement de main apporte une bouffée d’oxygène à la filière sucrière locale. Évitant une fermeture pure et simple, cette opération permet de conserver un outil industriel mais aussi les compétences sur place.
L’arrivée d’un investisseur de dimension internationale aux ressources conséquentes devrait permettre de relancer la production, diversifier les activités agricoles associées et muscler les capacités pour répondre aux besoins du marché national voire régional.
Les avantages de cette transaction pour l’économie gabonaise sont multiples. Premièrement, elle garantit la continuation des activités industrielles clés à l’intérieur du pays et préserve les emplois locaux. Deuxièmement, elle favorise l’entrée d’investissements directs étrangers tout en diversifiant les activités économiques à travers le développement agricole et l’élevage promis par MFB. De plus, l’entreprise a convenu de soutenir le développement des petits producteurs locaux, renforçant ainsi l’écosystème agricole national.
Perspectives et Défis
Bien que l’accord semble prometteur, les défis demeurent, notamment l’intégration des opérations de MFB dans le contexte local et la gestion des attentes communautaires et gouvernementales. Les engagements pris devront être scrupuleusement respectés pour assurer une transition réussie et durable. De plus, la présence renforcée de MFB pourrait redéfinir les dynamiques de marché, avec des implications potentielles pour les prix à long terme malgré les assurances actuelles.
L’acquisition et la restructuration subséquente des Sucreries du Gabon S.A. par MFB Gabon marquent un chapitre décisif pour l’industrie sucrière gabonaise. Cet arrangement illustre comment les interactions stratégiques entre les entités étatiques et les investisseurs internationaux peuvent servir à revitaliser les secteurs clés tout en assurant la stabilité économique et sociale. Reste à voir comment ces plans se dérouleront sur le terrain et quel impact ils auront sur l’économie gabonaise dans les années à venir.
3 Commentaires
Tout comme la concurrence en approvisionnement en eau minérale il faut qu’on puisse voir loin et crée une autre entreprise de production de sucre nationale, ce n’est pas la terre qui manque de même que le personnel
No comment… maintenant on cède notre terre alors que celle-ci est inaliénable… nous n’avons pas dans notre pays, des cadres et des gabonais capables de gérer cette structure?
Comment céder un secteur aussi sensible de notre économie alors qu’on en détient 90%…. et que ca peut être une entreprise pour créer de l’emploi?!
On peut nationaliser le petrole avec le rachat d’Assala; mais on ne le fait pas pour le sucre… bref, je passais
Nous sommes donc définitivement incapables de gerer nos propres ressources…..