Permettre aux journalistes d’accomplir pleinement leur mission sans être inquiété et persécuté, une préoccupation du pouvoir judiciaire gabonais et de l’Unesco, qui ont organisé, ce mercredi 6 décembre 2023 et durant deux jours, le séminaire de formation sur la liberté de la presse et la protection, la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes, à l’endroit des magistrats.

Permettre aux journalistes d’accomplir pleinement leur mission sans être inquiété et persécuté, une préoccupation du pouvoir judiciaire gabonais et de l’Unesco. © Gabonreview

 

Une trentaine de magistrats exerçant au sein de la province de l’Estuaire échange, depuis le 6 décembre, autour du rôle des acteurs judiciaires dans les aspects de poursuite et de protection de la sécurité des journalistes. Cette rencontre d’échanges organisée en collaboration entre l’Unesco et le ministère de la Justice, sur le thème «la lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes et la protection de la liberté d’expression», vise à outiller et renforcer les compétences des magistrats sur ces problématiques afin de contribuer à inverser la courbe ascendante des entorses faites à la liberté d’expression et d’assassinats des professionnels des médias.

En ouvrant les travaux, le représentant du ministre de la Justice, l’inspecteur des services judiciaires, César Apollinaire Ondo Mve, a rappelé la place qu’occupe la justice dans un État de droit et le contexte particulier dans lequel, le Gabon évolue actuellement avec pour objectif la restauration des institutions. «Le quatrième pouvoir a aussi besoin de se restaurer et cette aventure ne peut pas se faire sans l’accompagnement de la justice. Il n’y a pas d’indépendance de la magistrature dans un pays où il n’y a pas de liberté de la presse. Le premier complice d’une magistrature indépendante, c’est la presse. Et il n’y aura pas de presse libre sans une magistrature qui est derrière pour la protéger. Nos énergies doivent converger pour l’intérêt de notre pays», a-t-il indiqué.

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Des médias libres, indépendants et pluralistes, bénéficiant de la liberté d’information et d’expression, sont indispensables au bon fonctionnement de la démocratie. La liberté des médias contribue en effet dans une large mesure à la protection de tous les autres droits de l’homme. Or, d’inquiétants signes de répression et d’atteinte à la liberté des médias s’observent dans plusieurs pays au monde, mais également au Gabon. Les médias subissent différentes formes de pression et de contrôle de leur contenu, ce qui nuit à leur indépendance et à leur pluralisme. Des journalistes continuent à être privés de liberté à cause de leurs activités professionnelles. Il est aussi fait état de cas de harcèlement, d’intimidation et de recours à la violence, voire d’assassinats.

Selon le directeur général de l’École nationale de la magistrature, Pierre Ndong Aboghe, en 2023, plus de 1600 journalistes ont été assassinées dans le monde et 9 sur 10 cas d’assassinats restent impunis, du fait sans doute du recul ou de l’indifférence de la justice. Le métier de journaliste devient ainsi le métier le plus risqué au monde, ce qui n’encourage guère de nombreuses vocations.

«En réalité, si ces atrocités perdurent, c’est parce que la justice est soit faible ou complice. Que serait alors un monde sans presse, ou plutôt sans presse libre et courageuse ? Pour la survie de cette belle profession et la protection de ses acteurs, une implication forte des magistrats est attendue en vue de contrer cette spirale de crimes. Il appartient en conséquence aux juges de s’armer de courage en refusant les ordres illégaux et en réprimant les commanditaires de meurtres de journalistes sans le moindre relâche», a-t-il déclaré, estimant qu’un appareil judiciaire neutre et implacable qui ne recule pas devant le statut social ou politique du criminel dissuaderait plus d’un et ferait considérablement baisser la courbe exponentiellement ascendante d’assassinats de journalistes dans le monde.

Selon l’Unesco, l’objectif majeur de cette rencontre est de discuter, pendant deux jours, des principes fondamentaux de la liberté d’expression, des conventions internationales et régionales, du rôle du journaliste dans une société démocratique, des normes pour les enquêtes et les poursuites, ainsi que des questions relatives à la preuve et à la protection des sources journalistiques.

«En tant qu’acteurs judiciaires, les magistrats ont un rôle crucial à jouer, notamment en qualité de responsables de l’engagement des poursuites et, dans certains cas, de la supervision des enquêtes pénales (…).Vous serez appelés à appliquer ces connaissances pendant des exercices pratiques, vous dotant ainsi de moyens nécessaires pour traduire les délinquants en justice, conformément à la loi», a souligné l’administrateur des programmes au bureau Unesco au Gabon, le Dr Thierry P. Nzamba Nzamba, représentant le chef de Bureau Eric Voli Bi.

 
GR
 

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