Le 1er septembre dernier, le Conseil d’administration de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) a décidé de mettre le Gabon sur surveillance active pendant trois mois, en raison du coup d’État militaire opéré, le 30 août dernier. Une décision qui semble compliquer l’équation du pays dans la mise en œuvre des exigences ITIE. Dans l’interview ci-après, le point focal du collège de la société civile au Groupe multipartite (GMP), Guy René Mombo Lembomba, ne cache pas ses craintes quant à une seconde exclusion du pays de cette Initiative qu’il a réintégré en octobre 2021.

Le point focal du collège de la société civile au Groupe multipartite (GMP) de l’ITIE Gabon, Guy René Mombo Lembomba. © D.R.

 

Gabonreview : Le Conseil d’administration de l’ITIE a rendu publique sa décision sur le Gabon. Pensez-vous que le pays pourra éviter cette suspension qui est pendante ?

Guy René Mombo Lembomba : Le pays est doublement exposé au risque de suspension. D’abord, si l’inaction ou les tergiversations se poursuivent autour de l’importance et l’urgence de mettre enfin en œuvre les mesures correctives telles que présenter par le collège élargi de la société civile dans sa note de position. Ensuite, l’impréparation du pays en vue de la validation ITIE prévue, le 1er juillet 2024.

Comment en est-on arrivé là ?

Il s’agit d’une condamnation de principe correspondant à la suspension pour cause d’instabilité politique ou de conflit prévue par la norme ITIE dans son volet de suivi de la mise en œuvre de l’ITIE par le Conseil d’administration à l’article 8.2.

Ensuite, le coup de «liberté» du 30 août a précipité et accéléré les fractures liées aux faiblesses institutionnelles et de la gouvernance approximative du GMP de l’ITIE-Gabon. Il ne s’agit pas plus de la suspension pour cause de non-respect des principes et exigences de l’ITIE, toutefois une évaluation sera menée à cet effet pour en avoir le cœur net.

Comment s’y prendre durant les trois mois pour éviter une sortie de route du Gabon comme ce fut le cas le 27 février 2013 lorsque le pays avait déjà été radié de l’ITIE ?

Le Groupe multipartite devrait élaborer et adopter un plan d’urgence de cette période. À ce sujet, le collège de la société civile, dans sa note de position ayant servi au plaidoyer, avait déjà tout anticipé en proposant des recommandations. Ces dernières seront complétées par celles qui figurent dans le document de l’état des lieux de la mise en œuvre de l’ITIE au Gabon.

Pensez-vous que le sort du Gabon est scellé pour une suspension après le 9 janvier 2024 ?

Il revient aux décideurs de ne plus tergiverser, hésiter et de confirmer l’engagement du pays pris le 25 janvier 2021 à travers la lettre de l’ancien président de la République et en prenant au sérieux les différentes suggestions honnêtes émanent du collège élargi de la société civile. Le compte à rebours a commencé, le 9 octobre 2023, place à l’action en mobilisant les moyens et ressources de toute nature (humaines, techniques, financières).

Concernant la validation prévue le 1er juillet 2024, le Gabon peut-il obtenir le statut de pays conforme ITIE ?

Vous allez vite en besogne. Commençons déjà par apporter des solutions pérennes aux défis conjoncturels et structurels de la mise en œuvre de l’ITIE au Gabon et au bon fonctionnement de l’ITIE-Gabon, le reste suivra. Toutefois, je ne peux m’empêcher de souligner que je reste pessimiste à cause des faibles scores enregistrés à ce jour au sujet de la mise en œuvre des exigences. La validation ITIE n’est donc pas acquise, mais davantage en péril si la situation reste en l’état.

Quel est votre mot de la fin ?

La déclaration du président de la Transition, chef de l’État, de respecter les engagements nationaux et internationaux du Gabon implique le triomphe des objectifs de la transparence des industries extractives dont les populations rêvent d’être enfin les premiers bénéficiaires.

 

 
GR
 

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