Malgré des départs importants, le parti politique Les Démocrates se montre plutôt hyperactif et mobilisé ces dernières semaines. Ayant purgé sa peine de trois mois de prison avec sursis, Guy Nzouba-Ndama, son leader, serait un homme libre sur le plan politique. Principale force de l’opposition, avec des élus influents, Les Démocrates espèrent et laissent entrevoir que Nzouba-Ndama pourrait se présenter à l’élection présidentielle malgré quelques inquiétudes concernant l’indépendance du système judiciaire.

«Il n’y a aucune restriction juridique qui ferait que monsieur Nzouba ne présente pas à l’élection présidentielle, sauf la peur !» © Montage GabonReview

 

Passés les mois, passées les émotions consécutifs à une interpellation ayant fait scandale pour avoir passé la frontière congolaise avec plus d’un milliard de francs CFA, Guy Nzouba Ndama se prépare-t-il à un rebond ?

Les derniers événements survenus dans son parti politique, Les Démocrates (LD), notamment le départ de certains de ses membres les plus emblématiques, – Séraphin Akure-Davain, Jonathan Ignoumba et Léon-Paul Ngoulakia – semblent déjà loin dans le rétroviseur de Guy Nzouba Ndama et n’ont visiblement pas ébranlé l’ardeur de son parti.

Moral et effectifs des troupes non-entamés

Ces derniers temps, en effet, une intense activité a été observée chez Les Démocrates. Des missions de la formation politique parcourent l’hinterland, implantant des délégations locales, déterminant des listes pour les prochaines consultations, notamment législatives et locales. Le 24 juin dernier, par exemple, les Démocrates se sont réunis à Libreville avec des élus et militants venus de l’intérieur du pays. Débordé, le siège du parti au Bas de Gué-Gué pouvait refuser du monde. S’ils étaient venus, selon la formule d’un délégué arrivé de Booué, « pour discuter de tout » avec la hiérarchie de LD et « être fixé sur l’avenir du parti après tous ces départs et face à l’élection présidentielle qui arrive », ils voulaient surtout démonter leur constance envers le parti. L’occasion pour leurs élus de contredire la charrette annoncée par Jonathan Ignoumba, devant Ali Bongo, au moment de sa démission inopinée de LD.

Les sénateurs, députés et conseillers municipaux et locaux ont, d’ailleurs, ce jour-là, unanimement, réitéré l’attachement à leur écurie politique. « Nous sommes et restons Démocrates », a alors déclaré le Sénateur du département de la Douigni (Moabi), Olivier Mavouroulou-Mavouroulou, président du groupe parlementaire LD au Sénat et conseiller de Guy Nzouba-Ndama.

Condamnation échue depuis le 23 mars

Condamné le 23 décembre dernier à trois mois de prison avec sursis pour détention illégale de marchandises prohibées (1,2 milliard de francs CFA en liquide dans ses valises, à son retour du Congo-Brazzaville), l’ancien président de l’Assemblée nationale a largement purgé sa peine. Les trois mois étant échus en mars 2023.

En principe, « le sursis signifie que la peine ne sera pas mise à exécution, à condition que la personne condamnée ne réitère pas l’infraction en question pendant le délai donné. C’est une peine dissuasive. Elle est révoquée si le condamné commet à nouveau une infraction dans le délai d’épreuve », explique R. Minko, assistant juridique dans un cabinet d’avocat. Pour autant, Guy Nzouba-Ndama est-il un homme libre ? « Cette condamnation ne l’a jamais privé de ses droits politiques », soutient Me Lubin Ntoutoume, l’un de ses avocats, joint au téléphone. « La condamnation avec sursis n’a aucune incidence sur ses droits civiques et politiques », indique un autre avocat habitué des prétoires politiques.

Assignation à résidence : « aucune restriction juridique, sauf la peur »

Différente de la condamnation à résidence surveillée, « l’assignation à résidence est synonyme de la détention préventive », explique le dernier avocat cité, poursuivant : « imposée pour des raisons d’ordre public, elle s’accompagne parfois même d’une restriction des moyens de communication. Or, chez Nzouba, il n’y a même pas de gendarmes ou de policiers. C’est pas la prison. »

Imposée au patron LD depuis son arrestation, l’assignation à résidence n’a également plus lieu d’être, à en croire ce qu’avait déclaré sur RFI en décembre 2022 Me Loundou Dibangoyi, un autre de ses avocats. S’il reste que ceux-ci s’étaient pourvus en Cour de cassation et que la procédure est pendante, un juriste ayant requis l’anonymat soutient mordicus que «rien n’empêche Guy Nzouba Ndama de se porter candidat à une élection». Et, allant dans le même sens, l’avocat cité plus haut d’enfoncer le clou : « il n’y a aucune restriction juridique qui ferait que monsieur Nzouba ne présente pas à l’élection présidentielle, sauf la peur ! »

Pour l’heure, Les Démocrates restent la plus grande force politique de l’opposition en termes d’élus. Des personnalités bien connues du public figurent toujours dans son fichier membres. Notamment, Jean Mindoumbi, ancien ministre, ancien sénateur ; Dominique Guieno, ancien ministre ; Philippe Nzengué Mayila, ancien ministre, ou encore Paulin Obiang Ndong, docteur en médecine vétérinaire, ancien directeur d’Agrogabon (actuel Siat Gabon). Du fait de quatre départs, la formation politique qui comptait 10 députés en garde encore 6. Elle comptabilise également 4 sénateurs et 215 conseillers municipaux et départementaux. La machine LD va-t-elle s’ébrouer pour placer Nzouba Ndama sur la ligne de départ de la course pour le fauteuil présidentiel ? De nombreux Démocrates y croient, bien que certains d’entre eux craignent et déplorent un appareil judiciaire national aux ordres.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. CYR Moundounga dit :

    Bsr. Il sera candidat. Amen.

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