Gabon : Arguments pour l’uniformisation du calendrier académique dans le supérieur public
L’enseignement supérieur public gabonais pourrait connaître une profonde réforme dans les prochains mois menant à uniformisation du calendrier académique avec des bornes de début et de fin d’activités académiques, compris entre le mois d’octobre et juillet. Le but ? Revenir aux normes calendaires en vigueur dans les universités de l’espace francophone, améliorer la qualité des apprentissages et créer des bulles de bien-être afin de favoriser la réussite des étudiants tout en préservant le même volume d’apprentissage.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, Patrick Mouguiama Daouda, a échangé le 17 mars dernier avec les responsables d’établissement supérieur du public et les partenaires sociaux, sur les contours du projet d’uniformisation du calendrier académique pour toutes les universités et grandes écoles à partir de la rentrée 2023-2024. Une initiative visant à retrouver le sens de la normalité calendaire universitaire.
Normalité calendaire et bornes de l’espace universitaire francophone
En effet, si les grandes écoles publiques du Gabon assurent tenir un calendrier académique pas très éloigné de la norme calendaire et des bornes établies au sein des universités de l’espace francophone, du côté des universités, notamment l’Université Omar Bongo et l’Université des Sciences et Techniques de Massuku, les années académiques connaissent une totale perturbation depuis près de cinq. Pendant que certains départements s’apprêtent à clore une année académique, d’autres ne sont qu’au démarrage de la même année. Soumettant le calendrier académique à des modifications profondes sans aucune harmonisation préalable au niveau du ministère de tutelle.
«Il faut constater que depuis environ 5 ans, il y a un désordre calendaire qui s’est installé et qui pose de véritables problèmes dans le fonctionnement des établissements. Il est donc question pour la tutelle de remettre de l’ordre en proposant un calendrier unifié pour toutes les universités et grandes écoles à partir de la rentrée 2023-2024. Monsieur le ministre a proposé des bornes de calendrier qui partiraient du mois d’octobre pour juillet, c’est-à-dire, tout établissement d’enseignement supérieur public doit tenir compte de cette périodicité. C’est une exigence de normalité qui est salutaire pour notre système éducatif d’enseignement supérieur», a rappelé le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur, le professeur Frédéric Mambenga Ylagou.
Assentiment des forces syndicales et des grandes écoles
Perçue comme une initiative qui vient à point nommé pour la plupart des établissements d’enseignement supérieur public, cette proposition avait été faite au gouvernant fin octobre 2020 par le Syndicat national des enseignants chercheurs (Snec). L’organisation syndicale l’accusait alors de se préoccuper principalement du sauvetage des années à travers le bricolage et le colmatage de brèches plutôt que de sauver les étudiants.
L’uniformisation du calendrier académique parait plus facile à obtenir au sein des écoles supérieures et nécessiterait cependant des préalables plus sérieux au sein des universités publics. «De façon globale, la plupart des établissements sont tout à fait disposés à pouvoir débuter en septembre pour la rentrée administrative et en octobre pour le début des cours en dehors des universités. Concernant l’IUSO, nous terminons notre année académique à la fin du mois de juin et nous partons définitivement en vacances le 14 juillet pour reprendre le 18 septembre rentrée administrative et le début des cours pour la rentrée académique 2023-2024, le 16 octobre», a assuré la directrice générale de l’Institut universitaire des sciences de l’organisation, Marcelle Ibinga épouse Itsitsa.
Pour le directeur général de l’Institut national des sciences de gestion (INSG), Jocelyn Nembé, cette perturbation calendaire est un problème général. «En effet, souvent dans les établissements, nous avons l’impression que nous sommes les seuls à avoir un problème de calendrier. Mais c’est un problème général et ce problème est dû au fait que le calendrier des décaissements dans les écoles et les universités n’est ni régulier, ni uniforme. Ce qui fait que, souvent, les établissements prennent du retard sur des actes académiques qui sont censés marquer l’évolution des étudiants, notamment les soutenances et les délibérations. À la suite, il est souvent difficile de rattraper les retards qui ont été pris», a-t-il déploré, saluant l’initiative de la tutelle à vouloir donner un cadre avec un marqueur de début et un marqueur de fin pour que l’ensemble des établissements essaient de coller à ce cadre.
Uniformisation et règlement des problèmes générateurs de grèves
Si pour le recteur de l’université Omar Bongo, Mesmin Soumaho, il est plus que nécessaire de revenir à des bornes calendaires qui tiennent compte également de l’encrage du Gabon à l’international, pour son collègue président du Snec, Mathurin Ovono Ébè, il y a des bases en amont à poser à cette problématique pour assurer une rentrée universitaire 2023-2024 dépouillée de toute velléité de perturbation, pour un envol durable et certain de l’UOB vers des horizons qui feront sa fierté.
«Nous avons tout simplement rappelé à monsieur le ministre qu’on a beau uniformiser le calendrier 2023-2024, comme il le souhaiterait, mais si tous les problèmes ne sont pas réglés en amont, on retombera toujours dans ce dérèglement calendaire. Oui, uniformisation des calendriers, mais cette uniformisation ne sera pas respectée tant que les problèmes qui sont générateurs des grèves ne sont pas réglés. Nous appelons les autorités gouvernementales à construire, mais lorsque nous parlons de construire, il ne s’agit pas nécessairement des édifices, même si cela fait partie des choses à construire, mais, il y a des textes à construire, tout un état d’esprit à construire» a explqué le professeur Mathurin Ovono Ébè.
Un calendrier académique uniformisé et fixé par l’autorité de tutelle est vivement souhaité pour résoudre le problème qui semble plus profond que jamais. Toutefois, au vu de la complexité du débat, il faudra patienter avant de connaître la décision finale des acteurs du milieu. «Le ministre nous a suggéré un certain nombre d’orientations et de pistes que nous allons étudier», a souligné le professeur, Mesmin Soumaho.
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