[Tribune] Paulette Missambo interroge les objectifs de la ‘Concertation’ et décline les attentes de l’Union nationale
«La concertation qui s’ouvre ce lundi ne doit pas être une nouvelle version des Accords de Paris, des Accords d’Arambo ou du Dialogue d’Angondjé », estime la présidente de l’Union nationale. S’interrogeant sur les objectifs spécifiques, le cadre méthodologique et organisationnel de ladite concertation, mais aussi sur la dissimulation, l’opacité et la rouerie ayant entouré sa préparation, ou encore le refus du ministère de l’Intérieur de différer le processus ayant débouché «sur un bureau du CGE totalement irrégulier» et le mutisme de la Cour constitutionnelle à ce sujet, Paulette Missambo se demande si ces assises visent réellement des élections libres, transparentes et inclusives ou si elles ne sont qu’un subterfuge pour obtenir un report des élections.
Ce lundi 13 février 2023, les Partis politiques sont conviés au « lancement des Assises de la concertation politique » censée jeter « les bases de la préparation des scrutins au lendemain apaisé« . Pour la première fois dans notre histoire, le pouvoir choisit d’organiser une concertation politique avant les élections. Nous pouvons nous féliciter de ce sursaut qui, quoique tardif, confirme la justesse de nos analyses et la pertinence de nos propositions. En prenant une telle option, le pouvoir nous indique avoir enfin pris conscience de la gravité de la situation dans laquelle des élections truquées ont plongé notre pays. Afin que la participation de l’Union Nationale ne soit pas interprétée comme un blanc-seing ou comme l’expression d’une quelconque connivence, il importe de rappeler ici quelques fondamentaux.
Qu’est-ce qu’une concertation ? La concertation est « une pratique qui consiste à rechercher un accord, une entente, en vue d’une prise de décision ou d’un projet commun, entre toutes les personnes concernées, qu’elles aient des intérêts convergents, complémentaires ou même divergents« . La concertation n’est ni la négociation, qui consiste à discuter des conditions d’un arrangement, ni la consultation, qui consiste à recueillir les avis des parties prenantes. Si elle n’aboutit pas nécessairement à une décision, la concertation vise à faire émerger l’intérêt général. Elle a donc pour finalité une meilleure appropriation des politiques, lois et décisions par les usagers, c’est-à-dire les citoyens. Elle repose sur deux étapes fondamentales : la définition du mandat et la mise en débat du projet.
Dans le cas qui nous concerne, la première étape n’a toujours pas été dévoilée. Nous sommes tous au fait du contexte et des justifications. Il est désormais clair pour tous que le Gabon traverse une crise multidimensionnelle, que le désespoir se répand et que chacun s’interroge avec gravité sur son avenir et celui de notre pays. Nul ne conteste que les élections présidentielles de 2009 et 2016 ont été organisées de la pire des manières, qu’elles se sont soldées par des contestations légitimes et de sanglantes répressions ayant conduit à la mort de nombreux Gabonais. Mais à ce jour, nous sommes toujours dans l’attente des objectifs spécifiques ou du cadre méthodologique et organisationnel de cette concertation à laquelle nous sommes conviés. Pourrons-nous parvenir à des échanges féconds si nous n’avons pas le même niveau d’information ? Pourrons-nous arriver à faire émerger l’intérêt général si nous ne sommes pas capables de nous délester de la dissimulation, de l’opacité et de la rouerie ? Nous en doutons fortement.
Parce qu’elle est intimement liée à la première, la seconde étape semble elle aussi bien mal engagée. Quels qu’en soient les auteurs (Union européenne, Union africaine, Organisation internationale de la Francophonie, partis politiques ou organisations de la société civile), tous les rapports l’affirment : « des scrutins au lendemain apaisé » passent nécessairement par un toilettage du cadre juridique et institutionnel, notamment le Code électoral et le Centre Gabonais des élections (CGE). A priori destinée à traiter de ces questions, la concertation semble condamnée par avance. Le refus du ministère de l’Intérieur de différer le processus a débouché sur un bureau du CGE totalement irrégulier. Le mutisme de la Cour constitutionnelle, y compris après qu’elle ait été saisie par six formations politiques, dont l’Union Nationale, a légitimé les entorses à la procédure et autres violations de la loi. Dans ce contexte, la concertation se trouve vidée de tout sens et de tout intérêt. De quoi allons-nous discuter si l’organe en charge de l’administration des élections est déjà en place ?
Cette question, chacun se la pose depuis au moins le 16 janvier dernier. Déjà, certains de nos compatriotes parlent de « passage en force« . L’appartenance partisane du président putatif du CGE est dénoncée pour mieux indiquer qu’il ne donne aucun gage d’impartialité. Le silence de la Cour constitutionnelle est relevé pour mieux rappeler les collusions existantes. Ces sentences ne peuvent laisser de marbre tant elles montrent que les Gabonais n’ont plus confiance dans les institutions. Initialement présentée comme un moyen d’apaisement, la concertation passe désormais pour une fumisterie, une inutile dépense d’argent, une opportunité pour les uns de se partager des prébendes.
Devant ce constat alarmant, nous énonçons trois préoccupations centrales. La première, la plus importante, est de savoir si la concertation vise des élections libres, transparentes et inclusives ou si elle n’est qu’un subterfuge pour obtenir un report des élections. En y répondant, les organisateurs apporteront des gages de leur sincérité. Ensuite, qui dit réformes juridiques ou institutionnelles dit modification des lois et règlements. Il importe alors que soit proclamé le caractère exécutoire des résolutions qui en sortiront. Leur traduction en projets de textes devra être du ressort de comités paritaires mis en place de façon consensuelle. Enfin, qui dit réforme à venir dit suspension des processus en cours. Le but n’est pas de remplacer l’équipe unilatéralement désignée par le ministère de l’Intérieur pour conduire le CGE, mais de garantir un fonctionnement à la fois démocratique et harmonieux de cette instance. Parce qu’elle a été régulièrement saisie, la Cour constitutionnelle devrait donc déclarer la nullité du bureau du CGE.
Le but recherché par ces propositions, c’est le renforcement de la confiance des citoyens dans le processus électoral. Des lors que les choses seront au clair, les citoyens n’auront plus de raisons de nourrir la suspicion. Même si c’est la présidente de l’Union Nationale qui les exprime, ces propositions ne sont dirigées ni contre un camp ni contre une personnalité quelconque. Elles visent simplement à réconcilier les Gabonais avec la chose politique. La concertation qui s’ouvre ce lundi ne doit pas être une nouvelle version des Accords de Paris, des Accords d’Arambo ou du Dialogue d’Angondjé. En tous points, elle doit s’en distinguer et s’en démarquer. Il n’y a aucun honneur ni mérite à reconduire les mêmes méthodes, à reproduire des stratagèmes qui ont freiné l’épanouissement démocratique de notre pays et empêché l’éclosion de tant de talents. A l’inverse, il est à la fois honorable et méritoire d’agir dans la transparence et le respect de règles préalablement connues et admises par tous.
Cerner l’objet, la portée et l’organisation générale de la concertation est un impératif cardinal. Notre ambition est de contribuer à faire émerger des solutions consensuelles à même de permettre la tenue d’élections libres, crédibles et transparentes dès août 2023. La concertation n’aura de sens que si elle se fonde sur les principes démocratiques : respect du suffrage universel, respect de la souveraineté du peuple et égalité de tous devant de la loi. Ceux qui pensent que nous en demandons trop sont tout simplement ceux qui considèrent que le Gabon est la propriété de certains et non de tous, le patrimoine de certains et non du peuple. Pour notre part, nous affirmons qu’un système électoral juste a toujours été le moteur du progrès social et humain. Nous sommes habités de la volonté de contribuer à sa conception pour donner à notre pays une chance de se reconstruire.
Paulette Missambo
Présidente de l’Union Nationale
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3 Commentaires
Attente du dialogue nationale restreint
Madame MBOURANTSUOOOH étant juge et partie, ne peut légiférer lors des prochaines élections présidentielles.
Les victimes du massacre d’Aout 2016 (ayant entrainé des disparitions et des morts d’au moins 300 personnes) doivent être indemnisées avant de passer à une énième élection au Gabon.
Les exilés politiques depuis 2016, doivent rentrés au Gabon avant une nouvelle élection au Gabon.
Le nombre de mandat à la présidence de la république doit être de 2 au lieur de 3 comme l’avait manipulé le dialogue d’Agondjé.
La durée d’un mandat présidentiel au Gabon, doit être de 5 ans.
Les élections politiques au Gabon doivent être à deux tours.
Le président futur du Gabon, ne doit pas épouser une femme étrangère.
Le président d’un parti politique appartenant à la loge, doit être classé dans le groupe majorité Présidentielle.
Le ministre de l’intérieur ne doit plus s’occuper de la gestion des élections politiques (éviter d’être juge et parti).
Pour être au CGE, il faut disposer des élus à l’assemblée nationale.
Les résultats de vote non transmis dans les 48 heures au CGE, seront désormais déclarées nulles.
En cas de triche suspecte dans un bureau de vote, le vote complet du bureau de vote, sera annulé et non repris.
Tous les candidats à une élection présidentielle doivent publier leur acte de naissance intégrale au journal officiel et à l’union, avant le scrutin.
Tout enfant adoptif est disqualifié à une élection présidentielle.
Les postes de premier ministre, de directeur de cabinet du président de la république et de ministre de finance, ne peuvent être occupés que par les gabonais de souches (père et mère de nationalité gabonaise).
Les élections politiques seront actées à deux tours sur tout le Gabon.
Les PV des bureaux de vote des assesseurs, doivent se faire signés devant une vidéo.
Les résultats d’un bureau de vote doivent être affichés au mur de chaque salle et filmés par chaque représentant de parti politique.
La caution à l’élection présidentielle sera fixée à 5 millions de CFA et remboursable si le score dépasse 5 % du suffrage.
Le CGE doit désormais comporter les membres suivants :
Un représentant de la majorité
Un représentant de l’opposition ayant des élus à l’assemblée nationale.
Un représentant de la confession religieuse (rotatif entre les offices religieux).
Un représentant de la société civile
Les observateurs de l’élection présidentielle
UA
UE
CEMAC
CEAC
ONU
BRIKS
OTAN
Human Rights Watch
Questions diverses :
Dans toutes les sociétés minières et pétrolières, les parts de l’état Gabonais doivent être d’au moins 30 % sur toute l’étendue du territoire, Aucun privé gabonais ne peut venir abaisser les parts de l’état gabonais en dessous de 30%.
Toute société écran créé ou déclaré au Gabon, sera désormais traduit devant le conseil d’état.
Tout arrêt injustifié ou délibéré de la production pétrolière ou minière au Gabon sera suivie des pénalités journalières.
La non récupération de gaz (brulage) dans un champ de pétrole sera désormais accompagné des taxes.
Bjr. Le contexte politique actuel (semblant de cohésion au sein du Parti au pouvoir et désordre au sein de l’opposition) favorise les incertitudes quant à la sincérité de cette concertation. Il est cependant une vérité incontournable les élections auront lieu. La seule énigme demeure à mon avis le type de candidats . Car à ce niveau les enjeux ne seront plus les mêmes. Amen.
Les passages en force ne servent à rien. Compaoré en sais quelque chose. Les résolutions dans les discours ne servent à rien. Ben Ali et Abdel Aziz Bouteflika l’ont fait et ont été chassés. C’est à croire que les épisodes politiques de 1990,1993 et 2016 n’auront servi à rien. Le peuple est fatigué. Vous mêmes là bas.