Auteur régulier, sur Facebook, d’un «Billet sarcastique» fort suivi, Serge Abslow, déjà publié ici par le passé, prend finalement ses quartiers sur Gabonreview pour y publier, chaque vendredi, un petit discours sur divers sujets et aspects de la société gabonaise. Le ton sera parfois sarcastique, parfois satirique, parfois pamphlétaire, mais il s’agira toujours de capter les tendances et les fréquences, de dépouiller leurs effets pervers, et de vous mener vers les rivages de l’étonnement, de la prise de conscience, mais aussi du changement nécessaire des mentalités.   

© Joël Bouopda Tatou/AP/Sipa

 

1. Peuple gabonais, mes chers compatriotes, je me suis déjà exprimé mille fois sur mille autres sujets, et je reviens à nouveau vous interpeller sur un sujet très important pour notre pays. La pédagogie étant l’art de la répétition, permettez-moi de revenir sur la question essentielle du vote dans notre pays. Parce que le droit de vote est le seul pouvoir que détient un citoyen pour faire entendre sa voix auprès des gouvernants.

2. Il y a de nombreuses années, qui se comptent hélas en décennies pour beaucoup d’entre nous, que nous nous plaignons de l’absence d’alternance à la tête de notre pays. Et pourtant, dans le même temps, nous ne faisons rien pour changer la donne. Un seul parti, le PDG, dont un énième congrès de la conservation a lieu maintenant, préside aux destinées de notre nation depuis plus d’un demi-siècle. Malgré cette longévité au pouvoir, force est de constater que la gestion du pays est fortement contestée.

3. Cela tient à une seule évidence, après autant de temps passé à exercer un pouvoir parfois légitime mais souvent usurpé, avec un même personnel politique, les mêmes méthodes de gestion, les mêmes croyances occulto-religieuses associées aux mêmes pratiques fétichistes… les dirigeants de ce parti ont désormais atteint le point culminant de leur capacité à se réinventer et à redonner à leur organisation un nouveau souffle qui ressusciterait un nouvel espoir en l’avenir du pays.

4. Il ne leur reste qu’à passer la main pour espérer, dans la  posture de l’opposition, se mettre en jachère pour espérer se renouveler. Une occasion en or se présente en 2023. Elle constitue l’ultime chance de parvenir à cette alternance à laquelle aspire la grande majorité des Gabonais. Les seuls qui n’en rêvent pas sont la minorité qui tire profit du bourbier dans lequel s’est enlisé notre pays. Cette minorité a peur de l’alternance parce qu’elle renversera le système d’antivaleurs sur lequel elle prospère.

5. Ne vous y trompez donc pas, ceux qui l’incarnent vous parlent hypocritement de démocratie alors qu’ils n’en comprennent pas un traître mot. Pas plus qu’ils n’en saisissent les bénéfices. Pour eux, l’aspiration à l’alternance n’est qu’une envie de vengeance quand elle n’est qu’une légitime volonté de renaissance. C’est pourquoi, la démocratie pour eux sera toujours dévoyée et si besoin violée. C’est au service de ces noirs desseins, qu’ils s’investissent au quotidien et non pas pour changer votre quotidien.

6. Alors ils confisqueront encore les libertés publiques. Ils accapareront toujours les médias pour bâillonner la liberté d’expression. Ils intimideront ou emprisonneront encore ceux qui osent les contredire. Ils corrompront toujours la jeunesse avec l’argent public plutôt que de financer le développement qui les émanciperait. Ils instrumentaliseront à jamais la justice au service de l’injustice. Ils tritureront encore et toujours impunément nos lois et notre constitution quand ça les arrangerait.

7. En période électorale, ils embrigaderont la Commission nationale électorale et monnayeront la conscience des superviseurs et aussi des électeurs. Ils trafiqueront sans gêne les listes électorales et fausseront le collège électoral. Ils octroieront la nationalité et votre droit de vote aux étrangers. Ils bourreront en sus les urnes et falsifieront en dernier recours les procès-verbaux de vote. Même après tant d’efforts, quand ils perdront, ils proclameront certainement de faux résultats.

8. Et quand ils auront acquis le pouvoir exécutif, ils répliqueront la même méthode de gestion qui consiste à détenir également les pouvoirs législatif et local par les mêmes artifices. Et fatalement, sans aucun contre-pouvoir pour contester leur hégémonie, la même mécanique routinière se remettra en place pour reproduire le même schéma. Ils vous oublieront à nouveau durant 7 ans, trop occupés qu’ils seront à profiter du système corrompu qu’ils ont fabriqué et dont vous êtes le carburant.

9. Et ces 7 années supplémentaires de vaches maigres pour vous seront encore pour eux 7 années de vaches grasses. À eux les belles fonctions, à eux les salaires et avantages faramineux ; à eux les belles maisons et les belles voitures ; et à leurs parents et amis les nominations en Conseil des ministres ; à leurs enfants les bourses d’études à l’étranger ; à leurs amis étrangers les marchés publics ; à leurs affidés les miettes qui tombent de ce banquet de la nature et à vous tous, la grande majorité une misère sans nom.

10. Voilà le sort qui vous attend durant les 7 autres longues années durant lesquelles vous leur signerez par votre abstention, un chèque à blanc. Il ne vous restera plus qu’à gémir et à pleurnicher dans vos chaumières. Il vous suffit pourtant de peu pour démentir ce destin tragique tracé d’avance. Se lever massivement pour user du seul moyen que vous ayez : le droit de vote et son pouvoir de sanctionner. Choisir d’être libre ou continuer à souffrir, tel est le dilemme. Encore faudrait-il s’inscrire sur les listes électorales.

ABSLOWMENT VRAI !

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Mitch dit :

    Jean Ping nous a pompé le même discours en 2016  » Inscrivez-vous, allez-y voter massivement, sécurisez votre vote, le reste je m’en occupe ». Et après ? Que NINI!!!
    Les Gabonais ont toujours rempli leur devoir citoyen en allant massivement aux urnes et à la fin c’est le même scénario, le même résultat. A mon sens l’opposition ne s’est jusque-là jamais préparée pour contrecarrer tout ce que vous venez de dénoncer ci-dessus.

  2. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Il y a 10 points dans ce document. Le plus pertinent à mon avis reste le point 7. A l’analyse l’auteur aurais ou devrais avoir la justesse de proposer des pistes de solution en rapport avec les griefs énoncés, sinon c’est comme du déjà vu, lu et entendu. 1- Si l’on prend par exemple le morceau suivant : »et monnayeront la conscience des superviseurs » que propose-t-il pour quelqu’un qui fait partie des 82% de la population du Gabon dont l’existence est en dessous de 1 dollar, et qui n’a eu que sa foi pour se retrouver dans un bureau de vote afin d’accomplir une tache ? Amen.

  3. otage dit :

    Le Gabon est en otage depuis la chute de Leon-Mba, en 1967.
    Les gabonais sont conscients de cette prise en otage du pays.

    c’est qui est sûre, il n’y aura pas d’élection en 2023, sans le départ de la légion étrangère, au sommet de la République.

    Le mandat d’ALI BONGO est sans limite et pire ce lui de ya MADO.

    Otage!

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