Franc-maçonnerie : Anecdotes et fumisterie autour de la 38è A.G. de la Grande loge du Gabon

En vue d’un changement du personnel au sein de sa nomenclature, la Grande loge du Gabon a tenu à Libreville le vendredi 11 et samedi 12 novembre derniers, sa 38^ème assemblée générale. S’il est de notoriété publique qu’Ali Bongo a été réinstallé Grand maître de cette loge, d’autres faits ont fuité de ce raout censé être confidentiel, car organisé par une société secrète -ou discrète-.

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Si la franc-maçonnerie se défend parfois d’être une société secrète, elle n’est pas moins une société discrète. Mais, au Gabon, la discrétion semble avoir «déserté les colonnes». En témoigne les nombreuses fuites sur la 38^ème assemblée générale de la Grande loge du Gabon (GLG), tenue à Libreville le vendredi 11 et samedi 12 novembre derniers.

Passant outre les serments et engagements pris sur le «Volume de la sainte loi», de nombreux frères ont ébruité ce qui devait rester sous le sceau du secret. Ce culte du secret que la maçonnerie aime tant entretenir. Tout y est passé : l’agenda-programme concocté par le «Grand secrétariat», les faits inédits de la cérémonie d’intronisation d’Ali Bongo et autres anecdotes croustillantes notées durant les agapes. Si les réseaux sociaux s’y sont donnés à cœur joie, l’hebdomadaire L’Aube a livré bien de détails intéressants ce 14 novembre 2022. Un mois plus tôt, jour pour jour, Le Confidentiel du bimensuel Echos du Nord avait littéralement déjà livré, en avant-première, le scénario, les enjeux et les têtes devant tomber durant l’assemblée générale maçonnique du week-end écoulé.

Redistribution des cartes et mises au ban

Ainsi que l’avait annoncé Le Confidentiel du bimensuel Echos du Nord et bien d’autres canaux sur les réseaux sociaux, «Ali Bongo Ondimba, le président gabonais a été intronisé grand maître de la Grande Loge du Gabon pour un nouveau mandat, cette fois de cinq ans. Outre cette reconduction, l’assemblée générale aura été marquée par l’éviction de Jean Denis Amoussou, très proche du chef de l’État et protégé de Maixent Accrombessi, l’ancien directeur de cabinet et homme fort du régime à l’époque» révèle ce lundi le journal L’Aube. En lieu et grade de sieur Amoussou dégradé, c’est Lin Mombo, le patron du Conseil de régulation de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), connu par ailleurs comme compagnon officieux de la présidente de la Cour constitutionnelle, qui «aura la charge de coordonner, en sa qualité de Pro Grand maître, les activités de la Grande loge maçonnique du Gabon», expliquent nos confrères de L’Aube.

On apprend également qu’«outre Lin Mombo, qui devient l’adjoint direct d’Ali Bongo Ondimba, le Pr Michel Mboutsou a été promu député grand maître. Guy Bertrand Mapangou, Blaise Louembe, ou même l’ancien bras droit de Maixent Accrombessi, Vane Kringer, deviennent les assistants grands maîtres». Dans le même mouvement, certains frères jusque-là connus pour être des grands artisans et animateurs de la GLG ont été mis «au garage» : Alex Bernard Bongo Ondimba, Aurélien Ntoutoume, Bernard Mbanangoye et Joël Ogouma, notamment, ont été affectés au Conseil des sages, toujours selon les indiscrétions de L’Aube.

Pour sa part, Stephane Zeng, activiste très suivi sur Facebook, explique en français facile que «Lin Mombo est devenu Pro Grand Maitre.  Le mari de Marie Madeleine Mboranstuo, présidente de la CC, va désormais remplacer Ali Bongo partout quand il est indisponible. Député Grand Maitre : Michel Mboussou, mari de Lucie Milebou, présidente du Sénat. Ce poste en dessous du Pro (Lin Mombo), correspond au poste d’adjoint d’Ali Bongo.» Selon le facebookeur aux 72 000 suiveurs, «Pro est une expression venue d’Angleterre parce que le Grand Maitre de la Grande Loge Uni d’Angleterre est forcément le Roi. Le Pro remplace donc le Roi si besoin. Au Gabon seul Rawiri et Chavillot l’ont été pour OBO. Le Député est l’expression anglaise pour dire adjoint. Donc c’est le Grand Maitre Adjoint, mais il est en dessous du Pro qui prend tous les pouvoirs lorsque le Grand Maitre est indisponible.»

Anecdotes insolites et interrogations sur les grades maçonniques

Finalement, il n’est pas des loges maçonniques et de leurs grades comme de l’armée et sa hiérarchie. Si en octobre 2009 lorsqu’il était intronisé à Libreville Grand Maitre de la GLG, on a vu Ali Bongo passer du grade d’assistant grand maître, c’est-à-dire de trois niveaux au moins en dessous du sommet de la hiérarchie, au grade de grand boss, c’est que les progrès spirituels dont se prévalent les franc-maçons ne sont pas déterminants dans leur gradations. Ainsi des personnalités connues hier comme des autorités hautement gradées dans la franc-maçonnerie locale, se retrouvent banalisées sinon méprisées par leurs «frères».

Ainsi Maixent Accrombessi, qui était il y a quelques années membre de la GLNF (mère de la GLG), assistant du Grand Maître de la GLG dont d’Ali Bongo, a été humilié, selon l’hebdomadaire L’Aube. Incompréhensible quand on sait que sieur Accrombessi a été Grand Expert du Collège national actif. «Le vendredi 11 novembre 2022, au complexe hôtelier ‘’Le Luxury Green’’ (ex-Maïsha), Maixent Accrombessi a été éconduit du repas de bienvenue offert par le TRGM Ali Bongo Ondimba aux chefs de délégation des Grandes loges en amitié», raconte l’hebdomadaire gabonais non sans citer un témoin de la scène : «lorsque l’ancien tout-puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba est arrivé devant l’entrée de la salle, il a voulu user du trafic d’influence. Les éléments en faction lui ont signifié que son nom ne figurait nulle part. Il a tenté de forcer le passage, mais a été fermement conduit dehors. Comme quoi, les époques ont changé».

Une autre anecdote ayant fuité est qu’au moment où Sylvère Koyo, chef de la délégation maçonnique venue de Côte d’Ivoire, s’est approché d’Ali Bongo pour lui présenter ses civilités et félicitations, le tablier de l’Ivoirien est tombé de son buste. La scène a donné lieu, dans les couloirs, à des interprétations aussi farfelues que folkloriques… juste à l’image de ce qu’est devenue la franc-maçonnerie au Gabon : de la fumisterie. Dire que 300 adultes venus du Gabon, de pays africains et d’autres continents ont assisté à cette rencontre dite «du patriotisme maçonnique».