Le Haut-commissariat de la République dans ses meubles : L’ombre d’Omar Bongo Ondimba
Depuis octobre 2009, jamais on n’a vu autant d’anciens collaborateurs de l’ancien président de la République réunis dans une même instance. A eux de tirer les leçons du passé.
Répartition géo-ethnique, récompense aux meilleurs affidés, prime à la félonie et, cadeau empoisonné aux potentiels adversaires : pendant un plus de quatre décennies, cette recette a fonctionné. Fondement de la stratégie de cooptation des élites politico-administratives, elle a permis au régime de donner l’illusion d’un perpétuel renouvellement, lui assurant une longévité hors du commun. Arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions controversées, s’étant maintenu en 2016 d’une manière peu orthodoxe, Ali Bongo a tôt fait de la remettre en cause. Quelques années plus loin, il donne le sentiment de faire machine arrière, chaussant les bottes de son prédécesseur. De façon éclatante, la composition du Haut-commissariat de la République apporte la preuve de cette volonté de revenir à des pratiques éprouvées. Même si elle n’est pas pour déplaire, quand bien même elle laisse croire au retour à une certaine rigueur administrative, la nomination de Michel Essonghé comme haut-commissaire général atteste d’une remise en cause.
Volonté de recentrage
Depuis octobre 2009, jamais on n’a vu autant d’anciens collaborateurs d’Omar Bongo Ondimba ou personnalités de son ère, autant d’hommes d’expérience aux parcours divers et variés, réunis dans une même instance. Un ancien Premier ministre (Jean Eyéghé Ndong), des anciens ministres (Michel Essonghé, Flavien Nzengui Nzoundou, Zéphirin Rayita, Fréderic Massavala,), des anciens membres du cabinet présidentiel (Raphaël Ntoutoume Nkoghé…), des anciens cadres des partis de la majorité (Rose Allogho Mengara, Carlos Okinda), des personnalités du milieu des affaires (Marcel Abéké, Pierre Ngoua Obiang), des officiers généraux (Léon Nzouba) et des vieux baroudeurs de la scène politique nationale (Maxime Ondimba, Joséphine Andeme Manfoumbi) : si on ne parlera pas de tête-à-queue, on y voit l’aveu d’un cuisant échec dans la gestion des ressources humaines. En tout cas, on est face à un inédit regroupement de «fils spirituels» ou d’héritiers d’Omar Bongo Ondimba.
Certes, on n’ira pas jusqu’à parler d’un retour en force des caciques du Parti démocratique gabonais (PDG). Mais, la volonté de recentrage semble évidente. Dirigé par l’ancienne plume de l’ancien président de la République, le Haut-commissariat de la République compte aussi en son sein son dernier Premier ministre, un de ses plus fidèles aides de camp, un de ses adjoints au directeur de cabinet et un de ses anciens conseillers en communication. L’ouverture au reste de la société pour mieux en appréhender les attentes ? Elle s’est faite en direction de personnalités ayant émergé sous sa férule. C’est dire si l’ombre d’Omar Bongo Ondimba planera sur cette entité censée assister «le président de la République dans l’évaluation, le suivi et la mise en œuvre de son action politique.»
Préceptes de leur mentor à tous
Comme sous Omar Bongo Ondimba, la composition de cette entité reflète des considérations ethniques, provinciales et politiciennes. D’essence technique, elle est essentiellement composée d’hommes politiques, certes d’expérience mais trop retors pour une telle tâche. On y trouve des managers mais pas d’économistes ou de financiers, des administratifs mais pas des juristes, des politiques mais pas des spécialistes en planification. Encore moins des gestionnaires de projets. Est-ce un gage de «pragmatisme» ? Si on se gardera d’être définitif, on peut afficher de la réserve. «Que la classe politique parle du pays et pour le pays qu’elle doit servir. Que la classe politique parle du peuple et pour le peuple qu’elle doit représenter», lançait pourtant l’ancien président de la République, le 1er décembre 2007, dans un discours aux accents de testament politique, ajoutant : «Il est (…) temps que la classe dirigeante (…) cesse de s’investir pour elle-même au détriment de l’action publique.» Y sommes-nous ? Voire…
Pour mieux aborder les défis du moment, les membres du Haut-commissariat de la République sauront-ils tirer les leçons de l’ère Omar Bongo Ondimba ? A eux d’en faire la démonstration. A eux de «faire du neuf avec du vieux.» Comme dirait leur mentor à tous, il leur revient de se départir de «l’ethnisme, (du) clientélisme, (de) l’affairisme, (de) la corruption, (de) la politisation outrancière et (du) népotisme qui ont gangrené les pouvoirs publics.» A cette fin, ils doivent se souvenir de deux préceptes édictés par lui : d’abord, «l’État se doit d’être juste et protecteur par l’application des lois en vigueur, en même temps qu’il doit sévir lorsque ces lois sont transgressées et bafouées» ; ensuite, «l’Etat doit inspirer confiance, assurer et rassurer par son dynamisme dans tous les secteurs d’activité relevant de ses compétences.» Pour Michel Essonghé et ses pairs, le plus dur commence…
5 Commentaires
Ma fille Roxanne, tu mérites ton diplôme de la langue française. Félicitations à toi. Mais n’exagères-tu pas dans le dernier paragraphe de ton article ? On a l’impression que tu encenses Omar Bongo des plateaux batekes, celui-là même qui a commencé à ruiner notre pays avec aujourd’hui la suite de sa famille de merdes. A Ntare Nzame. Non ma fille Roxanne, je ne suis pas d’accord pour encenser même un peu Omar Bongo des plateaux batekes, encore moins son défunt fils adoptif Ali Bongo encore plus voleur que lui. Cette famille de merdes ne mérite aucun éloge stp. Le mal du Gabon, c’est bien cette famille qui nous a été imposée par la nébuleuse francafrique. Qu’elle aille au diable pour l’éternité.
C’est quoi exactement le « job description ». Le monsieur grand quelqu’un fait quoi exactement?
Expliquez nous ? Un seul individu était en charge. Bref….Titre ronflant coquille vide.
Si Omar savait ce qu’Odjuku & Co allait faire de ce pays et des gabonais,il l’aurait achevé depuis bien longtemps.
Bjr. Ce texte sonne comme un aveu d’impuissance car rien ne justifie une once d’espoir. La gestion tutélaire d’OBO était la sienne. Sinon vous n’entendrez pas souvent ceci: « au moins avec les vieux c’était mieux ». Quoi qu’on en dise c’est du passé. A fortiori un passé est exploitable lorsque l’empreinte est le soleil or vous même vous le dites à travers cette suite de mots: Répartition géo-ethnique, récompense aux meilleurs affidés, prime à la félonie et, cadeau empoisonné aux potentiels adversaires… à quel moment percevez vous le saut qualitatif qui surpasse toute Nation afin de crée l’espoir. Pour présager de l’efficacité de ce Haut commissariat il faudrait par la même analyse que vous faites ici nous édifier sur le degré du relationnel qui va exister entre les membres de cette entité, les attributions, leurs indépendances afin d’éviter un conflit de compétence avec d’autres entités dans le pays dont la proximité physique reste une garantie inattaquable. Wait and see. Amen.
@Moundounga. Vous savez lire. C’est bien. Apprenez maintenant à comprendre