Mairie de Libreville : Novembre bleu après l’heure
Au Gabon où les hommes hésitent à se faire dépister des cancers de la prostate et des testicules à l’origine de plusieurs décès, la mairie de Libreville a lancé le 2 décembre sa campagne Novembre bleu. Un lancement tardif mais jugé opportun dans un contexte de tabous persistants.
Si les femmes ont Octobre rose pour les cancers du sein et du col de l’utérus, les hommes ont Novembrer encore appelé Novembre bleu pour celui de la prostate voire des testicules. Au Gabon, une campagne Novembre bleu a d’ailleurs été lancée pour la deuxième fois consécutive cette année mais contrairement à Octobre rose, l’on a constaté le peu d’engouement des hommes à se faire dépister et même des entreprises à lancer des campagnes Novembre bleu. Les principaux concernés évoquent des cancers tabous tant s’ils sont liés aux dysfonctionnements érectiles, la détection d’éventuelles anomalies passe par la palpation du rectum et ses organes de voisinage. En clair, le toucher rectal embarrasse les hommes.
Au milieu de ces préoccupations, la mairie de Libreville a, un mois après le mois de novembre, lancé sa campagne Novembre bleu. Censée tenir sur une semaine, cette campagne tardive a été jugée opportune tant sa vocation est de lever les tabous afin que les hommes, particulièrement les agents municipaux, soient sensibiliser et adhèrent au dépistage pour une prise en charge médicale à temps, en cas de maladie. «Relevant de la sphère privée voire intime, l’évocation des mots comme prostate ou testicules restent encore perçue dans nos sociétés puritaines comme une atteinte à la bienséance ou, une violation de l’intégrité de ce qui est admis comme le fondement de la masculinité, c’est-à-dire la virilité», a indiqué à juste titre, le 5e adjoint au maire de Libreville.
Briser les tabous pour vaincre la maladie
Alors que dans le pays, 8 hommes sur 10 invoquent le tabou lorsqu’il s’agit de toucher rectal, Issa Malam Salatou regrette la «sanctuarisation de cette partie de l’anatomie masculine», qui contrains les hommes à se fermer aux blouses blanches, personnes indiquées pour les édifier, les aider à dissiper leurs doutes, voire confier leurs problèmes d’incontinence, de dysfonctionnements érectiles. Des obstacles à des relations sexuelles satisfaisantes dans un contexte où la masculinité est souvent associée à la performance du pénis. «Au regard de ces cas sans cesse croissants arrivant très tardivement en milieu hospitalier, ainsi que la forte incidence négative au niveau des points de vue économique et social de ces négligences, il y a lieu de changer de paradigme», a dit le 5e adjoint au maire.
S’il appelle les hommes à surmonter «les peurs inutiles, les fausses hontes et les préjugés sociologiques» qui les «maintiennent dangereusement dans les liens de l’ignorance» le Dr Stéphane Diop a indiqué que le cancer de la prostate «est une pathologie qui est gérée par plusieurs spécialistes parmi lesquels, les chirurgiens urologues et les oncologues». Novembre bleu ou pas, les hommes sont invités à briser le tabou avec le dépistage précoce qui permet de sauver des vies. «Le cancer de la prostate se guérit plutôt bien, s’il est diagnostiqué tôt», assurent les blouses blanches.
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