CNSS : Les mirobolants salaires ‘’de la gloire’’ et de l’indignation
La publication d’une liste d’émoluments aura fait jaser ce week-end toute la toile gabonaise, plaçant la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) au centre de toutes les conversations. « La gloire », comme on dit ironiquement au Gabon. Malgré les difficultés récurrentes de la structure à payer les retraités, son directeur général a touché plus de 11 millions de francs CFA en septembre dernier et près de 70 de ses cadres se sont partagés 170 millions de francs environ. La CNSS ne produisant ou ne vendant rien, ces salaires qu’elle se paie sur les cotisations des travailleurs et entreprises bafouent la notion de solidarité nationale, provoquant commentaires divers et indignation.
Publié vendredi dernier sur Facebook, un fichier jette sur la place publique les salaires de certains cadres et dirigeants de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Fait le plus commenté du fichier, Patrick Ossi Okori, le directeur général de l’organisation, touche plus de 11 millions de francs CFA tandis 69 cadres se partagent plus de 170 millions de salaires mensuels. Si la plupart est à plus de 2 millions mensuels et individuels, une dizaine d’entre eux crèvent le plafond de 3 millions, quelques-uns frôlant ou atteignant les 4 millions.
Cette liste, absolument partielle, a naturellement suscité la controverse. Si certains ont pensé qu’il n’y est pas question de salaire, notamment du fait que l’un des listés n’aura touché, en septembre dernier, qu’un peu plus de 49000 francs, de nombreuses sources travaillant à Batavéa, siège librevillois de l’institution, ont affirmé qu’il s’agit bien de salaires. Les 49000 francs étant certainement le traitement d’un « retour de congés ». « Les émoluments du D.G. sont minorés. Avec tous les avantages non-écrits et les magouilles, il explose ce montant et touche beaucoup plus », soutient un cadre, membre du cabinet d’un ancien directeur de la CNSS. La dame assure savoir de quoi elle parle.
Données à caractères personnelles
Il est résolument indécent et hors-la-loi de publier la rétribution d’autrui. Les salaires relèvent en effet du domaine privé et des données à caractères personnelles, encadrées au Gabon par la loi n° 001/2011. En son article 3, cette loi dispose : « Les technologies de l’information et de la communication doivent être au service de chaque citoyen. (…) Elles ne doivent porter atteinte, ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques ». Les personnes à l’origine de cette divulgation s’exposent donc à des poursuites judiciaires.
Il n’en reste pas moins que le salaire de Patrick Ossi Okori pose un problème d’éthique. La CNSS n’est pas une entreprise privée en tant que telle. Elle n’est qu’un organisme privé chargé de la gestion d’un service public, n’ayant pas vocation à faire du profit. Du fait de sa mission de service public et de ce que ses ressources sont, pour l’essentiel, les cotisations des employeurs et des travailleurs, elle ne saurait s’attribuer des salaires frisant l’indécence. Le traitement de son directeur général pulvérise celui du directeur de la SEEG qui plafonnerait à 7 millions, selon ce qu’il se raconte dans les couloirs de cette entreprise. « Comment quelqu’un qui traite des problèmes sociaux et qui gère les cotisations des travailleurs peut-il se payer comme s’il dirigeait une compagnie pétrolière ? », s’offusque un internaute.
« Avoir 2 millions de salaire après 10, 15 ou 20 ans de carrière quand on est cadre n’a rien d’indécent. Quand on juge, il faut bien tenir compte de tous les éléments », a twitté, sans doute pour modérer et relativiser, l’analyste économique Mays Mouissi. Ce à quoi il lui a été répondu, toujours sur Twitter, « C’est indécent d’avoir de telles rémunérations quand on sait le rôle de la CNSS et d’où provient l’argent finançant son fonctionnement. C’est abject. »
Administration éléphantesque et visqueuse
Ces révélations prouvent et rappellent par ailleurs que la CNSS est une administration éléphantesque et visqueuse. Le fichier, certainement incomplet, compte près de 70 noms. Pourquoi donc autant de cadres dont le rôle ne s’inscrit pas toujours dans le corps de métier de la structure ? Autant de pesanteurs qui en alourdissent le fonctionnement et l’efficacité du service. Déjà, alors qu’elle dirigeait cette organisation, Nicole Assélé avait laissé entendre devant la presse que le fonctionnement de la CNSS était lourd et coûtait trop cher.
La CNSS ne recouvre que 19 milliards de francs CFA de cotisations par trimestre, alors que les pensions sont estimées à 20 milliards sur cette période. «Donc, tout ce qui rentre est dépensé», regrettait, le 8 octobre dernier, le patron de la CNSS. On comprend donc que ces entrées sont également dépensées dans le traitement des agents, avec une grille des salaires hyperbolique. La liste publiée ne compte que 69 personnes alors que l’organisation compte aujourd’hui plus de 1800 agents pour une masse salariale oscillant autour de 2 milliards de francs CFA. Elle était pourtant taillée pour un effectif de 600 agents environ.
La CNSS entend pourtant « recouvrer sa situation financière d’antan mais aussi garantir aux générations futures leur pension sur le long terme », ainsi que l’indiquait, le 14 octobre dernier, Patrick Ossi Okori, le directeur général aux 11 millions. Il lançait ce jour-là une étude actuarielle visant un diagnostic détaillé de la santé financière de la Caisse, une estimation précise de la charge du système et de l’évolution des paramètres clés.
L’institution est presqu’au bord de la banqueroute. Ses dirigeants pointent depuis des années le faible recouvrement des cotisations sociales, à l’origine des tensions récurrentes consécutives aux difficultés de paiement des pensions des retraités. Pourtant, la solution réside également dans le dégraissage du mammouth. Trop d’agents et cadres de la CNSS y sont littéralement en sinécure et ces traitements de nababs ne sont pas pour en améliorer la trésorerie. La tutelle devrait donner un coup de pied dans la fourmilière, recommandent de nombreux commentateurs sur les réseaux sociaux.
9 Commentaires
REGARDEZ SEULEMENT LES PATRONYMES DE CES DGs ET HAUTS CADRES. RIEN NE SURPREND !!!!!!
»La tutelle devrait donner un coup de pied dans la fourmilière », écrivez-vous. Savez-vous ce que reçoit mensuellement cette tutelle ? Plusieurs dizaines de millions de francs… Ce n’est donc pas la tutelle qui peut régler ce problème.
le DG touche plus que ça …
… il est à plus de 65 millions par mois.
« … Nicole Assélé avait laissé entendre devant la presse que le fonctionnement de la CNSS était lourd et coûtait trop cher »
Plongez dans sa gestion et vous allez vomir.
Cette dame aura été un cancre comme DG. Elle a siphonné toutes les provisions laissées par son prédécesseur et surfacturé à tout va des projets qui n’ont jamais démarré.
Elle se gargarise d’être la fille/soeur de … !
C’est simplement scandaleux, un DG d’une caisse de retarite qui touche 11 millions. Et on arrive pas à payer les retraités? Mon Dieu les pauvres enseignats touchent combien par mois? Quelles sont les études faites par ces cadres de la CNSS pour toucher des énormes salaires. Il parait que Ali bongo avait plafonner les salaires des agents publics? Vive l’égalité des chances.
Je comprends pourquoi le traitement des allocations familiales sont retardées. Plusieurs employés n’ont jamais touché un sous depuis déjà 1 ou 2ans. sous-pretexte que les dossiers sont en cours de traitement. Qui viendra délivré le Gabon mon Dieu…!
Faut-il diffuser les salaires des dirigeants sociaux de la CNSS? Le salaire du dirigeant d’une entreprise est-il une donnée à caractère à caractère personnelle? Ne protège-t-on pas l’intérêt de l’entreprise par rapport à celui des dirigeants sociaux? Qui fixe les salaires des dirigeants sociaux?
Ces questions récurrentes invitent à revoir la gouvernance de l’entreprise en diffusant les salaires des dirigeants sociaux, équipes dirigeantes et administrateurs.
La Cnss c’est la société des G2 tout comme la douane on les met que la ou y’a l’argent .Merci le pdg c’est l’égalité des chances dans l’émergence
Malgré les promesses prises ,par le Président rien n’arrive. Deux trimestres en retard plus celui qui arrive. Nous en sommes réduits à mendier, ou presque, parce que certains hauts dirigeants de la CNSS sont hyper gourmands. Qui est capable de remettre de l’ordre? Nous attendons beaucoup des nouveaux dirigeants du pays, qui ne mérite pas de tels agissements au détriment du peuple. Pauvre GABON que j’aime.