«L’Etat nous a tués». C’est le cri d’alarme du président de la Coalition des organisations patronales, Mouity Makanga Mouity, lancé le 6 août à Libreville, lors d’une conférence de presse. Avec le président de la Chambre nationale du Bâtiment, des Travaux publics et Métiers, Emmery Mbina, il a invité l’Etat gabonais à prendre ses responsabilités quant au paiement de la dette intérieure due aux Petites et moyennes entreprises et industries (PME et PMI) du Gabon.

Les responsables de la Coalition des organisations patronales et la Chambre nationale du bâtiment des Travaux publics et Métiers, face à la presse, le 6 août 2021. © Gabonreview

 

Après la cotation réussie de l’emprunt obligataire de l’Etat gabonais à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), et l’approbation par le Conseil d’administration du Fonds monétaire internationale (FMI) d’un accord au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) de 553.2 millions de dollars américains en faveur du Gabon, soit plus de 305 milliards de francs CFA, les Petites et moyennes entreprises et industries (PME et PMI) sont vent-debout. La Coalition des organisations patronales (Cop) et la Chambre nationale du bâtiment des Travaux publics et Métiers réclament le paiement de la dette d’environ 54 milliards de francs CFA due à leurs entreprises.

Les membres de ces deux organisations, la Coalition des organisations patronales (Cop) et la Chambre nationale du bâtiment des Travaux publics et Métiers, dirigées respectivement par Mouity Makanga Mouity et Emmery Mbina étaient en conférence de presse, le 6 août à Libreville. Alors que l’Etat s’endette de plus en plus et que la nécessité d’apurer la dette intérieure et extérieure apparaît régulièrement dans le discours, ces représentants des PME et PMI estiment qu’il est temps pour le gouvernement de prendre ses responsabilités.

«Où est le projet de la bourse de la sous-traitance annoncé par le président de la République», s’est interrogé Emmery Mbina qui ne comprend pas comment autant d’argent est décaissé alors que les entreprises ne sont toujours pas payées depuis plusieurs années. Relevant que la dette, en 2015, s’élevait à environ 100 milliards de francs, Mouity Makanga Mouity ajoute, à la suite de son collègue, qu’elle est passée, en quelques années, à plus 400 milliards de francs. «Jusqu’aujourd’hui, on attend le paiement de la dette intérieure. L’Etat nous a tués. Très peu d’entre-nous ont encore de bureaux», a-t-il exprimé. Pour lui, ceux qui dirigent «n’aiment pas leur pays». «On n’aime pas notre pays. Le président instruit, on ne fait rien», a déclaré le président de la Coalition des organisations patronales.

«On est fatigué des promesses».

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Mouity Makanga fait également savoir que «depuis un an, l’Etat a rompu le dialogue social». «On est fatigué des promesses. Imaginez-vous que vous avez pris 30 millions en crédit en banque pour financer des travaux et 10 ans après, vous êtes à près de 100 millions de dette. Les dossiers qu’on a datent de 2009, 2005. C’est donc 10 ans, 15 ans… de dette», a-t-il précisé, regrettant le fait que ces dettes soient auditées chaque fois qu’il y a un nouveau ministre ou remaniement gouvernemental.

Les deux structures patronales projettent une marche pacifique à la rencontre du chef de l’Etat si les démarches en cours, pour rencontrer le Premier ministre et les ministres concernés, n’aboutissent pas. «Ce sont les mêmes dettes que chaque année on audite. Un nouveau chef vient, il  annule, il ré-audite et on coupe, on annule. Là, on veut être payé. On est citoyen gabonais. Il ne s’agit pas de marcher pour aller casser, il s’agit de marcher pour aller voir le chef de l’Etat», a-t-il dit.

Le vice-président de la Coalition des organisations patronales, Saint-Gabon Mikiangha, ne comprend pas non plus comment on peut prétendre relancer une économie sans payer la dette. «S’il faut relancer l’économie, ce n’est pas avec 2 milliards ou 4 milliards», a-t-il dénoncé, non sans indiquer que leurs entreprises ne peuvent même pas se mettre à jour dans la mesure où les sommes prélevées lors des précédents paiements n’ont pas encore été reversées à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNSS). Elles sont donc doublement pénalisées.

La Coalition des organisations patronales et la Chambre nationale du bâtiment des Travaux publics et Métiers, qui revendiquent plus de deux centaines de membres, font relever qu’environ 8000 emplois ont été perdus par leurs structures. Pendant ce temps, des morts ont été enregistrés alors qu’ils attendent toujours le paiement des dettes.

 
GR
 

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