Obligatoire dans les secteurs dont l’utilité sociale présente un caractère vital, le service minimum peine cependant à être appliqué en période de grève. Tentative d’explication.

Quel service minimum lors de ce sit-in du personnel soignant au CHUL en avril dernier ? © Gabonreview
Quel service minimum lors de ce sit-in du personnel soignant au CHUL en avril dernier ? © Gabonreview

 

Echaudé par les revendications en tout genre, le Gabon n’échappe pas aux grèves à répétition. A la fonction publique, les agents réclament notamment le versement d’un certain nombre d’avantages en tête desquels la Prime d’incitation à la performance (PIP). Même son de cloche au sein des entreprises, où les salariés revendiquent, en gros, de meilleures conditions de travail. Si ces mouvements d’humeur sont légitimes, du moins dans la plupart des cas, il n’en demeure pas moins qu’ils sont de plus en plus entachés d’infractions au Code du travail. La plus déplorée est évidemment le non-respect du service minimum.

Selon Wikipédia, le service minimum désigne l’obligation faite aux salariés et entreprises, en particulier de services publics et notamment de transports en commun, d’assurer un service minimum, en toute circonstance et en particulier en temps de grève, pendant les périodes de pointe. Au Gabon, l’article 348 du Code du travail rend en effet obligatoire le service minimum en cas de grève et renvoie à un décret la désignation des secteurs d’activités dont les entreprises sont astreintes à cette obligation. Selon l’article 5 du projet de décret adopté le 28 janvier 2010 par gouvernement, les entreprises concernées sont celles dont l’utilité sociale présente un caractère vital. Il s’agit notamment des établissements hospitaliers et d’enseignement, des entreprises de téléphonie fixe et mobile, des entreprises de transports, des entreprises de fourniture d’électricité et d’approvisionnement en eau potable, des entreprises de contrôle de la navigation aérienne, des entreprises de sécurité et de gardiennage, des entreprises de collecte, de ramassage et de traitement des ordures, des banques et établissements de crédit ou encore des pharmacies. Les entreprises des technologies de l’information et de la communication, les entreprises des pompes funèbres et de thanatopraxie, les entreprises d’exploration, de production, de transport, de stockage et de distribution des hydrocarbures et des produits miniers ou encore les établissements hôteliers et de restauration sont également concernées.

En pareil moment, l’employeur est tenu de donner toute facilité aux salariés pour leur permettre de travailler en toute quiétude tandis que les salariés, quant à eux, sont astreints au respect du règlement intérieur de l’entreprise ou de tout autre document relatif à l’organisation du travail, à la discipline et aux prescriptions en matières de sécurité et de santé de travail. Ce qui est loin d’être le cas sur le terrain. Par exemple, le secteur ultra-sensible de la santé n’échappe pas aux vagues de grèves qui affligent le pays. En 2009 dans les hôpitaux publics, comme c’est actuellement le cas au Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL), on a vu plusieurs patients être obligés de rentrer chez eux faute de soins. Ceux qui en avaient les moyens ont pu se rendre dans les cliniques. Pour les moins nantis et plus malchanceux, des cas de décès ont même été enregistrés.

En août dernier lors d’une grève des personnels du CHUL pour réclamer la PIP, le Dr Eric Bayé, directeur de la structure hospitalière avait noté l’apparition d’une nouvelle approche du service minimum. «Nous observons que plusieurs services sont complètement fermés alors que le personnel d’astreinte et de garde est présent au poste», avait-il alors indiqué, non sans souligner que ce mouvement d’humeur s’apparentait à «une grève de zèle», puisque «le personnel est bien présent, mais n’observe pas de service minimum». Pendant ce temps, les patients font les frais de cette situation alors que les nouveaux patients s’entendent répondre systématiquement : «On ne reçoit pas !»

Dans la majorité des cas, le service minimum, ne l’est que de nom. Mieux, les grévistes boycottent le service minimum pour mettre la pression sur le gouvernement qui au lieu d’accélérer le traitement des revendications, trouve des palliatifs.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. PIP dit :

    Le non respect du service minimum constitue donc une violation de l’article 348 du code de travail et les grévistes doivent donc dans ce cas être soumis à une punition. La question est donc de savoir pourquoi la justice n’intervient-elle pas?
    Concernant les mouvements d’humeur liés à la réclamation de diverses primes dans le milieu médical, les autorités pourraient peut être les éviter si elles traitaient avec un minimum de sérieux les conditions de paiements des prestations médicales par la CNAMGS (j’exhorte d’ailleurs les journalisme à sonder ce milieu intéressant pour dévoiler les dérives perverses). Les sommes énormes que coutent ces prestations en plus des budgets alloués systématiquement aux hôpitaux devraient faire du milieu médical aujourd’hui l’un des plus envieux, et aucun médecin gabonais même en cédant 60% de la part de ses prestations à l’hôpital ne toucherait pas moins de un million le mois (au lieu des misérables cacahuètes qu’ils touchent au terme d’énormes sacrifices). Mais c’est un problème de gestion. Cherchez où et comment vivent les gestionnaires de ces hôpitaux et vous comprendrez que ces mouvements d’humeur qui tuent les gabonais sont la résultante encore une fois de ces détournements qui selon le code pénal, soumettent les pilleurs à une réclusion criminelle à perpétuité (pour les + de 250.000). Alors, encore une fois, justice, où es tu? Quand te montreras tu?

  2. Bil Ngana dit :

    Cet article nous informe de quelques-uns des nombreux péchés que l’administration et ses agents commettent sur notre dos. Au-delà des gros intérêts souvent en jeu dans ces revendications, et sans être syndicaliste, je crois qu’un mouvement de grève se prépare : préavis, avis, etc. Tout au long de cette procédure, n’indique-t-on pas les éléments légaux et constitutifs du service minimum ? Si non, la loi doit être revue. Et puis, pourquoi, après le dépôt du préavis de grève, ne s’assied-on pas pour trouver les solutions aux problèmes soulevés afin d’étouffer la grève dans l’œuf ? Car la multiplication des grèves est un mauvais indicateur dans la stabilité et la crédibilité d’un Etat, d’une institution, d’une entreprise : elle traduit et suggère la mauvaise gestion.. Car, si ses administrateurs ont réellement à cœur que leur service doit fonctionner paisiblement en permanence, ils doivent tenir régulièrement des réunions en interne et, dans le cas contraire, pourquoi ne pas saisir l’opportunité de ces préavis pour examiner les problèmes posés ? Puis, lorsque des grévistes sont rassurés par leur hiérarchie, le gouvernement en l’occurrence, sur la résolution ou la prise en compte de leurs revendications, sa parole doit être d’or et valoir argent comptant devant toute autres considérations. Maintenant, s’il n’y a pas la suite escomptée par l’une des parties, cela ne contribue-t-il pas au durcissement du mouvement de grève ? Que dit la loi (équitable) sur une telle situation ? La plupart du temps, au Gabon, selon la presse, c’est le Gouvernement qui ne tient pas ses promesses. Voilà pourquoi il nous donne en permanence l’impression, à travers les multiples revendications sociales et les fausses promesses dans de nombreux domaines, qu’il a le cœur ailleurs ; qu’il ressemble à un manchot s’habillant de chemises à manches longues enfoncées dans les poches et faisant croire que la personne dispose de tous ses attributs physiques.

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