En marge du forum citoyen de Libération, organisé récemment à Libreville, la ministre du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des services, a indiqué que la fiscalité sera au cœur de son combat.

Madeleine Berre, interviewée le 9 octobre 2015, au Forum citoyen de Libreville. © Gabonreview

Madeleine Berre, interviewée le 9 octobre 2015, au Forum citoyen de Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview : Durant le forum citoyen de Libération, vous avez pris part à un échange sur le développement inclusif. Quelles sont vos impressions de ce forum ? Quels en étaient les enjeux ?

Madeleine Berre : Les enjeux étaient importants. Ce forum a donné l’opportunité de pouvoir prendre la mesure du besoin et des attentes qui sont très forts par rapport au tissu entrepreneurial gabonais. J’ai également eu l’occasion de leur décliner la feuille de route qui est la mienne, qui est de mener des actions lisibles pour la PME gabonaise qui, malheureusement, a encore et toujours ce petit côté d’entreprise victime, insuffisamment accompagnée. Je pense qu’aujourd’hui, j’ai pris la mesure de cet enjeu. J’ai eu l’opportunité de discuter avec des jeunes qui ont plein de projets. L’ambition et la motivation sont d’autant plus fortes que j’ai tellement envie que cela se traduise par des actions fortes, lisibles dans l’immédiat. Les acteurs du ministère dont j’ai la responsabilité seront à l’écoute de la PME. Ils seront là pour les accompagner, les labelliser, leur donner tous les moyens pour réussir et justement pouvoir effectivement avoir un impact sur la croissance et notamment participer à l’évolution des enjeux de l’économie.

Madeleine Berre, le 9 octobre 2015 à Libreville. © Gabonreview

Madeleine Berre, le 9 octobre 2015 à Libreville. © Gabonreview

Concrètement, quand vous dites «donner des moyens nécessaires», quels sont ces moyens ? Qu’est-ce que vous allez faire ?

Concrètement, je vais mettre en place un observatoire, un endroit où on va les rencontrer, où on va les écouter, où on va les accompagner. La première action que j’ai mise en place dès mon arrivée au ministère, c’est d’accélérer l’identification qui avait déjà été initiée. Il est important pour nous de savoir exactement quels sont les secteurs qui sont déjà pourvus en opérateurs économiques nationaux, quelles sont les entreprises que nous avons dans ces secteurs à valeur ajoutée. Que ce soit dans le BTP ou le tourisme, dans l’artisanat, les services ou le numérique, il est important de savoir quel est le poids de la PME sur l’économie nationale. Et cela passe par de véritables statistiques. Il faut avoir l’humilité de dire : on part de quelque chose qui n’est pas encore visible. J’ai donc déjà mis ce chantier-là en œuvre et, dans les tout prochains jours, nous allons mettre un plan d’action lisible avec un espace qui leur sera dédié et la possibilité de les accompagner dans les besoins de financements, en fonction des projets.

Qu’est-ce à dire ?

Je donnerai pour exemple la Can 2017, qui devrait être une opportunité de croissance interne. Parce qu’aujourd’hui, nous avons un évènement sportif international qui va être abrité par notre pays. Il est tout à fait évident que toutes les chaines de valeur qui vont effectivement être autour de cet évènement, devront profiter aux entreprises gabonaises et, partant à la croissance. Cela va créer des emplois et de la richesse. Donc, c’est déjà un axe immédiat que nous allons mettre en place pour pouvoir effectivement identifier les secteurs où finalement nous devons encourager l’entreprise gabonaise. Il est important d’avoir à l’idée la notion d’impact de ce que nous faisons. On peut bien dire : on encourage la PME, c’est très bien. Mais quels sont les secteurs que nous pouvons le plus encourager pour qu’ils soient plus riches et plus rentables?

Il y a les questions de fiscalité qui sont aussi revenues dans le débat, et ces jeunes entreprises ont besoin d’être accompagnées à ce niveau. Vous êtes dans le domaine, qu’est ce qui est prévu pour la PME gabonaise?

Cela va aussi être ma bataille. Parce que, quand bien même je suis au ministère du Commerce, je continuerais à me battre pour l’attractivité fiscale de l’investisseur national. Je pense que notre pays a un panel de dispositions en faveur des investisseurs étrangers. Ce qui est très bien parce qu’on a besoin de l’autre. Moi, j’ai été conseil de grandes entreprises, je pense que c’est une véritable opportunité. Mais, il est important également qu’on puisse mettre en place un tissu réel d’attractivité pour l’entreprise nationale. Cela dit, on ne donne pas d’exonérations fiscales pour donner. Il faut bien qu’il y ait un outil de mesure de l’impact parce que quand on vous encourage à investir, l’économie que vous faite en ne payant aucun impôt doit être réinvestie. Quand je parle d’accompagnement, il ira jusqu’à ce niveau-là. Nous allons mettre en place différentes transversalités avec la direction générale des Impôts pour pouvoir suivre l’évolution de l’entreprise gabonaise et bien évidemment, nous assurer que les gains de trésorerie qu’elle aura eus du fait de l’exonération fiscale seront réinvestis dans l’entreprise afin que cette dernière puisse se labelliser et tirer par le haut l’économie gabonaise.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. papa chango dit :

    la grande tu aurais pu faire beaucoup plus pour ton pays en restant tres loin de cet echec perpetuel sans budget de fonctionnement. Au moins ton air solennel multicolor metalise ajoute au decor. Mais surtout tu nous rappelle mamie Rose qui nous manque terriblement a l approche de la transition.. ah la life la..Regrets

  2. le nouveau dit :

    Bravo Mme Berre
    De bonnes idées,
    -identifiez le potentiel ,
    -aidez les petits à s’insérer dans l’ économie en simplifiant les procédures et la fiscalité, le meilleur moyen de les sortir de l’informel et de la précarité (deux choses très différentes mais qui caractérisent notre économie sous développée)
    – incitons à produire et consommer gabonais, avec des taux avantageux dans les appels d’ offres pour les entreprises gabonaises .

    Pour la Can, le gros des stades et routes est déjà pour les chinois ! Et c’ est 90% des retombées que l’on pouvait attendre .
    Pour les imports, encore un coup de couteau car en plus de la DGCC, de la taxe informatique, du Conseil gabonais des Chargeurs , voici le Scanner avec un taxe de 95000 par conteneur à partir d’ Octobre qui se greffe sur les nombreux obstacles pour un commerce fluide et surtout une vie moins chère.
    Beaucoup est à faire sur la formation des petits mais aussi des grands pour développer le commerce
    et arrêter de le freiner, on est avec vous !

  3. Roberto dit :

    Madame Berre, tout ce constat d’observatoire et de statistiques a déjà été fait : maintenant c’est passé du constat aux actes. Beaucoup d’entreprises échappent à l’impôt donc ce n’est pas çà le problème : le problème c’est la gestion même de ces entreprises et aussi leur accompagnement bancaire : des réunions avec les banques ont déjà été faites. Et l’informel, personne au Gabon n’a réussi à faire sortir tous les petits métiers de l’informel : la question est pourquoi ? On vous demande d’être concrète un point c’est tout !

  4. NGOMO Thierry dit :

    Madame la Ministre,
    Pourquoi ne pas vous battre pour mettre en place une politique économique de type black empowerment (de la RSA), vu que d’une part notre économie est entièrement aux mains des intérêts étrangers (ce qui pour des raisons de souveraineté est inadmissible), et d’autre part l’entrepreneur gabono-gabonais est totalement défavorisé par la situation. Il n’y a pas de raison que notre pays enrichisse tout le monde sauf ses propres citoyens! A moins que ce ne soit une volonté politique de maintenir les Gabonais dans la précarité, d’éviter l’éclosion d’une classe moyenne exigeante.

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