Les obsèques de Mba Obame en direct, hier, sur Gabonreview

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16h03 : Si un hélicoptère des forces de Défense survole la longue cohorte de laquelle monte l’incantation «Amo, président ! Amo, président !», aucune présence policière n’a jusque-là été notée, hormis des camions vides aux alentours du Camp de Gaulle. «La foule est énorme. C’est plus fort que lors de la mort du président Bongo», soutient mordicus un officier de police en civil connu de Gabonreview.

16h 27 : Un phénomène atmosphérique s’offre aux marcheurs qui se dirigent vers l’échangeur des Charbonnages : Derrière eux, le soleil ardent, et devant eux, la lune toute douce. Il n’en faut pas plus pour que les commentaires fusent interprétant cela comme un message de la nature qui livre là un hommage à Mba Obame.
17h35 : La procession passe sous le pont du rond-point de la Démocratie.

 

18h13 : Pendant ce temps au stade de Nzeng-Ayong où une chapelle ardente a été montée sous une tente, de nombreux responsables de l’opposition, à l’instar de Zacharie Myboto (président de l’UN), Jean Ping, Moukagni Iwangou (UPG Loyaliste), Maganga Moussavou (PSD), Benoît Mouity Nzamba (PGP), Jean Eyeghe Ndong (UN), Bruno Ben Moubamba ont rejoint le millier de personnes qui attendent depuis plusieurs heures l’arrivée du cercueil. Selon, toute vraisemblance, la foule qui arrive de l’aéroport ne pourra être contenu par ce stade situé au rond-point du plus grand, plus étendu et plus populaire quartier de Libreville. Il ne compte que 464 places assises. Son aire de jeu devrait donc accueillir ceux qui pourront y entrer.
18h35 : Parvenue à Nzeng-Ayong, la procession comprend que l’absence des forces de l’ordre tout au long de la voie express était due à leur forte concentration dans ce quartier populaire. En sus de l’hélicoptère qui continue sa ronde dans le ciel et des Bérets rouges qui gardent la station PétroGabon du quartier, des policiers anti-émeute sont visibles autour du stade et dans les rues du quartier.
18h38 : La tête de file du cortège parti de l’aéroport est arrivée depuis un moment au stade Nzeng-Ayong alors que le milieu du peloton, avec la dépouille de Mba Obame, se trouve encore au niveau de l’échangeur dudit quartier. Sur les bords de la voie, les populations sont massées par centaines, admiratives et parfois expressives. Stoïques, quelques éléments des forces de l’ordre dans des canters, aux abords des trottoirs, observent la progression de la marée humaine.
18h56 : Ainsi qu’on le prévoyait, le stade de Nzeng-Ayong est archicomble. «35.000 personnes participent à cet évènement funèbre», selon un commentateur de la chaîne TV+. Les leaders de l’opposition ont pris place sous la tente abritant la chapelle ardente tandis que hors de celle-ci, François Ondo Edou, le porte-parole de l’Union nationale, harangue la foule qu’il exhorte à scander «AMO, président élu ! AMO, président élu !». La tristesse a laissé place à la bonne humeur.

La dépouille mortelle d’André Mba Obame est parvenue au grand rond-point du quartier. Selon ce qui vient d’être annoncé, le pick-up qui fait office de corbillard fera plusieurs tours du stade, afin de permettre à tous et à chacun de lui rendre un dernier hommage, ne fut-ce qu’en levant les mains. Après quoi, le cercueil sera exposé dans la chapelle ardente.

19h15 : Leaders de l’UN, du Front de l’opposition, membres de la famille sont installés dans la chapelle ardente, en attendant l’arrivée imminente de la dépouille mortelle. Fait à noter : la présence sous la tente des officiels, de François Engonga Owono, tout premier secrétaire général de la présidence de la République sous l’ère Ali Bongo. En retrait, il ne souhaite ni intervenir, ni être photographié. Il est connu pour avoir toujours été un ami d’André Mba Obame, notamment depuis l’époque du courant des Rénovateurs au sein du PDG à la fin des années 80 et début des années 90.
19h23 : Le public est en liesse avec l’arrivée de la dépouille d’André Mba Obame au stade. L’hommage à AMO à proprement parler va pouvoir commencer. La cohorte aura mis 6 heures pour partir de l’aéroport au stade de Nzeng-Ayong. Ainsi qu’annoncé, la pick-up va effectuer le tour du stade.
19h58 : Selon le porte-parole de l’UN, Francois Ondo Edou, «des éléments n’ayant rien à voir avec le deuil ont infiltré la foule pour créer le trouble. Mais ils ont été formellement identifiés !». Par ailleurs, on ne manquera de signaler et de tirer le chapeau aux bénévoles de la Croix-Rouge gabonaise, remarqués tout au long de la procession (à pieds, sur des vélos ou en ambulance), distribuant de l’eau ou du sucre aux marcheurs. Leurs ambulances sont également arrivées au stade et restent prêtent pour toute opération de secourisme.
Blanc et recouvert du drapeau national, le cercueil d’André Mba Obame atteint enfin la tente où est dressée la chapelle ardente. La première couronne à y être adossée est celle de sa famille biologique. Exécution a cappella, par la foule, de « La Concorde« , l’hymne national.
20h10 : Visiblement très éprouvée par la disparition de son leader, une jeune militante a ouvert la série d’hommages, affirmant d’entrée qu’AMO renvoie au triptyque combat-service-pouvoir. Refusant la disparition du regretté, elle a déclaré en substance : «Président, nous sommes tous ici pour vous faire renaître. Pour nous, vous n’êtes pas mort, nous vous accompagnons simplement dans un lieu de transition». Appelé Moïse de son vivant, André Mba Obame est désormais Josué, a signifié la jeune dame. «Renaissez maintenant car le vrai combat commence. Pour qu’ensemble nous poursuivions la marche vers la liberté», a-t-elle conclu.
21h31 : Les oraisons funèbres se sont poursuivies avec les interventions des leaders syndicaux et de la société civile. Dans l’ensemble, ces derniers ont livré de véritables diatribes au pouvoir, rappelant les déviances, entre autres, du chef de l’Etat et de son gouvernement. Vantant plutôt les mérites de «Moïse», les porte-voix des syndicats et de la société civile évoquent, au nombre de projets réalisés par André Mba Obame, la très célèbre Assurance maladie obligatoire, qui aurait été détournée par le pouvoir en Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Pointant un doigt accusateur vers le pouvoir, responsable selon eux de la disparition de Mba Obame, les leaders ont affirmé unanimement : «AMO tu n’es pas mort», non sans lancer que «le vrai combat commence maintenant».
La série des hommages s’est poursuivie avec le mot des leaders des partis de l’opposition, avant le dépôt des gerbes des fleurs. La bière sera ensuite conduite à «Barcelone» (domicile familial). Le mercredi 29 avril, la dépouille mortelle fera une escale au siège de l’UN à l’Ancienne-Sobraga en vue des hommages politiques, avant d’être acheminée à la cathédrale Sainte Marie. Après l’office religieux, elle sera conduite à l’aéroport de Libreville en vue de rallier Oyem, chef-lieu du Woleu-Ntem, pour un autre hommage d’un jour avant de terminer, le lendemain, à Medouneu, village natal du disparu. Le 1er mai, André Mba Obame sera enterré dans l’intimité familiale.
Ici prend fin ce Live !