Défait dans la conquête du siège du chef-lieu du département du N’tem, l’actuel ministre de l’Economie numérique et de la Poste devrait quitter ses fonctions par éthique.

Pastor NGoua N’Neme. © D.R.

Pastor NGoua N’Neme. © D.R.


 
Parce que sa victoire à la législative partielle du 8 août dernier lui aurait conféré plus de légitimité tout en justifiant sa place au gouvernement, le ministre de l’Economie numérique et de la Poste devrait songer à rendre son tablier. Après plus de 19 mois passés au gouvernement, il a essuyé une défaite qui n’exprime que trop le ras-le-bol des populations de cette contrée du nord du pays, alors que la majorité au pouvoir peine de plus en plus à convaincre malgré les quelques réformes engagées ici et là, sans que le but de celles-ci ne soit d’ailleurs véritablement justifié. Or, si Pastor Ngoua N’Neme a été choisi parmi d’autres potentiels candidats, c’est pour représenter dans une certaine mesure cette même population, et partant celle de toutes les autres localités et provinces du pays. Pourtant, chez lui, et en dépit de la supposée puissance de son parti sur l’échiquier politique national, l’homme ne semble pas convaincre grand-monde. Qui représenterait-il désormais au gouvernement ? Une question qui vaut son pesant d’or et se pose dans un pays où l’entrée au gouvernement est toujours l’objet de dosages ethniques et provincialistes dites géopolitiques. Certains estiment, à tort ou à raison, que le candidat malheureux doit quitter purement et simplement et sans délai le gouvernement.
Affiche de campagne de Pastor Ngoua N’Neme. © D.R.

Affiche de campagne de Pastor Ngoua N’Neme. © D.R.


Si aucune disposition légale ne prévoit la sortie du gouvernement des ministres battus aux élections, pour certains, il serait bienvenu voire conseillé que Pastor Ngoua N’Neme démissionne de son propre chef. Le ministre de l’Economie numérique et de la Poste gagnerait à faire montre de courage et de sens de l’honneur. «Rien n’est prévu dans ce genre de cas au Gabon, mais il (Pastor Ngoua N’Neme) devrait démissionner par éthique politique», lance un observateur, selon lequel «il serait mal vu qu’un membre du gouvernement à qui les populations ont refusé l’onction démocratique continue de siéger au gouvernement. Çela ressemblerait à un bras d’honneur au peuple, une négation de sa souveraineté et du suffrage universel».
Reste donc au président de la République et au Premier ministre de prendre toute la mesure de la situation. D’autant que sous d’autres cieux, en France notamment, François Fillon (en 2007) et Jean-Marc Ayrault (en 2012) avaient dû appliquer «la jurisprudence Juppé», qui oblige les ministres battus aux législatives à quitter immédiatement leurs fonctions, à l’instar d’Alain Juppé, contraint de quitter le gouvernement un mois jour pour jour après sa nomination à la tête d’un super ministère en charge de l’Ecologie et du Développement durable, parce que battu dans sa circonscription bordelaise en 2007. Récemment battu par Patrick Eyogo Edzang, candidat de l’Union nationale (UN) à Bitam, Pastor Ngoua N’Neme en est-il capable ? Ça reste à voir.
 

 
GR
 

17 Commentaires

  1. imagine56 dit :

    N’y songez même pas, Pastor pour rien au monde ne démissionnerait de son poste, nous sommes une république bananière et de ce fait n’appliquons pas ce qui se fait dans des pays de vieille démocratie.
    Ali et Ona Ondo ne peuvent se permettre de transposer ce qui se fait en France au Gabon, c’est la raison pour laquelle Pastor n’a pas à craindre pour son poste.
    S’il se trouvait qu’à la suite du remaniement annoncé depuis kalakala, il fasse partie des malheureux sortants, croyez moi son échec aux législatives n’expliquerait pas sa sortie, son sort aurait été décidé depuis longtemps, une erreur de casting surement.

  2. La Fille de la Veuve dit :

    Comparaison n’est pas raison.
    En 2007, Alain Juppé avait perdu l’élection législative à Bordeaux alors que Nicolas Sarkozy venait de remporter l’élection présidentielle et que son parti l’UMP avait remporté la majorité des sièges de ces élections législatives. Alain Juppé était donc désavoué par le suffrage alors que sa formation politique était plébiscitée.
    Dans le cas de Pastor Ngoua N’Neme, il convient de rappeler qu’il s’agit d’une élection législative partielle et que son résultat est d’abord une conséquence de l’appréciation que les populations de Bitam ont de la gestion du pays par Ali Bongo et son Gouvernement. Dès lors, la question qui se pose est : Est-ce Pastor Ngoua N’Neme qui a été désavoué ou alors Est-ce Ali Bongo ou le Gouvernement de Daniel Ona Ondo ? A mon avis c’est plus Ali Bongo et le Gouvernement dans son ensemble qui ont été désavoués.
    Si l’on regarde de près les résultats de Bitam, on constate que le PDG qui a réalisé un score de 48,46% lors des élections locales de 2013 à Bitam recul de 4,95% pour se situer à 43,51% en 2015 lors de l’élection législatives partielle.
    Sachant que Pastor a dû faire face au départ de René Ndemezo’Obiang qui a soutenu Patrick Eyogo-Edzang et qu’il n’appartient pas au Clan Essandone, Clan auquel appartiennent Ndemezo’Obiang et Patrick Eyogo-Edzang, Clan majoritaire à Bitam, on devrait plutôt reconnaître qu’il a bien résisté à une élection dans laquelle il avait si peu d’atouts.
    Pour conclure, si Pastor Ngoua N’Neme devait être contraint de quitter le Gouvernement au vu des résultats de cette élection législative partielle, ce sont Ali Bongo et Ona Ondo qui manqueraient d’honnêteté et d’éthique en se défaussant sur la victime de cette élection, à savoir Pastor Ngoua.

    • François Ndjimbi dit :

      Même si c’est Gabonreview qui pose le sujet, votre analyse, chiffrée, est tellement pertinente. Le sieur Pastor Ngoua a, en effet, fait un score honorable dans le contexte que vous décrivez. À ceux qui forment le gouvernement d’en juger. Merci de continuer à nous suivre.

    • mossodjo dit :

      Pastor a choisi en adulte et politicien averti de servir et defendre un gouvernement impopulaire et il a perdu. Il doit donc en assumer toutes les consequences devant ses chefs aussi. Ils ont le privilege de se decharger ou non du risque politique qu il represente desormais pour la bonne execution de leur politique surtout avec un Patrick Eyogho desormais parlementaire-en-embuscade. Si ses resultats sont encourageants c’est a lui desormais de faire de meilleurs choix individuels afin de perseverer vers un futur politique plus brillant.
      Ces regles democratiques ont fait leur preuve et on se doit de les accepter pour aider notre fragile democratie. Argumenter sur le contexte particulier d’une election pour justifier une defaite dont le resultat ne souffre d’aucune contestation et speculer que les populations choisissent un candidat sur la base d’appartenance a leur clan revmet completement en cause notre niveau de maturite politique.

    • TCHIBOUELE dit :

      @La fille de la veuve.
      je suis déçu de cette analyse fondée sur l’appartenance a un clan.
      Pastor NGOUA savait qu’il n’était pas du clan majoritaire, alors pourquoi s’est-il présenté si son échec était connu a l’avance?
      Quelle est la frontière entre lui, Ali et ONA.
      Arrêtons de penser de cette façon en 2015.
      Il a été battu, qu’il ait les couilles de démissionner. c’est cela aussi le courage.

  3. FRANCOPHONE dit :

    DEMISSIONNER ? pourquoi lui ? le Biafrai est aussi illégitime , sinon plus ….et que dire du Beninois? Et du perroquet Billy ? Et l’autre du budget qui doit des gros sous à l ’ italien ? quand incompétence rime avec impopularité …c’est l’Emergence ….

  4. GESS dit :

    Il ne démissionnera pas. Car la campagne de l’UN à Bitam était menée sur une base clanique, un non Essandone ne peut rien gagner dans la commune. Or, notre beau pays ne doit plus fonctionner sur cette base.

    • La Fille de la Veuve dit :

      Votre argument ne peut suffire. Une élection n’est pas un Concours d’aggregation, il s’agit d’un choix individuel qui est fonction de la sensibilité de chacun. Il y a eu en faveur d’Eyogo un vote Essandone comme il y a en faveur du PDG à Bitam et dans le Woleu Ntem un vote Haoussa, parce que musulman.
      Ces considérations sociologiques participent du jeu démocratique, mais elles ne suffisent pas à expliquer l’issue du scrutin.

  5. Papangoye dit :

    Il a payé pour Ali Bongo et Acrombessi, les 2 hommes les plus détestés du pays.

  6. Meta mine dit :

    C’est vrai allais-dire

  7. le Blogueur Gabonais dit :

    NORMALEMENT il doit le faire sauf si cette dérogation n’existe plus !

  8. Raissa dit :

    Je pense qu’il ne doit pas démissionner.

  9. bitamois dit :

    Que Pastor démissionne? Et pourquoi?
    Pastor Ngoua est un soldat qui est allé au combat en terre très hostile!!! il n’a pas gagné mais il a atteint un score inespéré par les dirigeants du parti! Presque 44% face à l’UN dans une ville supposée fief de l’opposition avec un René à leur côté, un manque total de soutien de la part de Ondo Methogo et les obsèques de AMO encore dans les esprits!!! il a préservé l’essentiel.
    Limoger Pastor serait comme accuser son chien de rage!!! Je ne pense pas que les décideurs du Parti le feront…bien au contraire, ils lui fourniront les armes nécessaires (projets interrompus comme le lycée, l’hopital, l’aeroport et notament le goudron) pour renverser la tendance

  10. maureen dit :

    Qu’il s’attende à des sourires moqueurs au prochain conseil de ministres, parce que les autres ne vont pas se gêner de lui rappeler la gamelle qu’il vient de ramasser à Bitam.

  11. Python dit :

    Une ènième claque à Ali Bongo après le coup de massue reçue en pleine cabosse suite à la mise en garde à vue de son bras droit Acrombessi.

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