Réagissant à un article de l’hebdomadaire Le Douk Douk, qui traitait l’ancien Premier ministre de «rat», un de ses proches, l’universitaire Adolf R. Moukouéli, a fait le bilan politique, économique et social des six premières années du septennat du président de la République. «Catastrophique !», affirme-t-il.

© Gabonreview/Shutterstock

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Pour cet universitaire, les attaques et injures dont est l’objet Jean-François Ntoutoume Emane dans les journaux proches du pouvoir, et dont l’hebdomadaire Le Douk Douk serait l’un des titres, sont dues au retentissant hommage républicain qu’a fait l’ancien Premier ministre à André Mba Obame en avril dernier, à travers un communiqué publié par le quotidien L’Union. Adolf Moukouéli a d’abord voulu voir derrière ces attaques la main du présidence de la République et celle de ses proches, ajoutant que «les Gabonais sont coutumiers des méthodes du régime Bongo-PDG dont la spécialité, depuis des décennies, consiste à salir et à attaquer, l’exercice était courant sous le «père» qui, pour se dédouaner de ses propres turpitudes, avait pris l’habitude de jeter ses Premiers ministres en pâture, faisant peser sur leurs seules épaules la responsabilité de tout ce qui ne marchait pas dans le pays», ajoutant que «ce qui, pour le «père», était une simple posture politicienne, souvent pour amuser la galerie, s’est transformé, sous Ali Bongo, en un exercice de pure méchanceté, un jeu de massacre sans limite ni tabou». Adolf Moukouéli s’exprimait littéralement ainsi dans les colonnes du journal La Nation, le 15 juin dernier.
Pour ce proche de Jean-François Ntoutoume Emane, «qu’on ait servi son «père» avec loyauté ou que l’on ait contribué à l’installer sur le trône du Gabon, quiconque émettra la moindre critique envers la gouvernance «émergente» sera mis à l’index et vilipendé, comme l’a montré la teneur des articles émanant pour la plupart des journaux à la solde du pouvoir qui ont accompagné les sorties de Ping, Adiahenot et Ndemezo’Obiang du Parti démocratique gabonais». «Hier, poursuit-il, c’étaient Zacharie Myboto, André Mba Obame, Casimir Oyé Mba, Jean Eyéghé Ndong, Paulette Missambo, et d’autres (…) qui se sont vus affublés de tous les noms d’oiseau pour avoir dénoncé la gouvernance suicidaire du pays et décidé de ne plus rien à voir avec les autorités en place ; aujourd’hui, c’est au tour de Jean-François Ntoutoume Emane d’être traité de «rat», de «faussaire» et d’«incompétent»».
Abordant la gestion du pays depuis 2009, Adolf Moukouéli se demande «qu’ont-ils prouvé en six ans d’exercice du pouvoir ?» Pour lui, «rien ou très peu de choses». «La gestion politique du pays ? Calamiteuse. Les Gabonais sont plus divisés aujourd’hui qu’avant 2009 et la démocratie gabonaise est inexistante avec les violations répétées de la Constitution, la confiscation des libertés publiques et la patrimonialisation de l’Etat. La Gouvernance économique et financière ? Catastrophique. Le déficit budgétaire est devenu la norme et la dette publique du Gabon a été multipliée par deux en six ans (…) sans résultat probant. Les infrastructures ? Néant. Il convient pour la vérité historique de rappeler que les chantiers relatifs aux routes, notamment dans le Sud du pays et dont veut se prévaloir Ali Bongo ont été lancés sous Omar Bongo, ce qui revient à dire que ces projets étaient déjà financés». «En revanche, indique-t-il, aucune des grandes infrastructures promises au début du septennat n’a été réalisée ; au contraire, l’argent du contribuable a servi à financer des mirages, le train de vie démentiel d’Ali Bongo, et à engraisser ses frères étrangers». «La masse salariale ? Elle a été multipliée par deux en six ans, passant de 371 milliards CFA en 2009 à 732,7 milliards en 2015, sans que cela ne se traduise, ni par l’augmentation du pouvoir d’achat des agents de l’Etat, ni par l’amélioration de la productivité des services publics. La politique sociale ? Introuvable. A part la CNAMGS léguée, soit dit en passant, par André Mba Obame, l’on a du mal à lire la politique sociale des Emergents. L’extrême pauvreté touche désormais 33% des Gabonais pendant que le chômage a explosé pour se situer autour de 35% de la population active». D’autres sujets sont abordés dans cette réaction. «Dans le même temps, dit l’universitaire, les problèmes de logement social, de la santé et de l’éducation restent entiers».
Un brin moqueur, il affirme, en guise de conclusion, qu’en six ans, «Ali Bongo et les ’’artistes’’ qui l’entourent, étrangers comme lui-même, bien qu’affublés de patronymes gabonais, ont fait preuve d’un amateurisme et d’une incompétence que même leurs soutiens les plus sincères admettent les uns après les autres, n’est-ce pas Raymond Ndong Sima, économiste de renom, ancien Premier ministre ? N’est-ce pas Alexandre Barro Chambrier, professeur agrégé d’économie, député PDG à l’Assemblée nationale ? N’est-ce pas mon Général, député PDG, vice-président de l’Assemblée nationale ?»
Quelle rudesse dans la réaction ! La gouvernance d’Ali Bongo est décidément agitée, disséquée, moquée et dévitalisée par une personne proche du pouvoir, parce que proche d’un ancien Premier ministre. Au cœur de la forêt équatoriale, faut-il s’amuser de telles réactions ou craindre pour leurs auteurs ? Dans la pétulante et cosmopolite métropole librevilloise, beaucoup en sont à penser que le pouvoir actuel devrait effectivement améliorer sa gouvernance. Car ce n’est plus la seule opposition qui en joue les contempteurs.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Carl Nguema dit :

    Ce monsieur est contradictoire ,il dit qu’il n’y a aucune politique sociale alors qu’il affirme que la Cnamgs a été mise en place par ce gouvernement emergent quand bien même l’idée viendrait de Mba Obama qui lui même était un emergent plein, ensuite il dit que le chômage a « explosé » a 33% alors que ses dernières années c’était 44% ce qui démontre plutôt une baisse considérable , et pour finir il affirme que les emergent n’ont rien fait alors que son exposé démontré le contraire , sans compter les CHU qu’il a oublier de mentionner dans les infrastructures ….économiste ?? Mon œil !!

  2. TCHIBOUELE dit :

    Les PDGistes sont devenus fous, rien ne va plus et ce que nous redoutions est entrain de se produire. doit-on assister a une nuit de longs couteaux entre frères et anti-freres de hier?
    En tout cas, ça devient très tendu et bien tendu.
    TICTACTICTAC…

  3. Germain Ndouna dit :

    Et ce qui devait arriver arriva. En décembre 2009, Mr Ntoutoume Émane que nous attendions dans l’engagement et la restauration du pays avec certains de ceux de sa génération,qui avaient tous laissé Mr Bongo Omar piller le pays quand ils ne l’auraient pas tout simplement.par devoir pour ce pays que Léon Mba,Yembi,Ngondjou et d’autres leur ont laissé sans aucune dette ni place et postes réservés pour leur progéniture.s’est curieusement retrouvé aux côtés d’une bande d’enfants mal élevés que leur parents ont bordés jusqu’à 50ans,Incapables.il leur a servi de caution générationnelle d’une part et fang d’autrepart.bon pour insulter et contredire ceux qui osaient lever un pan de vérité sur l’imposture Ali qui se préparait contre le Gabon ils l’ont bien remercié.la suite sera pour tous ceux qui ne le comprennent pas.

  4. Ossone dit :

    Selon Adolph R. MOUKOUELI, « la gouvernance d’Ali BONGO est catastrophique ????? »
    Mais très cher Monsieur, qu’en est-il de la gestion M. NTOUTOUME EMANE partout où il est passé ???? Je dis bien partout.
    Mais qu’est-ce qui se passent avec nos papys « opposants » au passé budgétivore et qui veulent se faire passer pour des anges aujourd’hui ???
    M. MOUKOURLY, je suis agent municipal et je peux me permettre d’affirmer que M. NTOUTOUME EMANE, mieux, le couple NTOUTOUME EMANE lors de leur magistère à la Mairie de Libreville ont mis cette noble institution à terre à travers leur gestion.
    Voici un bref aperçu:
    Multiples voyages du Maire et de son épouse payés par le budget municipal (50 millions F CFA en moyenne), Recrutements abusifs des membres de la famille, nominations des membres de la famille du Maire ou de sa femme a des postes stratégiques tels que la Direction Générale des Finances et des Recettes, Chef de service des Recettes, Direction de la Publicité, Inspection Générale Municipale et j’en passe; détournement des recettes de mariage (géré par M. Eric KOMBILA, son Chef de Cabinet), mise en réforme de façon frauduleuse des véhicules de fonction (le Maire en a bénéficié, ainsi que ses collaborateurs immédiats), achat d’un groupe électrogène à Tractafric par le budget municipal et installé à la résidence principale du Maire), émargement des enfants du couple NTOUTOUME EMANE dans la solde municipale et ce, bien qu’étant…étudiants en France.
    M. MOUKOUELY, les actes de gestion de la gouvernance de M. NTOUTOUME qui est un notable que je respecte, ne sont-ils pas plus que CATASTROPHIQUES ????
    Avant de venir sur un espace public tel un avocat, rassurez-vous que vous ne traînez pas de casseroles. Car les casseroles, le M. NTOUTOUME EMANE en a laissé à la Mairie. Etiez-vous au courant du salaire de M. NTOUTOUME EMANE à la Mairie ?
    Quelqu’un de son âge et de son passé cherche quoi encore même si je sais qu’il voulait encore être reconduit Maire de la Commune de Libreville ?
    C’est vrai que ce n’est pas gentil de le traiter de « rat », cela est même irrespectueux mais M. MOUKOUELY, si réellement vous êtes un universitaire et proche de M. NTOUTOUME EMANE, sur les aspects de bonne gouvernance, M. NTOUTOUME EMANE est très mal placé pour faire la leçon.

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