L’organisation nationale des employés du pétrole (Onep) dénonce les procédures de licenciement, mettant en lumière les manquements de l’administration et la dure réalité de la ville de Port-Gentil où l’on dénombre plus de 1 500 emplois précarisés avec 800 mises au chômage déjà. 

© Gabonreview/Shutterstock

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Ville pétrolière, Port-Gentil est fortement touchée par la crise depuis un an et demi. Principale conséquence de cette situation, les licenciements au sein des sociétés pétrolières et sous-traitants. «A ce jour, on enregistre plus de 1 500 emplois précarisés. C’est une réalité que beaucoup de familles vivent difficilement. En termes de licenciements économiques, nous avons déjà enregistré près de 800 employés ayant perdu leurs emplois suite à la crise pétrolière», a relevé le secrétaire général adjoint de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep). «En termes de congés techniques, nous avons déjà enregistré près de 400 travailleurs mis sur la touche. Concernant les départs négociés, il y a quelques entreprises qui essaient de privilégier cette séparation à l’amiable, qui garantit aux travailleurs de meilleurs avantages sociaux. 300 employeurs sont ainsi concernés par ces mesures», a poursuivi Sylvain Mayabi Binet dans le reportage «Les larmes du pétrole au Gabon», disponible sur la toile.

Si ces chiffres sont alarmants, ils ne traduisent pas toute l’ampleur de ce choc pétrolier, le quatrième après ceux de 1973, 1979 et 2014. «Ces chiffres ne sont pas exhaustifs (…) Car les chiffres fournis par l’Onep ne concernent que les sociétés dans lesquelles ses adhérents sont employés. Pour se faire une idée de la réalité, il faudrait peut-être multiplier les chiffres par deux», a révélé le responsable syndical.

L’une des mesures envisagées par les opérateurs est le licenciement économique. Bien qu’encadrée par le Code du travail, cette procédure n’est pas toujours correctement appliquée. «Dans toutes les sociétés dans lesquelles nous sommes représentés, nous avons relevé que les licenciements économiques brillent par la violation de la procédure», a regretté Sylvain Mayabi Binet.

Selon le responsable syndical, les entreprises bénéficient généralement de la bienveillance de l’administration. «Quand bien même l’inspection générale du Travail refuse les autorisations de licenciements du fait de la procédure viciée, les entreprises font des recours auprès de la direction générale du Travail, qui accorde les autorisations. C’est une situation déplorable», a-t-il dénoncé, mettant en lumière le vide juridique sur les congés techniques.

En effet, les congés techniques ne sont pas encadrés par le Code du travail. «L’employeur qui a des difficultés structurelles financières peut invoquer le congé technique», a-t-il expliqué. «Or depuis la sortie du Code du travail en 2010, aucun des ministres qui se sont succédés à ce département n’a pris à bras-le-corps ce problème, en prenant l’arrêté encadrant le congé technique», a déploré le secrétaire général adjoint de l’Onep.

Cette situation a d’ailleurs provoqué des remous au sein de certaines entreprises, qui, après avoir envoyé leurs employés en congés techniques, ont procédé à des recrutements, sans doute moins coûtants. «Nous avons été envoyés en congés techniques et notre employeur, sans notre consentement, nous a reversé 30% de notre salaire brut. Et alors que l’entreprise reprend du service, nous ne sommes pas rappelés mais d’autres personnes sont recrutées», a témoigné un employé d’Expro, spécialisée dans l’assistance technique aux forages et puits. Au-delà, l’Onep dénonce la légèreté de l’administration dans la gestion et le suivi des dossiers. «Même quand le cadre est arrêté, l’administration suit toujours les employeurs dans leur position de violation des règles établies par la loi. Et le perdant dans tout ça, c’est l’employé», a conclu Sylvain Mayabi Binet.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Orly dit :

    C’est la catastrophe. Pog est une ville sinistrée professionnellement notamment.

  2. Yandi Beni dit :

    C’est un vrai désastre. Des milliers d’employés en réalité ont été mis au chômage en un laps de temps rarement sinon jamais enregistré dans la ville. Certaines entreprises se sont servi de la crise pour se livrer à de basses manoeuvres comme le laisse entendre l’article. Privant ainsi des milliers de foyers de revenus stables. Avec les ravages de l’affaire BR SARL qui arrivait justement au moment où beaucoup étaient prêts à tout pour tenter de se mettre à l’abri, c’est une véritable psychose qui s’est installée à POG. Au grand mépris de tous ceux qui osent publiquement nier la réalité.

  3. tchenko dit :

    Un sombre 1er mai en prélude pour cette importante masse de contribuables qui est jeté en pâture avec la bénédiction bienveillante de notre émergente administration.

  4. Les Signes de la fin des temps dit :

    A noter que ces chiffres ne concernent que les personnes syndiqué à l’ONEP,mais la vérité est qu’il y a plus de 7500 licenciés actuellement dans la ville de Port-gentil dans le secteur pétrolier.

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