La grève d’avril 2015 pendant une dizaine de jours continue de hanter la vie de la société Addax petroleum qui a sans aucun doute crié victoire trop tôt après l’ordonnance du juge des référés qui l’avait déclarée «illicite». La Cour d’appel a en effet rendu, le 17 novembre 2015, un arrêt infirmant cette décision. Ce qui amène l’Onep à monter de nouveau au créneau.

© Gabonreview/Cherezoff

© Gabonreview/Cherezoff

 

D’après les chiffres de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), non démentis par Addax, la grève d’avril 2015 aura coûté plus de 6 milliards de francs CFA à la société. Une perte évitable si quelques responsables de la société n’avaient fait dans «l’excès de zèle», surtout que la Cour d’appel vient de déclarer irrecevable l’action intentée par Addax petroleum contre le syndicat.

Le bureau national de l'Onep (ici au plus fort de la crise à Addax) s'invite incessamment à Addax pour vérifier l'application des accords d'après grève. © Gabonreview/Louis Mbourou

Le bureau national de l’Onep (ici au plus fort de la crise à Addax) s’invite incessamment à Addax pour vérifier l’application des accords d’après grève. © Gabonreview/Louis Mbourou

Le puissant syndicat des pétroliers n’hésite d’ailleurs pas à indexer directement les administrateurs généraux adjoints, le directeur des ressources humaines par intérim, Roger Mavoungou Sickout, et le directeur des opérations et QHSE par intérim, Siméon Edzo Mezui, ainsi que le directeur juridique et commercial, Éric Bygodt. En voulant «un service minimum taillé à leur mesure» ces derniers auraient fait capoter les négociations sur la mise en place du service minimum après le lancement de la grève, le 14 avril 2015. Déclenchée après le préavis déposé sur la table de la direction générale le 7 avril par l’Onep, cette grève est la conséquence du refus d’Addax d’appliquer le procès-verbal de conciliation signé par les parties le 28 novembre à Libreville, sous l’égide du Conseiller spécial du président de la République et du Secrétaire général du ministère du pétrole.

L’autre mobile avancé par le syndicat pour justifier son mouvement d’humeur concernait le licenciement pour des raisons jugées «fallacieuses» de cinq employés par la direction de la société. «Nous avons, après le mot d’ordre de grève, voulu mettre sur pied un service minimum, conformément à l’arrêté 003/PR/MTPES du 22 mars 2010 qui limite ce service aux activités essentielles ayant «un impact sur la santé, la vie et à la sécurité des hommes». Mais les stratèges d’Addax ont voulu nous imposer plus, balayant d’un revers de la main nos propositions pour le bien de l’entreprise», a déclaré le secrétaire national de l’Onep, Lambert Mbolo Oye.

Ce dernier souligne que «l’arrogance» des trois responsables précités a été à l’origine de la radicalisation du mouvement ayant conduit les employés grévistes à tout arrêter sur les grands sites de production de la société que sont Obangué et Tsiengui. «Au lieu de négocier, ces stratèges ont plutôt envoyé des gendarmes et un huissier de justice sur les sites pour intimider les grévistes. Ils ont par ailleurs envoyé des techniciens extérieurs à la société pour tenter de redémarrer les installations, une démarche bien illégale dans ce genre de situation», a ajouté le secrétaire national.

C’est suite à l’échec des stratégies mises en place pour briser la grève, et après dix jours de grève dont les pertes ont été évaluées à 200 000 barils de pétrole soit 6,6 milliards de francs CFA, que la direction s’est décidée à rejoindre la table des négociations, le 23 avril 2015. Celles-ci ont abouti à la signature d’un procès verbal de conciliation et à la levée de la grève. «Tout porte à croire, soutient Lambert Mbolo Oye, que les trois directeurs d’addax ont fait perdre inutilement du temps et de l’argent à la société en mettant en place des stratégies qui témoignent de leur mauvaise foi. Après la reprise, ils ont cherché à mettre toute la responsabilité des pertes infligées à la société sur l’Onep en nous assignant devant le tribunal pour grève illicite».

Dans une ordonnance en date du 30 avril 2015, le juge des référés avait déclaré illicite la grève de l’Onep et ordonné la cessation de troubles, alors même que la grève était levée depuis plusieurs jours. Criant au scandale, l’Onep avait aussitôt interjeté en appel. Le syndicat craignait en effet qu’Addax ne s’appuie sur cette décision qu’il jugeait «inique» pour régler les comptes aux salaries grévistes. Commence alors la longue attente sur fond d’inquiétudes et d’angoisse chez ces derniers qui craignent pour leur emploi.

Dans un arrêt daté du 17 novembre 2015, la Cour d’appel vient de rassurer ces employés, en infirmant totalement l’ordonnance du tribunal condamnant l’Onep et en déclarant irrecevable l’action intentée par Addax petroleum. Une décision qui permet une sortie du bois du syndicat qui annonce son retour sur le front d’Addax pour vérifier le respect des engagements pris par la société lors de la grève d’avril 2015. «L’Onep se fera inviter à Addax dans les prochains jours pour suivre l’application des accords du procès verbal du 24 avril», a annoncé, rasséréné, le Secrétaire général adjoint de l’Onep, Sylvain Mayabi Binet.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Le Sage dit :

    L’ennemi du Gabon c’est le Gabonais lui-même et que fera la société de ces trois rigollots qui pensaient être au dessus de la loi ? simplement les licencier pour incompétence si non ils vont continuer à entrainer la société ADDAX dans des bêtises.

  2. mouissi ngoumbou dit :

    Les gabonais cités comme ayant été la cause de l’aggravation des conséquences de la grève à Addax, sont des très bons techniciens mais sont ils aussi des bons négociateurs? souvent nous confondons les genres, un directeur des opérations n’est pas un GRH, donc il ne connait pas les subtilités de la négociation en cas de grève. Son souci est de produire afin de minimiser l’impact de la grève sur le résultat de l’entreprise. Soyons indulgent avec les vieux routiers du pétrole.

Poster un commentaire