Visite du procureur général à la prison centrale de Libreville : un espoir pour les détenus en attente de jugement

En mission d’inspection ce 28 mars 2025, le procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Eddy Minang, s’est rendu à la prison centrale de Libreville. Cette visite s’inscrit dans une dynamique de réformes judiciaires et pénitentiaires visant à améliorer les conditions de détention et à assurer le respect des droits fondamentaux des prisonniers.

En mission d’inspection ce 28 mars 2025, le procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Eddy Minang, s’est rendu à la prison centrale de Libreville. © GabonReview
La prison centrale de Libreville, avec plus de 3000 détenus dont 2759 en détention préventive, fait face à une crise de surpopulation aggravée par des détentions prolongées sans jugement. C’est dans ce contexte que le procureur général près la Cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, accompagné de plusieurs magistrats, a effectué une visite ce 28 mars 2025. Cette initiative visait à évaluer les conditions de détention, informer les détenus de la reprise des audiences après la grève des magistrats et examiner les dossiers des détenus afin de rectifier les irrégularités constatées.
Lors de cette visite, le procureur général a constaté des conditions de détention acceptables dans certains quartiers, notamment à la maison d’arrêt des femmes et dans le quartier des mineurs. Cependant, l’un des problèmes majeurs relevés reste la surpopulation carcérale, due aux longues détentions sans jugement. Certains détenus attendent depuis plus de dix ans, sans qu’aucune décision judiciaire ne soit rendue à leur sujet. Ce constat alarmant met en évidence des dysfonctionnements administratifs et judiciaires graves.
Un détenu, doyen et chef de quartier à la prison, a exprimé sa reconnaissance envers les magistrats pour cette visite inédite tout en dénonçant la situation dramatique des prisonniers : «Depuis près de cinq ans que je suis chef de quartier, ça ne s’est jamais produit et aujourd’hui cette visite nous donne encore espoir. La surpopulation de la prison centrale de Libreville en général et dans les quartiers dont je suis responsable est due au manque de résultats d’audience, aux détentions abusives. Cinq ans, six ans, dix ans, treize ans, seize ans, c’est trop… sans être jugé ! »
Il a également souligné l’absence d’ordonnances de disqualification de motifs après instruction, la confusion entre les condamnés et les prévenus, ainsi que la disparition de certains dossiers, autant de facteurs qui aggravent le problème de la surpopulation carcérale.
Des mesures correctives annoncées par le procureur général
Le procureur général, Eddy Minang, a reconnu ces dysfonctionnements. Face à ces constats accablants, il a rappelé les objectifs de cette visite : « La première raison, c’était de venir nous assurer des conditions de détention. Parce que même s’ils sont à la prison, ils sont des compatriotes, ils ont des droits. (…) Nous sommes également venus rendre visite aux détenus pour leur dire que la grève des magistrats et des greffiers est terminée, et qu’à partir de lundi, les audiences vont reprendre».
En plus de rassurer les détenus sur la reprise des activités judiciaires, le procureur général a annoncé que des mesures concrètes seront prises pour libérer ceux dont les délais de détention ont largement dépassé les limites légales : « Nous avons pu recenser qu’il y avait des gens en prison depuis 10, 12 ans sans être jugés. (…) Nous allons travailler et plusieurs personnes, dont les délais sont largement dépassés, seront libérées dans les meilleurs délais. »
La visite du procureur général et de son équipe marque une étape importante dans la lutte contre les détentions abusives et la surpopulation carcérale. Elle met en lumière la volonté des autorités judiciaires d’améliorer la gestion des audiences et de garantir un traitement équitable aux détenus. Toutefois, pour que ces engagements se traduisent en actions concrètes, une réforme en profondeur du système judiciaire gabonais reste indispensable.

0 commentaire
Soyez le premier à commenter.