Violences faites aux femmes : Quid de celles emprisonnées sans jugement ?
À l’heure où le discours politique est à la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes, des défenseurs des droits humains, à l’instar de l’association SOS Prisonniers Gabon (SPG), interpellent les autorités sur le cas de plusieurs femmes en incarcérées à la prison centrale de Libreville depuis de nombreuses années sans jamais avoir été jugées. Certaines en sont à 12 ans de détention préventive.
Brigitte Abetté et Gisèle Mettiameve ; Anouchka Simbou, Judith Via Ebindji et Vladimir Élise Baviogui… toutes ces femmes incarcérées à la maison d’arrêt de Libreville sont actuellement en détention préventive. Les premières depuis 8 ans et les secondes depuis 5 ans. Mais le cas le plus marquant est sans doute celui de Jessica Nse Nguema qui totalise à ce jour 12 ans de détention préventive. Pis, selon des témoignages, cette compatriote a développé des troubles psychiatriques quelques années après son arrivée dans l’établissement carcéral.
Au Gabon, le discours politique est à la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes, et de nombreuses initiatives consacrées à cette cause sont menées par le gouvernement avec le soutien de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba (FSBO). Ce qui confère au pays une certaine estime au niveau international. Seulement, la question des nombreuses détentions préventives jugées abusives dénote avec la volonté politique actuelle.
«Le gouvernement gabonais ne cesse de sensibiliser les citoyens sur la loi n°006/2021 portant élimination des violences faites aux femmes. Mais maintenir une femme en détention préventive au-delà des délais légaux, n’est-ce pas une forme de violence ?» s’interroge d’ailleurs le président de l’association SOS Prisonniers Gabon dans un post Facebook ce samedi 10 décembre.
Lionel Ella Engonga rappelle en effet que «l’article 134 du Code de procédure pénale gabonais limite la détention préventive à 18 mois maximum pour les délits et 24 mois maximum pour les crimes. L’article premier alinéa 4 de la Constitution gabonaise dispose que la détention préventive ne doit pas excéder le temps prévu par la loi». Aussi, estimant que ces dispositions «sont allègrement violées», le juriste a-t-il saisi, vendredi 9 décembre, la ministre de la Justice, Chargée des Droits humains, «pour demander la libération des détenus hors délai de la détention préventive et ceux dont les peines ont déjà expiré, mais qui sont toujours incarcérés à la prison centrale de Libreville». L’association qui milite pour le respect des droits humains en milieu carcéral en dénombre 35 pour la seule capitale du Gabon.
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