Dans un contexte où l’urgence climatique se fait de plus en plus pressante, les méthodes traditionnelles de diplomatie semblent en décalage avec les besoins immédiats des pays en développement comme le Gabon. Dans le podcast écologique LIMIT, Laurent Testot, lauréat du prix de l’Académie française pour la promotion du respect de l’environnement, a souligné cette dissonance en déclarant : «Le temps long de la diplomatie n’est pas en phase avec le temps de l’urgence climatique». Adrien N’Koghe-Mba*revient, dans cette chronique, sur les conclusions décevantes de la réunion préparatoire de la COP29 à Bonn, en Allemagne, et appelle à des actions plus rapides et concertées pour affronter cette crise globale.

«Le temps long de la diplomatie n’est pas en phase avec le temps de l’urgence climatique.» – Laurent Testot. © GabonReview

 

Récemment, dans le podcast écologique LIMIT, le lauréat du  prix de l’Académie française Léon de Rosen (2018) pour la promotion du respect de l’environnement, Laurent Testot, déclara : « Le temps long de la diplomatie n’est pas en phase avec le temps de l’urgence climatique ». Il est donc vital pour des pays en développement comme le Gabon de reconnaître que la diplomatie classique, avec son rythme lent, n’est plus suffisant pour faire face à l’urgence climatique. Pour répondre efficacement à cette crise existentielle, il est crucial d’explorer des pistes parallèles et complémentaires à la diplomatie traditionnelle. Les conclusions de la récente réunion préparatoire de la COP29, qui s’est tenue à Bonn en Allemagne du 5 au 13 juin 2024, ne font que renforcer cette idée.

À Bonn, les négociations ont stagné, laissant les 6 000 délégués déçus et frustrés. Les pourparlers ont été marqués par des désaccords financiers entre les pays du Nord et du Sud, un schéma récurrent mais d’autant plus alarmant à l’approche de la COP29, prévue du 11 au 22 novembre prochain à Bakou en Azerbaïdjan. Les discussions sur le financement climatique, en particulier sur le montant de la nouvelle enveloppe destinée aux pays en développement, n’ont pas abouti. Les propositions du groupe Afrique, de l’Inde et des pays arabes, qui visaient entre 1 000 et 1 300 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030, ont été fermement rejetées par les pays développés.

Ce blocage reflète une incapacité à agir de manière concertée face à une crise commune. Comme l’a souligné Alden Meyer, membre d’E3G, un think-tank ou un groupe de réflexion sur le changement climatique et “ vétéran” des COP, « les négociateurs n’agissent pas comme si nous étions dans une crise climatique : ils se montrent du doigt et disent ‘votre côté du canot de sauvetage est en train de couler’, sans comprendre que l’on est tous sur le même bateau ». Cette citation illustre bien le manque de compréhension et de coopération nécessaire pour faire face à une menace globale.

Les enjeux sont d’autant plus importants que des événements nationaux, tels que les élections présidentielles américaines prévues pour le 5 novembre, pourraient perturber les décisions cruciales. La Chine, par exemple, attend les résultats de ces élections avant de s’engager fermement sur les questions climatiques. Cette attente est problématique car la COP29 débutera peu de temps après, laissant peu de marge pour des négociations efficaces et des décisions rapides.

La situation à Bonn est un signal d’alarme : le monde ne peut plus se permettre d’attendre. Les impacts du changement climatique sont déjà visibles et affectent gravement les populations, en particulier dans les pays du Sud. L’inaction et les retards diplomatiques mettent en péril notre capacité à limiter les effets destructeurs du réchauffement climatique.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire