Une pilule trop grosse
Indignation hémophile face à la récente nomination, puis rejet par suite du tollé de l’opinion, d’un sujet de nationalité étrangère à la tête d’une entreprise publique gabonaise et presque de souveraineté nationale. Dénonçant la domination étrangère et la complicité des dirigeants gabonais corrompus, la chronique d’Abslow clame et déplore le manque de fierté de ceux-ci, non sans les accuser de trahir le peuple à travers la livraison de leur pays à des rastaquouères.
J’ai scruté et sondé attentivement l’actualité à travers la toile et l’opinion publique et je dois dire que je n’avais jamais vu pilule aussi difficile à avaler que la nomination d’un sujet sénégalais à la tête d’une entreprise nationale gabonaise. On a atteint un nouveau palier.
Pour une fois, même les PDGistes les plus zélés n’ont pas voulu avaler cette couleuvre, comme ils savent si souvent le faire. C’est un énième acte de braderie de ce qui nous reste encore de pays. Parce qu’il faut bien se rendre à l’évidence que le bled ne nous appartient plus.
Il est devenu la propriété des étrangers qui en ont pris les rênes et qui se font désormais un point d’honneur de conquérir et d’acquérir la moindre parcelle de terre, de pouvoir et d’influence qui ne leur est pas encore acquise et que leur permettent leurs positions dominantes.
La vérité est que le pouvoir au Gabon est désormais partagé entre une poignée d’autochtones gabonais qui sert de laquais à une puissante légion étrangère dont les représentants se sont emparés des sphères décisionnelles dont l’épicentre se situe à la Présidence de la République, et dont l’autorité s’impose à tous les autres niveaux décisionnels. Tel que ce gouvernement ectoplasmique, à l’efficacité contestée du fait de moyens limités, de résultats mitigés, d’une gouvernance décriée, d’une absence d’autorité, d’un manque de crédibilité, caractérisés par sa gouvernance décriée, qui dispose d’une marge de manœuvre étroite face à cette légion étrangère surpuissante.
Si les Gabonais pouvaient être encore plus solidaires et plus unanimes dans l’indignation, la ‘conspuation’ face à la conspiration de leurs dirigeants devant la mise à l’écart des Gabonais dans la gestion de leur pays, il y aurait de fortes chances qu »ils arrêtent de nous prendre pour des c…, ces gens.
Mais notre malheur naît de ce qu’on se couche devant ces dirigeants corrompus à qui on prête bien trop de qualités. Ils ont depuis longtemps plié l’échine et abdiqué devant les étrangers devenus maîtres de la situation. Ils redoutent que les Gabonais se lèvent et leur fassent payer leur lâcheté par un soulèvement populaire.
En attendant que la digue cède, ils ont juste réussi à nous dégoûter d’être de si parfaits exécutants de ces étrangers qui ont pris le pouvoir dans notre pays et qui font d’eux les complices de la conspiration contre leur propre peuple, à qui ils ont tourné le dos pour plaire à leurs maîtres étrangers.
Comment ces laquais engoncés dans des costumes-cravates dorment-ils du sommeil du juste le soir venu ? Sont-ils fiers devant leurs enfants ? Et ceux-ci sont-ils fiers d’eux ? Sont-ils encore des hommes dans leurs caleçons ? Lequel d’entre eux, une fois dépouillé des attributs du pouvoir dont ils s’enorgueillissent, porterait fièrement sa tête sur ses épaules ? Aucun, c’est certain !
Ils se répandraient comme tous leurs prédécesseurs déchus dans les chaumières, avec cet air de chiens battus qu’ils acquièrent une fois éjecté de la table par leurs maîtres, qu’ils ne voyaient rien, ne géraient rien et ne décidaient de rien. Ils exécutaient des ordres dont l’objectif était de vendre une part de leur pays aux étrangers qu’ils servent.
ABSLOWMENT VRAI !
.
3 Commentaires
C’est toujours un immense plaisir de lire vos chroniques à chaque fois que j’en ai l’occasion. J’ai toujours à l’esprit ce doux rêve de voir mon pays débarrassé de tous ces fossoyeurs au sommet de l’état ainsi que leurs complices et valets autochtones.
Un jour nouveau viendra!
Bonjour Monsieur Abslow,
Si on avait une académie des Lettres, alors il aurait fallu que nous en fassiez partie. Comme Philippe Mory. De son vivant déjà. Vos écrits participent à « l’éclairage public ». A la construction des âmes. Ils sont un sas de décompression. Tant la vie dans notre pays est anxiogène. Pire, stressante.
Au final, votre paper review nous renvoie la fable de la Fontaine: le loup et le chien. La morale de cette fable se résume ainsi: Mieux vaut être pauvre et libre que riche et esclave dans une cage dorée.
Bonne continuation.
Malheureusement c’est le genre de manifestation qui n’est que trop isolé dans le pays même lorsqu’on est privé de nos droits les plus fondamentaux. A l’air du numérique on ne doit plus seulement craindre de descendre dans la rue au risque de faire canarder alors qu’un simple hashtag fait bouger les choses ailleurs