Un an de lutte contre la vie chère au Gabon : Bilan et perspectives
Face à une inflation mondiale galopante, le Gabon a déployé une stratégie pour protéger le pouvoir d’achat de ses citoyens. Un an après la mise en place du gouvernement de transition, le ministère de l’Économie et des Participations dresse un bilan encourageant de sa lutte contre la vie chère. L’analyse des 365 premiers jours de Mays Mouissi à la tête du ministère révèle un arsenal de mesures novatrices, allant de baisses de prix spectaculaires à des initiatives structurelles prometteuses. Si les résultats immédiats sont tangibles au niveau des chiffres, des défis importants persistent pour une économie qui continue d’évoluer et de s’adapter.
Dans un contexte économique mondial marqué par une inflation galopante, le gouvernement de transition gabonais a démontré une réactivité remarquable en déployant un arsenal de mesures visant à préserver le pouvoir d’achat des ménages. Un an après sa mise en place, le ministère de l’Économie et des Participations dresse un bilan 2023-2024 qui révèle une approche multidimensionnelle aux effets prometteurs, bien que non dénuée de défis.
Des baisses de prix spectaculaires : un soulagement immédiat pour les consommateurs
Au cœur du dispositif anti-inflation, la baisse des prix de six produits alimentaires de grande consommation se distingue par son ampleur et son impact direct sur le panier de la ménagère. La viande de bœuf, le porc, la volaille et certains poissons ont vu leurs prix plafonnés, avec des baisses allant jusqu’à 18,3% pour les cuisses de poulet. Cette mesure audacieuse apporte un soulagement immédiat aux consommateurs, augmentant significativement leur pouvoir d’achat sur ces denrées essentielles.
L’effet multiplicateur de cette initiative ne saurait être sous-estimé. En stimulant la consommation, elle pourrait engendrer un cercle vertueux pour l’économie gabonaise, soutenant l’activité dans le secteur agroalimentaire et potentiellement créant des emplois. Toutefois, la pérennité de cette mesure et son impact à long terme sur les marges des commerçants et la chaîne d’approvisionnement méritent une attention particulière.
L’huile de palme raffinée, produit phare de la cuisine gabonaise, a également bénéficié d’une réduction substantielle, pouvant atteindre 2245 FCFA pour une bouteille de 2 litres. Cette intervention ciblée sur un produit à forte valeur symbolique illustre la finesse de l’approche gouvernementale. Au-delà de l’aspect économique, cette mesure pourrait encourager une alimentation plus équilibrée pour les ménages à faibles revenus, tout en soutenant la filière locale de production d’huile de palme.
Le secteur du bâtiment n’est pas en reste, avec des baisses significatives sur le ciment (10%), le fer à béton (jusqu’à 16,7%) et les matériaux de carrière (jusqu’à 31% pour le gravier). Audacieuse, cette initiative visait à dynamiser un secteur clé de l’économie, potentiellement créateur d’emplois et facilitateur d’accès au logement. L’enjeu réside désormais dans la capacité des producteurs à absorber ces réductions sans compromettre la qualité de leur production ou leurs investissements futurs.
Services essentiels : entre gratuité et réductions tarifaires pour une meilleure inclusion
Le gouvernement de transition a étendu son action au-delà des produits de base, s’attaquant aux coûts des services essentiels. Le maintien de la gratuité des fournitures d’électricité et d’eau pour les abonnés sociaux, pour un coût avoisinant les 500 millions de FCFA, témoigne d’une volonté politique forte de protéger les plus vulnérables. Cette approche, si elle est maintenue et bien ciblée, pourrait significativement améliorer les conditions de vie des ménages les plus modestes, favorisant ainsi l’inclusion sociale et réduisant les inégalités.
Dans le domaine de la mobilité, la baisse du prix des billets d’avion pour les vols domestiques et la réduction du prix du billet de train représentent une dépense fiscale d’environ 246 millions de FCFA. Ces mesures audacieuses pourraient avoir des retombées positives multiples : stimulation du tourisme intérieur, facilitation des échanges commerciaux entre provinces, et contribution au désenclavement de certaines zones. À long terme, elles pourraient favoriser un développement économique plus équilibré du territoire gabonais.
L’ensemble de ces nouvelles mesures représente un investissement conséquent de 6,317 milliards de FCFA, réparti, selon les chiffres du rapport du ministère de l’Économie et des Participation, entre réparti entre l’État (3,314 milliards), les organismes publics (2,739 milliards) et les collectivités locales (263,491 millions). Si la question de la soutenabilité budgétaire de ces interventions dans un contexte économique déjà tendu se pose légitimement, ces chiffres soulignent l’ampleur de l’engagement du gouvernement de la transition. Il faut croire et parier que cet investissement aura un effet multiplicateur sur l’économie en stimulant la demande intérieure.
Une stratégie à long terme en construction : vers une approche durable
La prorogation de la mercuriale des prix jusqu’en juin 2024 et l’élaboration d’une nouvelle mercuriale comptant 102 produits démontrent également la volonté du gouvernement d’inscrire son action dans la durée. L’intégration de produits du terroir et de matériaux de construction dans cette liste élargie témoigne d’une approche holistique de la problématique du coût de la vie. Cette stratégie anticipative pourrait encourager la production locale et réduire la dépendance aux importations, contribuant ainsi à bâtir une économie gabonaise plus résiliente et diversifiée.
L’organisation de la première édition de la Foire aux Poissons en juin 2024, offrant 120 tonnes de poissons à un prix unique de 800 FCFA le kilo, illustre la recherche de solutions innovantes pour rapprocher producteurs et consommateurs. S’il n’est pas sûr que cette foire se renouvèlera ainsi que l’ont souhaité de nombreux ménages, l’initiative pourrait non seulement améliorer l’accès à une alimentation de qualité pour les consommateurs, mais aussi soutenir les pêcheurs locaux en leur offrant un débouché direct. Elle pourrait également servir de modèle pour d’autres filières, favorisant ainsi le développement de circuits courts bénéfiques à l’économie locale et à l’environnement.
Des avancées significatives, mais des défis à relever
L’arsenal déployé par le gouvernement de transition gabonais contre la vie chère témoigne en tout cas d’une volonté politique forte et d’une approche diversifiée. Si aucune évaluation de leurs retombées n’a été réalisée, ces mesures apportent logiquement un soulagement immédiat aux ménages et ont le potentiel de stimuler plusieurs secteurs clés de l’économie. Leur efficacité à long terme et leur impact sur le tissu économique restent cependant à évaluer rigoureusement.
Le véritable défi pour les autorités sera de concilier ces interventions à court terme avec des réformes structurelles visant à renforcer la compétitivité de l’économie gabonaise et à réduire durablement le coût de la vie. La transition d’une politique de contrôle des prix vers une stimulation de la production locale et une amélioration des chaînes d’approvisionnement pourrait constituer la prochaine étape cruciale dans cette lutte contre la vie chère.
Si ces mesures sont accompagnées d’investissements stratégiques dans l’éducation, la formation professionnelle et les infrastructures, elles pourraient jeter les bases d’une croissance économique plus inclusive et durable pour le Gabon. Le gouvernement de transition a posé des jalons importants ; l’enjeu est maintenant de transformer ces initiatives en un modèle de développement économique pérenne et équitable pour tous les Gabonais.
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