Le turbulent Monsieur Moubamba
Il fait l’actualité depuis le début de l’année. Il tient à dire ce qu’il pense sans langue de bois. On dit qu’il va sur des terrains glissants, mais ses proches affirment que quand il s’agit du Gabon, BBM (Bruno Ben Moubamba) ne connaît ni «la sacro-sainte obligation de réserve», ni la fameuse «solidarité gouvernementale». Avec ce courage, ce culot et ce brin de folie qui le caractérisent, l’actuel vice-Premier ministre suscite des questionnements, des fantasmes, voire de l’admiration chez certains, mais il sait aussi se montrer «raisonnable» vis-à-vis de sa hiérarchie… Courageux, ma non troppo !
© Jérôme Senyarich- Edot
Bruno Ben Moubamba, 50 ans, est celui dont on parle le plus au gouvernement. S’il est celui qui fait le plus parler de lui, ce n’est pas toujours là où on le croit, pas toujours au sujet de son action ministérielle. Il se signale plutôt dans d’autres «sphères», sur d’autres thèmes. Mais il est digne d’intérêt, parce que, à la différence de ses devanciers, il tient à s’exprimer sans langue de bois, il tient à garder sa liberté de parole.
Depuis 1990 et la formation des gouvernements d’ouverture, marqués par les arrivées de Simon Oyono Aba’a, Jean-Baptiste Obiang Etoughé, Moubamba Nziengui, Serge Mba Békalé, Max Rémondo, Max Mébalé, Marc Louis Ropivia, Thomas Didyme Ndzé, Bernadette Nguemah Ondo, puis plus tard, Paul Mba Abessole, Blandine Mbadinga, Vincent Moulengui Boukossou, Pierre Amoughé Mba, Alain-Claude Bilie-by-Nzé, puis plus tard encore, Sylvestre Ratanga, Paul Bunduku Latha, Matthieu Mboumba Nziengui, et, aujourd’hui, Jean-Olivier Koumba Mboumba… jamais un membre du gouvernement issu des rangs de l’opposition n’avait autant marqué sa singularité, en faisant connaître, «à haute voix», ses points de vue personnels, ses désaccords, voire ses frustrations ! Ses devanciers s’étaient plutôt tous «mis dans le moule», dans le «tais-toi et bouffe». Ceux-ci n’avaient plus d’opinion à exprimer et acceptaient d’avaler les couleuvres, toutes les couleuvres.
Singularité
Le néoquinquagénaire a, lui, marqué sa différence sur divers sujets, sur la crise qui ronge le secteur de l’éducation, où il a dû en arriver à échanger quelques «amabilités» avec le porte-parole du gouvernement. Il vient encore de le faire sur la mise en place du Comité ad hoc chargé de la préparation du dialogue politique qu’organise l’Exécutif en mars prochain si l’agenda n’en venait pas à être changé. L’ancien vice-président de l’Union nationale (UN) et ancien président de l’Union du peuple gabonais (UPG – canal Awendjé) a aussi mille fois réaffirmé qu’il était venu au gouvernement pour rendre service à la Nation au moment où celle-ci connaît un déchirement sans précédent de son tissu social, et en dépit des menaces qui pèsent sur sa sécurité personnelle, précisant au passage qu’il ne tient pas à rester au gouvernement coûte que coûte, ad vitam æternam… Une parole libérée qui a parfois pu choquer. Ce féru des nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui s’exprime à longueur de journée sur Facebook et Twitter, cultive brillamment son image de patriote responsable, de nouveau militant de la paix ; bref, tout l’opposé du «dispositif ambiant» ! Peut-être est-il en avance sur son temps, comme le pensent ses admirateurs !
Le personnage plutôt que l’action
Mais le leader de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR) a aussi montré ses limites. Ainsi, pour l’instant, on voit davantage le personnage que l’action. Le personnage et son style focalisent en effet l’attention, mais pas son activité au sein du gouvernement. Où en est donc le dossier de la construction des logements sociaux ou autres ? Les Gabonais veulent des maisons. Ils veulent vivre dans des conditions décentes. Où en est l’urbanisation des grandes villes ? Y a-t-il vraiment un pilote dans l’avion Habitat-Urbanisme ? Pendant que les villes modernes comme Paris, Londres, Abuja, Abidjan et Malabo se projètent déjà vers les trente prochaines années en dessinant leur avenir, comment, lui, voit-il Libreville, Port-Gentil, Franceville, Oyem ou Mouila dans vingt ans ? Sur toutes ces questions, motus et bouche cousue. Incompétence ? Panne d’idées ? Manque de stratégie sur le secteur ? En tout cas, côté ministère, BBM ne semble pas, depuis 150 jours, avoir trouvé son rythme de croisière.
Ensuite, il s’est trompé, parce qu’il a cru qu’ayant été nommé vice-Premier ministre, il est le chef du gouvernement adjoint, et qu’il peut à loisir, à ce titre, donner des instructions à qui il veut au sein de l’équipe gouvernementale et se mêler de tout. Ce sentiment est largement partagé au sein de l’équipe Issoze Ngondet : «Moubamba se croit, souligne un ministre, chef adjoint du gouvernement, alors qu’il n’est que ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Habitat social, avec la qualité de vice-Premier ministre ; il est dommage qu’il ne l’ait pas compris, mais peut-il seulement le comprendre». Certains ministres moquent son arrivée à ce poste et affirment, hilares, qu‘«avec 0,53% seulement à l’élection présidentielle, BBM est VPM, mais s’il avait eu 1%, serait-il devenu PM ?». La mécanique de sa destruction semble ne s’être pas encore enclenchée, mais l’aventure de cet homme controversé sur les réseaux sociaux est, semble-t-il, vouée à l’échec, «même si un siège de député l’attend à Moabi».
Euphorique comme un gamin à Paris
Par ailleurs, ses prises de position «manquent de souffle pour s’imposer comme des signaux forts», du fait, souvent, d’opérer par rétropédalage. Comme ce 20 février sur sa page Facebook, lorsqu’il affirme mettre son carnet d’adresses à la disposition de «son» président de la République afin que son dialogue politique soit crédible. Euphorique comme un gamin parce qu’il a pu obtenir des entretiens avec des responsables de l’opposition française (Jean-François Copé, Rama Yade et Nathalie Kosciusko-Morizet), il estime que son carnet d’adresses est plus efficace que celui de Jean Ping. Cela relève, de toute évidence, du constat flatteur et de la supplique. Un réel rétropédalage comme d’autres auparavant. D’autres diraient qu’il sait se montrer raisonnable, et ne pas franchir la ligne jaune. Trois jours auparavant, il dénonçait en effet la composition du Comité ad hoc mis sur pied pour ce dialogue qui, a-t-il martelé, ressemble «pour l’instant» à une réunion du «Comité central du PDG», avec tous ses barons actuels et d’antan rassemblés autour de la table. Courageux, BBM ? Oui, mais pas trop…
De même, lorsque, fin-décembre dernier, il a faisait expulser des squatters d’Alhambra et de Bikélé, il préféré quitter Libreville avant cette opération menée par les forces de l’ordre sous la conduite des magistrats. Et lorsqu’il prend une note de suspension d’un directeur général d’une entreprise publique dont il assure la tutelle, il préfère se rendre à Paris dès le lendemain «pour ne pas affronter le regard de celui-ci», selon le mot d’un journaliste. Mais, au sujet de cette mesure de suspension est rejetée pour «vice de forme» par le directeur général concerné, juriste de formation… Suspendre un directeur général dont la gestion fait l’objet d’une enquête n’ayant pas encore rendu ses conclusions, il faut le faire ! Méconnaissance de l’administration et de ses us et coutumes ? Simple erreur de débutant ? L’opinion en est à s’interroger sur les capacités réelles du titulaire du portefeuille de l’Habitat…
0 Commentaires
Les grands diseurs, ne sont pas les grands faiseurs.
Moubamba est un tonneau vide qui fait du bruit. Qu’il nous construise des logements et qu’il concrétise son ordre urbanistique, c’est son job à présent. Le reste on s’en fout.
Oui effectivement le reste on s’en fout. Que ce Mr qui avait déclaré haut et fort la fin du mapane construise maintenant des logements.
Vos propos FM et Emeno ressemblent à de la mauvais e foie
Grand mange seulement! ne parle pas, notre peuple est habituer de subir des apprentis sorciers comme toi.
Bravo à David Makoumba Dissumba pour cet article bien équilibré qui révèle la sorcellerie de Moubamba.
Oui excellent article qui décrit bien les incohérences de Moubamba.
Un siège de député l’attend à Moabi ? Ah bon ? Va-t-il battre le candidat de l’ARENA de Richard Moulomba Mombo ?
Mr mouboumba et Mr Ping sont tous pareils : ils leur faut un occidental pour juger leurs faits et gestes.
Ils font une guerre de carnet d’adresse. Quelle petitesse de la part de ces politiciens corrompus et incompétents qui ont toujours besoin de l’attention Blanc . Ils continuent à transmettre aux gens au Gabon et partout en Afrique l’idée selon laquelle il faut aller en Occident pour être bien.
Incohérence quand tu nous tiens!!! Moubamba affirme que le comité ad-hoc qui prépare le dialogue politique ressemble au comité central du PDG; pourtant il est représenté dans ce comité par son 1er Secrétaire Politique en la personne de Roger Mouloungui qui est en même temps son Directeur de Cabinet au sein de son cabinet ministériel. Allez-y comprendre!
Le turbulent Monsieur Moubamba, faisons attention de l’excitation du vice-Premier ministre gabonais qui est fort intelligent mais oublie fortement les règles de base d’un gouvernement souverain comme celui dont il est membre. Et même s’il s’agit d’un gouvernement d’union nationale ou de large consensus on ne peut pas agir de la façon que fait cet homme fort intelligent. Il vient d’un petit parti non connu par le Gabon profond et il veut faire le jeu de la sorcière en hissant son parti comme voix résonnante de l’opposition qui ma foi à humilié Jean Ping du même bord que lui en reconnaissant plutôt Ya Ali comme principal gagnant des élections de 2016 et aujourd’hui, il veut compliquer les choses à celui-ci dans son gouvernement ? Mais de quel côté est-il ? Est-il en même tant oiseau et écureuil ou tout simplement un démon.
Ici le problème ce n’est pas « Quand il s’agit du Gabon » mais plutôt du Code d’éthique et de déontologie des membres d’un gouvernement comme celui-ci. Sait-il ce code au Gabon? Sauf si le Gabon est un pays de banane mais je n’y crois pas. Car Monsieur Moubamba joue le jeu de la sorcière au Gabon. Il à raison pour un gouvernement affaibli par le manque de légitimité de Ya Ali c’est fort regrettable ! Car le but d’un code d’éthique et déontologie d’un gouvernement comme celui du Gabon est d’affirmer « Les principales valeurs » auxquelles aucun membre ne peut se déroger. Ya Ali aujourd’hui ne pourra pas émettre les fonctions de celui-ci de peur de tomber encore ci bas. Mais Monsieur Moubamba fantasme et fait de l’admiration des clochards et non de la mouvance des intellectuels gabonais qui savent comment fonctionne un réel gouvernement. Un gouvernement c’est un organe politique et moral qui n’a besoin des petits délinquants comme Monsieur Moubamba. Je ne suis pas pedegiste mais je ne conçois pas que quelqu’un comme Monsieur Moubamba vol la vedette à Ya Ali même si celui-ci l’a volé à Ping. La singularité politique dont il fait usage est d’bord l’objet de partisannerie qui est un monopole des partis et non d’un membre d’un gouvernement au service de l’État. La différence qu’il démontre sur divers sujets on la marque comme Ping au delà de la mêlée. C’est-à-dire hors d’un cadre d’un Gouvernement. Et cela précisément dans l’opposition officielle qu’il devrait faire ces genres de comportement. Mais s’il croit qu’il vol la vedette à Ya Ali il se trompe, car Ya Ali l’attend au tournant. L’animal oublie le piège mais le piège n’oublie jamais l’animal. L’action qu’il mène en ordre dispersé on doit la mener dans l’ordre commun du travail de tous les membres d’un gouvernement aux enjeux gouvernementaux et non en ordre dispersé comme il le fait. C’est une honte pour son parti politique. Et en même temps, il outrepasse le cadre de ses fonctions. Aujourd’hui il nous fait comprendre que s’il devenait éligible à la place de Ya Ali, il sera plus dictateur que celui-ci. VOILÀ UN AUTRE DICTATEUR AU GABON.
Euphorique comme un gamin à Paris c’est quoi c’est ça ? Si tu veux ton tour attends quand tu seras élu. Ses prises de position «manquent de souffle pour s’imposer comme des signaux forts, c’est comme s’il n’a pas fait la bonne école. Car le fait d’être diplômé ne nous donne pas le droit ou la capacité de gouverner. Car il devrait apprendre sur la longévité politique Albert Bernard Bongo. Cet homme est un cochon politisé qui nous vend du vent et pire un chien qui retourne à ce qu’il a vomi, ainsi est un insensé qui revient à sa folie en croyant être au dessus de Jean Ping. Je crois que le gouvernement de Ya Ali doit lui mettre à la porte. Car c’est un mauvais disciple à ce gouvernement.
Révérend pasteur Israël Nahum
Il aurait mieux réussi dans la prêtrise.c’est ce qu’il voulait d’abord faire dans sa jeunesse.
Pierre Mamboundou qualifiait Moubamba d’opportuniste ! Il fait dans la prédication, l’agitation, la provocation et n’a aucune dimension politique ! Cet homme est dangereux : il est dans le « Je » et pas dans le « nous » ! Sa posture est plus celle d’un prédicateur d’une église éveillée qu’un homme compétent au service de son peuple ! Une sorte d’escroc ! un beau parleur ! Un tonneau vide qui fait du bruit ! Prédicateur dictateur !!!
50 ans dites-vous ? Bof c’est clair maintenant, c’est la crise de la cinquantaine ! Ça lui passeras…
Apprenti sorcier, il n’a jamais de sa vie travailler, exercer une quelconque responsabilité. Son carnet d’adresses c’est Rama Yade, Copé et Koscimo Maurizet, quelle notoriété ? Le ridicule de Moubamba ne tue pas.
Quand on est dans un gouvernement, on ferme sa gueule ou on démissionne – après avoir fait la grève de la faim, dénoncer le pouvoir dictateur, le voilà qui partage ce pouvoir. Où est la cohérence, où est le respect des convictions. L’avenir nous édifiera