Dans un Gabon en pleine transition, une voix s’élève pour une réforme économique ambitieuse. L’ancien député Adrien Nkoghe Essingone appelle à développer une économie robuste et équitable, où les Gabonais auraient une plus grande participation dans les secteurs stratégiques. Sa tribune invite le Comité de Transition à mettre en œuvre des mesures concrètes pour un «Gabon nouveau», alliant souveraineté économique et inclusivité.

«Le pays doit donner naissance et favoriser une caste de petits porteurs, des entrepreneurs financiers différents des entrepreneurs de l’économie réelle qui interviendront dans le tissu économique national.» © Gabonreview

 

Adrien Nkoghe Essingone, ancien Député à l’Assemblée nationale, ancien ministre de l’Habitat, du Cadastre et de l’Urbanisme. © D.R.

À un moment où l’espace médiatique national est préoccupé par l’exégèse des 1000 recommandations fort pertinentes du Dialogue National Inclusif (DNI), entre autres, le débat sur le régime présidentiel, il est pertinent de parler ou de commenter les propos du Président de la Transition lors du Conseil des Ministres du 25 juin 2024 dernier. Il a été dit que le Conseil des ministres a réitéré l’engagement du Gouvernement et du Comité de Transition et de la Restauration des Institutions (CTRI) à poursuivre leurs efforts inlassables pour le bien-être des Gabonais, à mon avis corollaire de la mise en place d’une économie robuste et florissante, ce qui peut paraître anachronique.

Comme rappelé dans une précédente tribune, je réitère ma ferme conviction et sans relâche que seule une économie robuste et florissante, dont les fruits sont équitablement partagés entre les Gabonais, transformera profondément le pays, c’est-à-dire permettre le mieux être ensemble plutôt que des postures notamment de bien se tenir et de bien parler aux micros et devant les caméras parfois loin de toutes vérités. L’économie est vraie, concrète et vécue. Le Gabon possède des matières premières critiques très demandées par des pays industrialisés avec une population encore faible. Il convient tout simplement de mettre en place une gouvernance efficace avec une impunité zéro. Ne dit-on pas que la politique divise et l’économie unit ? Pour cela, les 2,5 millions de Gabonais, y compris les politiques, doivent avoir le courage de regarder la réalité en face et de reconnaître la vérité : aucun développement inclusif, objectif de tous partis politiques aujourd’hui porteurs de mieux-être pour tous et chacun, n’est possible si le capital national n’est pas présent dans les secteurs stratégiques et de souveraineté, voire dans tous les secteurs d’activités.

C’est pourquoi le CTRI doit relayer la nouvelle réforme économique, l’appropriation par la négociation basée à la fois sur le droit de préemption et le droit de préempter, fruit du Président de la Transition. Indépendamment de la primauté de l’État, le CTRI devrait déployer des solutions pour aider les Gabonais à prendre des participations au sein des entreprises, notamment celles évoluant dans les secteurs à forte valeur ajoutée et à rentabilité immédiate. Nos partenaires économiques, dans le cadre du concept aujourd’hui bien compris et accepté du « gagnant-gagnant« , doivent comprendre que le pays ne doit plus s’aliéner ou s’offrir à une nouvelle domination de l’extérieur.

En l’écrivant ici, je le dis en toute conscience et sans crainte : l’énergie, les transports, les télécommunications, les matières premières critiques, les banques sont au cœur de l’environnement des affaires. L’État, dans le cadre de la nouvelle réforme économique, au-delà de son pouvoir de régulateur, doit aujourd’hui pouvoir y conserver une certaine marge de manœuvre. Et la communauté nationale, c’est-à-dire les nationaux, doivent conserver une influence. Le pays doit garder une autonomie d’action et toute la capacité à inventer son propre avenir. Il faut désormais éviter tout processus qui est mené de façon exclusive, loin du regard des citoyens et sans apport du capital national.

À ce sujet, je souhaiterais être édifié sur le processus de l’augmentation du capital social de 18 milliards de FCFA de l’ancienne BICIG devenue AFG Bank Gabon au capital social de 54 milliards de FCFA le 25 juin 2024.

Aussi, voudrais-je humblement suggérer au CTRI d’engager une stratégie d’introduction du capital national dans les entreprises. Le CTRI, qui incarne l’État depuis le coup de la libération, est le premier employeur dans le pays. J’attire également l’attention sur le fait qu’une bonne partie des compatriotes susceptibles de donner corps à cette stratégie sont des fonctionnaires. Or, l’alinéa 2 de l’article 66 de la loi numéro 001/2005 du 4 février 2005 portant statut général de la Fonction Publique leur interdit de faire du commerce.

C’est à ce niveau que la nouvelle Autorité devrait faire preuve de tout son savoir-faire innovant, au demeurant que j’assimile à un homme d’Etat dont la seule préoccupation est de faire des réformes structurelles fussent telles au départ impopulaires en vue de doter le pays de réformes solides et innovantes pour des besoins nouveaux avec des règles nouvelles. Par exemple, la création d’un fonds d’avance de prise de participation dans les entreprises dont les règles de fonctionnement seraient basées sur des mécanismes à inventer. Plus que jamais, le pays doit donner naissance et favoriser une caste de petits porteurs, des entrepreneurs financiers différents des entrepreneurs de l’économie réelle qui interviendront dans le tissu économique national. Je sais que cette suggestion peut sembler audacieuse, mais elle le sera toujours moins que la domination totale de pans entiers de l’économie nationale.

Sortons de la culture du silence, osons maintenant pour un Gabon nouveau grâce au coup de libération.

Adrien Nkoghe Essingone, ancien Député

 

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. ARNGAUMAULT dit :

    Impulser les gabonais dans le business sain sans tuer les traditionnels opérateurs étranger. L’inclusion des gabonaises et gabonais peut meme se faire par la coopération avec les étrangers en évitant ldes postures d’embourgeoisement.

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