[Tribune] Réformes au supérieur : Cécité volontaire d’un «contre-pouvoir» érigé en «chien de garde»
Comme pour donner la réplique à un éditorial titré «La douche écossaise» et indexant les «infrastructures de formation (…) obsolètes et à l’abandon» de l’École normale supérieure du Gabon, le journaliste politique Kombila – Adjy – Kombile* brosse ici un tableau des enjeux, défis, réalisations et changements en devenir dans le secteur de l’Enseignement supérieur, à travers «la transformation optimale de la gouvernance des Universités, Grandes Écoles et Instituts de recherches» et l’importance accordée à «l’efficacité interne du système, des infrastructures d’éducation, et de la formation des élites»
LE POUVOIR EXÉCUTIF, incarné par l’institution présidentielle et le gouvernement a davantage conscience de cette réalité imparable :
Le Gabon ne peut être digne d’envie en cette ère de globalisation des échanges et de mondialisation des économies sans résoudre durablement la question fondamentale de la Formation des Ressources Humaines de qualité.
De fait, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, du Transfert de technologies, de l’Education nationale, Chargé de la Formation civique, à la tête duquel se trouve le Pr Patrick Mouguiama-Daouda n’a donc guère d’alternative que d’investir énergies et ressources dans la formation et le développement du Capital Humain.
Dans cet élan, la feuille de route reçue du Premier ministre, Chef du gouvernement, Rose Christiane Ossouka-Raponda accorde la priorité dans le secteur de l’Enseignement supérieur à la transformation optimale de la gouvernance des Universités, Grandes Écoles et Instituts de recherches, ainsi qu’à l’efficacité interne du système, des infrastructures d’éducation, et de la formation des élites.
En conséquence, s’y ajoute de toute évidence, l’articulation des programmes d’enseignement général et technologique, en adéquation avec les réalités du monde de l’entreprise. Sans omettre la rationalisation des effectifs du supérieur public, en particulier de l’UOB, au détour d’une politique pragmatique d’orientation, laquelle témoigne du regain de volontarisme de la tutelle à promouvoir des réformes uniques et espérées depuis fort longtemps.
Ces réformes singulières et impactantes peuvent être mesurables à travers l’émergence du Système gabonais d’orientation (SYGOR) et du Secrétariat de l’orientation scolaire, universitaire et professionnel (SOSUP), qui octroient à chaque bachelier un identifiant durant tout son parcours, en cohérence avec l’Agence nationale des bourses du Gabon ( ANBG).
On le reconnaît plus que jamais, d’autant que les enjeux sont à la fois multiformes et d’envergure. A savoir : procéder entre autres, à côté des circuits traditionnels de l’orientation, à l’envoi des bacheliers nationaux boursiers dans les établissements d’enseignement supérieur privés reconnus d’utilité publique, dotés des filières de formation à fort potentiel d’employabilité. Une première !
Qu’à cela ne tienne, le challenge des autorités de l’Etat demeure la création des pôles universitaires d’excellence, véritables creusets devant former des cadres de haut niveau, intellectuellement structurés et techniquement aptes à concevoir et conduire des actions sectorielles de développement socio-économique à l’échelle nationale.
En prélude à l’essor de cette nouvelle donne, la tutelle considère qu’une nouvelle Gouvernance institutionnelle, autant participative qu’efficace, doit être dorénavant le trait marquant de ce renouveau de l’Université gabonaise. A tout le moins, l’instauration immédiate des Conseils d’administration des établissements supérieurs publics et Instituts de recherches en est la preuve édifiante.
Ainsi, cette refondation plausible de l’institution universitaire s’articule autour de plusieurs axes :
Tout d’abord une approche originale de la négociation avec les autorités rectorales, décanales et gouvernementales, pour se démarquer d’une culture syndicale restée trop longtemps figée, avec des acteurs plus ou moins dogmatiques, à l’instar du Syndicat national des enseignants chercheurs (SNEC), avec sa stratégie historique davantage fondée sur la recherche du conflit, afin de sortir du cercle vicieux des grèves infernales et inopérantes, à l’origine d’années académiques naguère morcelées.
POUVOIR DE L’EXEMPLE Ensuite, la prise en compte effective et lucide des efforts consentis par la tutelle pour régler méthodiquement la récurrente question de la régularisation des situations administratives, tel qu’on l’observe justement depuis deux ans. Puis, il y a la valorisation significative de la condition enseignante pour être au rendez-vous d’une Université de pointe technologique, éducative et de génie civile, connectée au monde extérieur…
Tout compte fait, cette vision réformiste louable se veut systémique. Donc sans exclusive !
Malgré un tel investissement, dans un contexte général de « Grand Malentendu » concernant le rôle politique des Médias en Démocratie, on croit savoir, pour le déplorer surtout, que le « Contre-pouvoir » Médiatique, que veut incarner une certaine Presse en Ligne, dépréciée, porté par un « vieil éditorialiste » , Ngoyo Moussavou, en l’occurrence, prompt à se positionner en « Chien de garde » autoproclamé, selon l’expression juste de Paul Nizan, ne l’entend guère de cette oreille.
Méconnaissant volontiers l’autonomie de gestion qui caractérise le fonctionnement des établissements supérieurs publics, et sans recouper l’information, ce dernier s’estime accidentellement fondé à relever que l’École normale supérieure ( ENS) se trouverait exclue de cette orientation politique pourtant intégrative.
Dans un Editorial titré » La douche écossaise », le « doyen » fait ainsi preuve de cécité volontaire, face à la dynamique de réformes impulsées par la tutelle, et traduit en vérité les malaises ambiants d’un secteur profondément mal en point :
Malaise quant à la crédibilité de la parole journalistique, au mélange des genres entre l’information et le divertissement, mais aussi au brouillard entre opinion personnelle et Reportage, jadis fondement du métier de Reporter, prompt à aller au bout de la terre, en quête de vraie information. Hélas !
Autrefois, la personnalité du Pr Patrick Mouguiama-Daouda, à travers son parcours enviable aurait naturellement bien mérité un tel sacrifice professionnel.
Professeur titulaire du CAMES depuis 2010, Enseignant-chercheur à l’UOB depuis 2008, au Département des Sciences du Langage, il a obtenu, très tôt, en France, l’Habilitation à diriger des Recherches.
Toutes choses pétries de symboles. Lesquels lui confèrent incontestablement Le Pouvoir de la compétence en même temps que celui de l’exemple.
Celui-ci l’engage, au fond, à se montrer à la hauteur de la confiance placée en lui par la communauté universitaire et scientifique, ainsi qu’ au sein de l’appareil d’État.
Passé par le cabinet présidentiel, où il était en charge de la Question de l’Education, il est arrivé au gouvernement instruit de cette mission passionnante et réformatrice au profit d’un secteur resté longtemps en souffrance, en grande partie, au plan infrastructurel.
Certes, des investissements ont eu lieu avant 2020. Cependant, si l’on s’en tient aux pré-fabriqués effectués par exemple à l’UOB et tombés en ruines, ces réalisations ont-elles toujours été au niveau des fonds publics engagés par le budget de l’Etat ?
SUCCÈS POLITIQUE. Qu’à cela ne tienne, la tutelle mesure les enjeux véritables d’un renouvellement de ces infrastructures en cette période de crise sanitaire de la COVID-19 propice à l’innovation des pratiques pédagogiques traditionnelles, managériales et technologiques pour juguler les effectifs.
Dans ce domaine, les perspectives d’ensemble sont prometteuses, au regard des réhabilitations engagées des universités du pays, et la construction de nouvelles dans de nombreuses villes à l’horizon 2023.
L’écho de ces réformes spectaculaires, concrétisées en un laps de temps assez court, est retentissant à l’échelle de l’espace des pays membres du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement supérieur (CAMES). Parmi lesdites réformes censées transformer le secteur de l’Enseignement supérieur, en l’impactant fortement, figure la création effective de l’Université Numérique du Gabon (UNG), dont l’ouverture prochaine est imminente. Son avènement souligne l’arrimage de ce secteur au système universitaire international qui mise de plus en plus sur la virtualisation des enseignements, en somme sur l’Enseignement à distance (EAD) en intégrant les NTIC, comme complément indispensable au savoir et à l’aptitude des étudiants.
L’engagement des autorités à favoriser la mise en place d’un Socle Commun de Compétences dans toutes les filières est surtout salué à l’unisson. Tout comme le relèvement inédit du budget de la Recherche à 1% du PIB aujourd’hui, ainsi que la réactivation effective de la Commission pour l’Enseignement supérieur privé. Le Dialogue Politique instauré régulièrement est un exemple de coopération rendant visible la complémentarité entre les secteurs Public et Privé, loin de toute compétition malsaine. Enfin, il a mis une programmation budgétaire en place pour régler le chaos instauré par les recrutements anarchiques des enseignants-fonctionnaires, dont certains sont qualifiés abusivement de « fonctionnaires» de l’Etat, en tant que professionnels de la grève systématique.
Au demeurant, de nombreux établissements privés ( École des Mines de Moanda, Institut du Pétrole de Port-Gentil, Université St-Exupéry de Libreville…) obtiendront leur Reconnaissance d’Utilité Publique en 2022.
Pareils résultats obtenus sur le terrain apparaissent comme une performance politique réelle, portée par le souci partagé au sein du Pouvoir exécutif d’un repositionnement stratégique de l’Université gabonaise en première ligne, en particulier dans l’espace CAMES. C’est ce qu’illustre, objectivement, l’organisation récente, à Libreville, des cérémonies de distinctions dans l’Ordre International des Palmes Académiques (OIPA) du CAMES, dédiées aux personnalités politiques, universitaires et scientifiques nationales qui ont contribué et continuent de le faire, au bénéfice de l’Enseignement supérieur au Gabon et dans ledit espace.
Enfin, quoi qu’en dise ce « Contre-pouvoir » s’érigeant en » Chien de garde » autoproclamé, ce n’est pas une moindre performance politique pour la tutelle. Bien au contraire.
Car un Acte d’une telle portée solennelle et forcément symbolique, rassemblant des personnalités fortes autour d’un idéal d’unité réinventée des forces vives d’un secteur socio-politique en constante ébullition, depuis près de trente ans, est en soi un pari extraordinaire déjà tenu. Et conséquemment un succès politique majeur. Fait plutôt rare dans un environnement miné par de profondes contradictions intellectuelles et partisanes.
*PAR KOMBILA – ADJY – KOMBILE
Journaliste Politique
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