Horripilé par un document télévisuel de Gabon 24, le journaliste politique Kombila – Adjy – Kombile*, déjà publié sur Gabonreview, s’emploie ici à expliciter et justifier la réforme mise en perspective par le ministre en charge de l’Éducation nationale. Il est question de la création d’une «classe intermédiaire» entre l’école primaire et le collège : le cycle  «primaire+» porté par l’idée de mieux préparer l’apprenant au cycle secondaire.

Patrick Mouguiama Daouda : «Nous avons pensé qu’il est nécessaire d’expérimenter ce qu’on a appelé le cycle primaire+. Ce seront des écoles primaires avec une classe de 6e». © Gabonreview

 

Un «Reportage» des plus accidentels diffusé par la chaîne de télévision Gabon 24, portant sur l’éventualité d’une réforme courageuse dans le Premier degré,  » Primaire – Plus » en l’occurrence, sème la confusion au sein de la communauté éducative et vient davantage rappeler l’acuité d’une assertion : le «quatrième pouvoir» médiatique local, qui a tendance à confondre opinion personnelle et reportage, ne peut pas toujours faire comprendre les ressorts de la mondialisation des échanges des systèmes éducatifs, sans s’efforcer d’aller au fond des débats. Qui plus est, ceux-ci relèvent d’une réelle technicité sur le terrain. Dans ces conditions, en effet, il revient donc au «cinquième pouvoir» en ligne de ne pas plonger dans ce «brouillard» médiatique, en recoupant l’information, pour mieux informer sur l’information.

Celle-ci est inhérente à la proposition faite par le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, du Transfert de technologies, de l’Education nationale, Chargé de la Formation civique lors de la cérémonie de restitution, au mois de février, à Libreville, des résultats du programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des Ministres de l’Education de la Francophonie. D’autant que ceux-ci ont révélé les bons résultats du Gabon au cours du PASSEC 2019, le Pr Patrick Mouguiama-Daouda a saisi cette opportunité pour énoncer et ouvrir un ensemble de pistes de réflexion, en réponse aux Recommandations des experts nationaux et internationaux, en vue d’améliorer les performances nationales, pour les prochaines évaluations. L’une des plus importantes d’entre elles concerne fort justement la création d’une classe «Primaire-Plus».

Selon le Ministre, il s’agit d’envisager l’expérimentation d’une classe qui préparerait mieux les élèves au cycle suivant, en évitant les chocs cognitifs et psychologiques que constitue le changement d’environnement, et notamment le passage d’un système d’un enseignant à plusieurs professeurs.

Autant qu’on sache, cette proposition empreinte d’une finesse de compréhension des évolutions systémiques dans le monde de l’Education, ici et ailleurs, intervient au plus fort d’un certain nombre de constats partagés à l’unisson lors de cet événement mémorable.

Primo, le modèle français reproduit à l’échelle nationale en matière d’organisation des cycles est de moins en moins performant. On y trouve un cycle primaire de cinq (5) ans et un cycle secondaire de sept (7) ans. Cela dit, loin d’être universelle, cette organisation n’est donc pas la même dans de nombreux pays qui ont un Premier degré allant jusqu’à sept (7) ans, voire neuf (9) ans et un Second degré plus court.

En Belgique, par exemple, le cycle primaire dure six (6) ans, autant que le cycle secondaire six (6) ans.

De même, en Suisse, à l’école enfantine, la durée au primaire est de huit (8) ans, alors que le cycle secondaire deux (2) qui équivaut au Collège, commence à la 9è année de la scolarisation, laquelle dure douze (12) ans.

Secundo, dans ces systèmes alternatifs, il est envisagé de mettre en place des enseignants uniques jusqu’en 9è année, donc au niveau troisième (3è) du Second degré français.

Tertio, c’est dans cette logique qu’on parle d’Education de base dans un grand nombre de pays, notamment en Afrique de l’Ouest, et qui s’étend de la première année (CP) à la neuvième (9è) année, synonyme de fin du Collège (troisième année).

Quarto, un fort taux de redoublement en sixième (6è) au Collège.

Enfin, des élèves arrivant de plus en plus jeunes en sixième (6è) année au Collège.

 De toute évidence, cette proposition d’une classe «Primaire-Plus», si elle est retenue, nécessitera au préalable des aménagements.

Auparavant, les experts de l’Education et de la CONFEMEN ont salué, à l’unisson, l’exposé argumenté du Ministre en charge de l’Education nationale et la Formation civique. A ce propos, le Pr Patrick Mouguiama-Daouda s’est essentiellement employé à faire valoir l’intérêt d’une organisation des cycles.

Il ne s’agit guère d’ajouter une classe supplémentaire, comme le rapporte volontiers Gabon 24, cédant volontiers au mélange des genres entre divertissement et information, tout en soulignant l’urgence d’un «contrôle de qualité médiatique». En revanche, il s’agit d’organiser les cycles différemment ! Avec un cycle de six (6) années (Nouveau Premier degré) et un autre cycle de six (6) années (Nouveau second degré). Au lieu de cinq (5) pour le Primaire et Sept (7) pour le secondaire.

Il faut le souligner avec force, on est donc strictement sur douze (12) années dans les deux cas, conformément aux Recommandations de l’UNESCO.

Pour autant, la tutelle tient avant tout à corriger, a minima, les faiblesses du système actuel. Nul besoin donc, pour le «cinquième pouvoir» incarné par la presse en ligne de s’engouffrer dans le «brouillard médiatique» volontiers entretenu par Gabon 24. Moins disposé à s’informer sur une réforme dont les pistes de réflexion ont été mentionnées dans un contexte particulier, en présence des Partenaires Techniques et Financiers et des spécialistes de l’Education bien au fait de ces questions pointues, ce media s’illustre par un cruel contresens en privilégiant des informations de seconde main, plutôt qu’une analyse serrée du discours solennel et sans ambiguïté du Ministre.

Pour rappel, il y a deux ans, cette question avait par le Pr Patrick Mouguiama-Daouda devant les syndicats de l’Education nationale sans susciter de polémique stérile.

*PAR KOMBILA – ADJY – KOMBILE

Journaliste Politique

.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. azert dit :

    Arrêtez votre sorcellerie
    Une école sans objectifs ou ambition
    Cette trouvaille règle quel problème ?

    Ou sont les écoles d’élites dans le pays ?
    Quel est l’ambition de notre système éducatif ?

  2. matho dit :

    Et si on revenait simplement à CP, CP2, CE1, CE2, CM1, CM2,en renforçant les programmes et la formation des enseignants en charge des CM?

Poster un commentaire